Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva rencontre vendredi à Pékin son homologue Xi Jinping, avec qui il espère renforcer les liens après avoir vivement critiqué la veille le FMI et l’omniprésence du dollar américain.
Le Brésil “est de retour sur la scène internationale”, avait clamé jeudi à Shanghai le dirigeant de gauche de 77 ans, voulant ainsi tourner la page de l’isolement sous la présidence de son prédécesseur d’extrême droite Jair Bolsonaro.
Venu assister à l’intronisation de l’ex-présidente brésilienne Dilma Rousseff (2011-2016) à la tête de la banque des Brics, dont le siège est à Shanghai, Lula en a profité pour fustiger le Fonds monétaire international (FMI), qu’il a accusé d'”asphyxier les économies de pays comme l’Argentine”.
Les Brics sont un groupe de pays émergents qui réunit le Brésil, la Chine, l’Inde, la Russie et l’Afrique du Sud, fondé en 2006, lors du premier passage de Lula à la présidence (2003-2010).
“Aucun dirigeant ne peut travailler avec le couteau sous la gorge parce qu’il est endetté”, a déclaré l’ancien syndicaliste.
Le chef de l’Etat de la première économie d’Amérique latine a également déploré que le dollar américain soit encore utilisé pour la plupart des échanges internationaux.
– “Absence inexplicable” –
“Pourquoi tous les pays seraient obligés de faire leurs échanges en se basant sur le dollar? Qui a décidé que le dollar serait la monnaie (de référence)?” a lancé le président brésilien.
“Aujourd’hui, un pays doit se procurer des dollars pour exporter alors qu’il pourrait le faire dans sa propre monnaie”, a-t-il ajouté.
Fin mars, lors d’un forum économique regroupant plusieurs dizaines de patrons brésiliens en Chine, les deux pays ont noué un accord prévoyant que leurs échanges pourront être effectués dans leur propre monnaie, sans utiliser le dollar.
Deux banques – une de chaque pays – ont été désignées pour réaliser les opérations de change qui permettront à l’exportateur de recevoir dans sa monnaie un paiement fait par l’importateur dans sa devise d’origine.
Ce forum a eu lieu aux dates prévues initialement pour la visite de Lula, qui avait dû être reportée en raison d’une “pneumonie légère” dont souffrait le président brésilien.
Vendredi, Lula, de retour au pouvoir depuis janvier, doit être reçu par le Premier ministre Li Qiang au palais du Peuple à Pékin, avant un entretien avec le président Xi Jinping puis une conférence de presse en début de soirée.
“L’époque où le Brésil était absent des grandes décisions mondiales est révolue. Nous sommes de retour sur la scène internationale après une absence inexplicable”, a assuré jeudi l’ancien tourneur-fraiseur, qui a rendu visite à son homologue américain Joe Biden en février.
– L’Ukraine au menu –
Face à Xi Jinping, Lula veut notamment aborder le conflit en Ukraine.
Les deux pays ont en commun de n’avoir jamais imposé de sanctions financières à la Russie.
Lula espère jouer à nouveau le rôle de médiateur qui avait contribué aux accords nucléaires entre l’Iran et les Etats-Unis lors de son deuxième mandat (2007-2010).
La Chine, elle, est sous une pression internationale croissante pour peser sur Moscou et l’amener à la table des négociations.
Il s’agit de la quatrième visite officielle en Chine pour Lula, qui a entamé en janvier son troisième mandat, pour, avait-il dit lundi avant son départ, “renforcer” la relation du géant sud-américain avec le géant asiatique.
“Je vais inviter Xi Jinping à venir au Brésil pour une réunion bilatérale, pour lui faire découvrir le pays et lui montrer des projets pour lesquels des investissements chinois nous intéressent”, avait-t-il ajouté.
Les échanges commerciaux entre le Brésil et la Chine ont atteint 150 milliards de dollars en 2022, avec 89,7 milliards de dollars exportés par les Brésiliens vers la Chine.
Avant de retourner à Brasilia, Lula se rendra samedi aux Emirats arabes unis, pour une visite officielle d’une journée.