Alors que les États-Unis et la Russie, deux superpuissances historiquement antagonistes, parviennent à s’asseoir à la même table à Riyad pour négocier une issue au conflit ukrainien, l’Europe, réunie à Paris, ensuite à Londres, s’enferme dans une posture belliqueuse et déconnectée.
L’Union Européenne se trouve en position de retrait face à la crise ukrainienne, tandis que les États-Unis et la Russie coalisent pour négocier et décider de la fin du conflit. Malgré sa proximité géographique et ses liens économiques avec l’Ukraine, l’UE peine à s’imposer comme un interlocuteur stratégique de premier plan. Cela met en lumière les limitations de sa politique étrangère commune et son incapacité à s’unir autour d’une voix unique sur des enjeux stratégiques cruciaux. Cette situation est exacerbée par une double dépendance (largement expliquée dans les articles précédents) envers la Russie et les États-Unis. Cette forme de dépendance affaiblit sa position et expose ses divisions internes au grand public. Les divergences d’intérêts entre Etats membres, c’est-à-dire, entre ceux (à l’image de la France) prônant une approche dure face à la Russie et ceux (dans la posture de la Hongrie) souhaitant préserver les relations économiques, empêchent l’UE d’adopter une stratégie cohérente et influente. Sa marginalisation dans ce contexte pose des questions fondamentales sur son rôle futur dans l’ordre mondial. C’est dans cette perspective qu’elle est devenue une spectatrice passive de sa propre érosion d’influence. Ce qui confirme sa vassalité et sa servilité vis-à-vis des États-Unis. Alors que la thèse de Kissinger sur la nature volatile des alliances avec les États-Unis « Etre un ennemi des États-Unis est dangereux, mais être son ami est fatal », largement abordée dans un article précédent se confirme, les élites faux-fuyants de l’UE semblent avoir perdu toute la notion d’équilibres géopolitiques. Ni aimées à l’intérieur de leurs territoires, ni sollicitées à l’extérieur de leurs frontières, ces élites oxymoriques enveloppent leurs citoyens dans le drap du mensonge et de la manipulation.
Pour éviter périr dans un suicide collectif, l’UE doit reconsidérer sa stratégie actuelle en faveur de solutions pacifiques, déterminantes pour l’avenir de l’Europe et de sa coopération avec le reste du monde
Un sommet de l’UE à Londres sur la sécurité de l’Ukraine : pour quels résultats ?
Alors que Zelensky et Trump venaient de se quereller à la Maison-Blanche le 28 février dernier, 11 des 27 membres de l’Union européenne (ne semblant pas avoir tiré leçon de cette querelle) ont activement collaboré avec le Canada, la Norvège et la Turquie dans un sommet à Londres le 2 mars 2025 pour renouveler leur serment de haine envers la Russie et persister dans leur posture belliqueuse envers elle. Pendant ce temps, les 16 membres restants ont choisi de s’abstenir ou ont été écartés, en raison d’une divergence stratégique par rapport à l’ordre du jour du sommet.
Lors de ce sommet, une désunion palpable a illustré la perte de cohésion et de vision commune au sein de l’organisation. La non-participation de certains membres – assimilable est à une exclusion – n’a fait que souligner cette fracture. L’UE, en se focalisant à outrance sur le conflit avec la Russie, a engendré des sanctions économiques aux effets contre-productifs, affaiblissant davantage les économies européennes déjà frappées par une crise profonde sans véritablement atteindre son adversaire. Cette politique de confrontation a non seulement exacerbé le conflit en Ukraine, mais risque également d’enflammer une guerre de plus grande envergure. Les mises en garde de Trump envers Zelensky (lors la grande querelle au Bureau ovale) concernant les dangers d’une Troisième Guerre mondiale ne sont pas dénuées de fondement. En persistant à armer l’Ukraine tout en sanctionnant la Russie, l’UE s’engage sur une voie périlleuse. Ses tentatives de diminuer la puissance russe se sont révélées inefficaces, ne réussissant qu’à creuser sa propre division. Pour éviter périr dans un suicide collectif, l’UE doit reconsidérer sa stratégie actuelle en faveur de solutions pacifiques, déterminantes pour l’avenir de l’Europe et de sa coopération avec le reste du monde. Ainsi, la conférence de Munich sur la sécurité du 14 au 16 février, suivie de la réunion de Paris le 17 février et du sommet de Londres le 2 mars, ont mis en lumière la vassalité et la servilité de l’UE. En parallèle, la Hongrie a joué un rôle crucial en bloquant un projet de document sur les garanties de sécurité et une nouvelle aide militaire à l’Ukraine lors de la réunion des ambassadeurs de l’UE le 28 février, qui a également été marqué par l’affrontement rude entre Zelensky, Trump et Vance.
L’UE en retrait dans la crise ukrainienne : un acteur zéro dans un jeu géopolitique majeur
Dans le contexte de la crise ukrainienne, l’UE illustre un rôle paradoxal. Elle s’affiche, non pas comme un acteur secondaire, mais comme un acteur à responsabilité de degré zéro sur l’échiquier géopolitique, malgré des liens étroits avec l’Ukraine via un accord d’association signé à la suite de Maïdan en 2014. Tandis que les Etats-Unis et la Russie tiennent les discussions stratégiques, militaires et économiques, l’UE se contente désormais de la place qu’elle mérite mieux, marginalisée et freinée par un manque de cohésion et de réactivité. Tel que mentionné dans l’introduction, cette marginalisation résulte des désaccords internes, entre les Etats prônant une ligne dure face à Moscou (ayant participé au sommet du 2 mars 2025 sur la sécurité de l’Ukraine à Londres) et ceux favorisant la protection des relations économiques (n’ayant pas participé au sommet du 2 mars à Londres). Lesquels désaccords amoindrissent la capacité de l’Union à agir efficacement. Cette fragmentation interne contribue à l’image d’une UE réactive plutôt que proactive, et sans stratégie claire, elle navigue entre soutien à l’Ukraine et crainte d’escalade avec la Russie. Cela mine sa crédibilité géopolitique et la met sur la sellette de l’histoire des élites de moindre importance. En outre, la dépendance militaire vis-à-vis de l’OTAN souligne son déficit en moyens militaires et diplomatiques, limitant son influence stratégique. La crise actuelle met donc en exergue les défis structurels auxquels l’UE fait face et pose la question de son avenir en tant que puissance globale. Aveuglées de la haine de la Russie, les élites dans les cercles de pouvoir du bloc de l’Europe de va-t-en-guerre, entre surprise et étonnement, envisagent de jeter tristement de l’huile sur la braise, pensant lamentablement pouvoir empêcher des négociations entre Washington et Moscou sur la question ukrainienne. C’est une peine perdue dans la mesure où, exsangue et tenue sous un format différent, la 61ème Conférence de Munich sur la sécurité (MSC) du 14 au 16 février 2025, suivie de ce qu’ils (Européens) appellent honteusement « réunion de crise de Paris » du 17 février, n’a pas encore livré tous ses secrets de choc.
La dépendance stratégique de l’UE : entre divisions internes et faiblesses structurelles
A l’image de la crise économique et de la polarisation sociale profondes, la crise ukrainienne a mis en exergue les vulnérabilités structurelles de l’Union Européenne, notamment sa dépendance stratégique et ses divisions internes. Sur le plan énergétique, l’UE souffre d’une dépendance excessive vis-à-vis de la Russie. Cette dépendance notoire, il faut bien le dire, influence sa politique étrangère et affaiblit sa crédibilité géopolitique. Les efforts pour diversifier ses sources d’approvisionnement et accélérer la transition écologique, à défaut de générer les résultats escomptés, ont conduit à la division et à la polarisation sociale. Sur le plan sécuritaire, la dépendance envers l’OTAN et, par extension, les Etats-Unis, expose les limites de l’autonomie militaire européenne. Ces limitent sont illustrées par l’incapacité de l’UE à répondre de manière coordonnée à la crise, laissant Washington prendre l’initiative. Les profondes divergences entre Etats membres, illustrées par des approches discordantes face à la Russie et à l’Ukraine, compromettent dès lors la capacité de l’UE à formuler une réponse unifiée. Cela affaiblit sa position sur la scène internationale. Au lieu de se préoccuper à renforcer la cohésion interne et à réduire les dépendances stratégiques pour repositionner l’UE en tant qu’acteur majeur et indépendant sur le plan géopolitique, ils (Européens) se retrouvent à Paris à l’initiative de Macron pour adopter une posture belliciste qui risque de leur conduire à un suicide collectif. Pourtant, tout le sens du tristement combat de Macron est de venger la perte d’influence de la France en Afrique, en Asie et en Amérique Latine qu’il attribue à la Russie. Ce que les autres membres de l’UE ignorent encore en se laissant entrainer dans cette aventure ambiguë.
Une marginalisation qui interroge l’avenir de l’UE : vers une prise de conscience ou un déclin géopolitique ?
L’absence de l’UE dans les négociations (Russie-Etats-Unis) sur la crise ukrainienne soulève des interrogations profondes sur sa position géopolitique future. Alors qu’elle affiche l’ambition de s’imposer sur l’échiquier mondial, l’UE se heurte à des limites structurelles dans sa politique étrangère et de défense, dépendant encore largement des Etats-Unis pour sa sécurité. Cette crise a révélé une division interne sur des enjeux stratégiques clés. Cette division érode sa crédibilité en tant que puissance globale face à l’assertivité des Etats-Unis et de la Russie. Dirigée par des leaders incapables de surmonter ces faiblesses, l’UE voit son influence s’amenuiser et son rôle reléguer à celui d’un acteur pas même accessoire, mais néant dans le contexte de rivalité entre grandes puissances. Cet enjeu constitue un moment charnière pour l’avenir de l’UE : elle doit choisir entre un déclin géopolitique ou une renaissance stratégique, déterminant ainsi sa position sur la scène internationale au XXIe siècle. L’on a comme l’impression que le syndrome de la conférence de Berlin (1884-1885) s’empare inversement de son initiatrice en 2025, Europe colonialiste.
Alors que le monde avance, les élites européennes continuent de danser gracieusement sur le fil ténu de l’indécision, entre déclarations solennelles et actions timides. En attendant, bravo pour le spectacle : une performance magistrale dans l’art de rester en retrait tout en parlant d’unité.
Ceci un spectacle à la fois tragique et comique, où l’art du consensus se mue en art de l’inaction.
Mohamed Lamine KABA, Expert en géopolitique de la gouvernance et de l’intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine
Source: https://journal-neo.su/fr/
L’ Europe est dirigee par des leaders très mediocres comme Macron, Kier, Olaf qui ont detruit l’ Ukraine en manipulant le grand comedien de Kiev. Maintenant elle est devenue une paria abandonnee a son sort!