Luis Moreno-Ocampo

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Le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, a déclaré que trois à six personnes feront l’objet d’enquêtes.

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a promis samedi à Abidjan une enquête “impartiale” sur les crimes commis durant la crise post-électorale ivoirienne, qui devrait viser entre trois et six responsables. “Nous serons totalement impartiaux”, a martelé Luis Moreno-Ocampo, arrivé vendredi soir pour une visite de 24 heures, six mois après une crise qui a fait quelque 3.000 morts. “Trois à six personnes feront l’objet d’enquêtes”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. Une “estimation”, a-t-il précisé, ajoutant : “nous ne savons pas de qui il s’agit”. Ses enquêteurs, déjà déployés sur le territoire, “se concentreront sur les crimes les plus odieux et les personnes qui ont les plus grandes responsabilités”, a expliqué le procureur, les autres crimes devant être traités par la justice ivoirienne, une collaboration selon lui inédite.

Après le ministre de la Justice Jeannot Ahoussou Kouadio et le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), l’ex-Premier ministre Charles Konan Banny, Moreno-Ocampo s’est entretenu avec le président Alassane Ouattara, qui en mai avait appelé la CPI à enquêter. Le procureur a aussi rencontré une délégation du Front populaire ivoirien (FPI), parti de Laurent Gbagbo, président déchu détenu dans le Nord depuis avril. “Nous sommes amenés à avoir plus confiance en cette justice qu’en notre justice”, a déclaré le président du FPI, Sylvain Miaka Oureto, souhaitant que la CPI remonte au coup d’Etat manqué de 2002 contre Gbagbo, voire au putsch de 1999. Née du refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir après sa défaite à la présidentielle du 28 novembre 2010, la crise, conclue en avril par deux semaines de guerre, a fait quelque 3.000 morts, épilogue d’une décennie de soubresauts dans cette ex-colonie française naguère stable et prospère.

Les juges de la CPI ont autorisé le 3 octobre Luis Moreno-Ocampo à enquêter sur des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre commis durant les troubles les plus récents, tout en laissant ouverte la porte pour une enquête remontant à 2002. La justice ivoirienne a placé en détention préventive et inculpé – pour atteinte à la sûreté de l’Etat, crimes économiques ou crimes de sang – l’ex-président, son épouse Simone et une centaine de personnalités de leur bord, civiles ou militaires. Hasard du calendrier, un proche de Simone Gbagbo, le commandant Anselme Séka Yapo, en fuite et accusé de graves exactions sous l’ancien pouvoir, a été arrêté samedi à l’aéroport d’Abidjan.

Aucune figure du camp Ouattara n’a encore été poursuivie, alimentant le soupçon d’une “justice des vainqueurs”. Or, pour les juges de la CPI, il y a “une base raisonnable” pour croire que les forces pro-Gbagbo et pro-Ouattara ont commis des “attaques contre la population civile”, en particulier dans la capitale économique Abidjan et dans l’Ouest, où selon l’ONU un millier de personnes ont péri. Le nouveau régime a promis de jouer le jeu, même si des ex-rebelles ayant combattu pour Ouattara dans les rangs des Forces républicaines (FRCI) pourraient être inquiétés. Guillaume Soro, Premier ministre et chef de l’ancienne rébellion, a affirmé le 7 octobre que la Côte d’Ivoire était prête à livrer à la CPI des militaires en cas de “crimes de sang”. A Abidjan, une certaine tension persiste en tout cas avant les législatives du 11 décembre. Sous la pression du gouvernement qui redoutait des débordements, le FPI a renoncé samedi à un meeting. Un rassemblement avait été émaillé de violences la semaine dernière.

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