Le fléau croissant du terrorisme complique les défis sécuritaires de l’Afrique, rendant impératif pour le continent de mettre en place une réponse concertée plutôt que de se concentrer sur l’extinction de flammes épisodiques.
Par Coletta Wanjohi
Les conséquences des attentats terroristes du 11 septembre 2001 perpétrés par le réseau Al-Qaïda n’ont pas seulement brisé le mythe de l’invincibilité tant vantée des États-Unis. Elles ont remodelé la sécurité mondiale, la politique étrangère et la conscience publique. Il a entraîné des guerres, une surveillance accrue et un sentiment durable de vulnérabilité.
En Afrique, le 11 septembre a été ce moment crucial d’introspection dont le continent avait besoin pour ouvrir une fenêtre sur un avenir assailli de défis sécuritaires.
Vingt-trois ans plus tard, de nombreux pays africains vivent le cauchemar.
“La situation en Afrique, en particulier dans la région du Sahel, est mauvaise, certains groupes terroristes intensifiant leurs activités dans la région. Près de la moitié des décès causés par le terrorisme surviennent dans la région du Sahel”, a déclaré Amina Mohammed, secrétaire générale adjointe des Nations unies, lors d’une réunion de dirigeants en avril.
La lutte contre le terrorisme ne se limite pas à l’organisation des ressources et à la mise en place de systèmes de sécurité internes. Il nécessite souvent un soutien géopolitique extérieur important.
“L’insurrection dans la région du Sahel est due à la criminalité organisée, en particulier à la prolifération des armes par le biais de la contrebande. Ce phénomène est plus prononcé dans les pays dont les frontières sont poreuses. La disponibilité des armes accroît l’efficacité des groupes terroristes”, a ajouté Mohammed.
La Somalie en proie à la terreur
En Somalie, le groupe terroriste Al Shabaab, affilié à Al-Qaida, reste le principal obstacle à la paix. Il commet régulièrement des attentats depuis que le président Hassan Sheikh Mohamud lui a déclaré une “guerre totale”.
Le 3 août, au moins 37 personnes ont été tuées lors d’une attaque à l’arme à feu perpétrée par des terroristes sur une plage populaire de Mogadiscio. Le même mois, huit autres personnes sont mortes et plusieurs autres ont été blessées lors de deux explosions dans la capitale, selon un responsable.
Le 4 septembre, Mogadiscio a annoncé qu’au moins 19 terroristes d’Al Shabaab avaient été tués lors de frappes aériennes menées par l’armée somalienne dans les régions du Moyen Shabelle et de Galgadud.
Un mois plus tôt, l’État semi-autonome somalien du Puntland a exécuté dix combattants du groupe terroriste à la suite de leur procès devant un tribunal militaire pour des assassinats et des attentats à la bombe commis dans plusieurs localités.
Les civils sont des proies faciles
Les données du Centre africain d’étude et de recherche sur le terrorisme (CAERT) montrent qu’entre janvier et décembre 2023, les civils ont été pris pour cible dans 1 597 des 2 952 cas de terrorisme documentés sur le continent.
Au total, 1 218 attaques ont été dirigées contre des soldats et des installations de défense, tandis que 89 ont été perpétrées contre des organisations et des services internationaux.
Les 48 autres visaient des dirigeants, des institutions et des infrastructures gouvernementales.
“Dans le bassin du lac Tchad, Daesh-Sahel et Boko Haram poursuivent leur insurrection qui vise principalement les régions du nord-est du Nigeria et du nord du Cameroun. La lutte pour le pouvoir entre ces deux principaux groupes terroristes est devenue l’un des événements concernant la région”, indique un rapport du groupe de réflexion continental Amani Africa.
Si les gouvernements africains se sont engagés individuellement à protéger leurs citoyens des attaques terroristes, ils ont eu du mal à mettre en place des instruments et des ressources solides pour lutter contre cette violence.
Cela souligne l’importance des efforts combinés pour relever les défis du terrorisme et d’autres formes de violence affectant un pays ou une région.
La mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), une initiative multidimensionnelle (militaire, policière et civile) mandatée par le Conseil de sécurité des Nations unies, en est un excellent exemple.
Il en va de même pour l’adoption de la convention de l’Organisation de l’Union africaine (OUA) sur la prévention et la lutte contre le terrorisme en 1999.
La convention, qui est entrée en vigueur le 6 décembre 2002, exige des pays participants qu’ils criminalisent les actes de terrorisme en vertu de leur législation nationale, telle que définie dans la charte.
Les domaines de coopération définis établissent la compétence des États en matière d’actes terroristes et fournissent un cadre juridique pour l’extradition, les enquêtes extraterritoriales et l’entraide judiciaire.
Depuis 2004, d’autres accords ont été signés entre les États membres africains pour lutter contre le terrorisme.
Sauvegarde des droits de l’homme
Les personnes ne sont pas les seules victimes des actes terroristes et des mesures de rétorsion prises par les gouvernements et les agences.
Dans de telles situations, les droits de l’homme sont souvent bafoués. La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples a été créée en tant qu’organe de l’OUA en 1987 et est chargée de veiller à la promotion et à la protection des droits de l’homme et des peuples sur l’ensemble du continent africain.
Il s’agit d’un organe quasi judiciaire. La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), entrée en vigueur le 25 janvier 2004, a ouvert la voie à la création de la Cour africaine de justice.
En 2008, la Cour africaine de justice et la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples ont fusionné pour devenir la Cour africaine de justice et des droits de l’homme, avec deux chambres distinctes.
Bien que les deux agences continuent d’exister, de nombreuses critiques ont été émises quant à leur incapacité présumée à remplir leur mandat et à punir les personnes impliquées dans des actes de terrorisme.
Source: https://www.trtafrika.com/fr