L’UE craint d’être espionnée par Washington: “L’alliance transatlantique est terminée”

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Ce qui était autrefois le cœur d’une solide alliance transatlantique ressemble aujourd’hui à un territoire hostile pour l’Union européenne. De fait, les hauts fonctionnaires européens se rendent désormais aux États-Unis munis de téléphones jetables et d’ordinateurs portables basiques, Bruxelles craignant d’être espionnée par Washington. Ainsi, la Commission ne veut prendre aucun risque avec une Amérique de Donald Trump devenue imprévisible et peu fiable.

Les hauts fonctionnaires européens qui prendront l’avion pour Washington la semaine prochaine pour participer à des réunions du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale emporteront des objets plutôt inhabituels dans leurs bagages: des “burner phones” ou “téléphones brûleurs” (comprendre, jetables), des ordinateurs portables rudimentaires ainsi que des instructions concernant leurs appareils habituels, qu’ils devront placer dans des pochettes de protection spécialisées à leur arrivée sur le sol américain.

Le message envoyé par l’exécutif européen à ses fonctionnaires est clair: les États-Unis ne sont plus un allié naturel. Au contraire, ils représentent désormais une menace potentielle.

Espionnage numérique
Selon de multiples sources au sein de la Commission européenne, ces mesures, pour le moins drastiques, ont été prises pour se prémunir contre tout espionnage numérique de la part des renseignements américains. “Nous craignons que les États-Unis n’essaient d’accéder aux systèmes de la Commission”, a notamment déclaré une source interne au Financial Times. De telles précautions n’étaient prises jusqu’ici que lors de voyages en Chine ou en Ukraine, pour se protéger d’une éventuelle cyberattaque russe.

Cette rupture de confiance ne tombe évidemment pas du ciel. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, la relation entre les Etats-Unis et l’Union européenne s’est considérablement dégradée. Depuis son entrée en fonction, le président américain n’a cessé de menacer, voire d’insulter, l’Union européenne. Les Européens n’ont d’ailleurs pas échappé à la hausse des tarifs douaniers américains, mis momentanément sur pause, du moins pour certains produits. Sans oublier le spectaculaire rapprochement entre Washington et Moscou au sujet de la guerre en Ukraine.

La Commission européenne a confirmé que les fonctionnaires de l’UE se rendant aux États-Unis ont reçu des instructions spéciales concernant la sécurité de leurs communications, sans mentionner explicitement les “téléphones brûleurs.”

“L’alliance transatlan­ti­que est terminée”

Un fonctionnaire européen au Financial Times
Un récent sondage réalisé dans neuf pays européens a montré que plus de la moitié des Européens considèrent Trump comme un “ennemi de l’Europe”. 39 % d’entre eux pensent qu’il agit “comme un dictateur”. Enfin, seule une personne interrogée sur dix pense que les États-Unis viendraient en aide à l’Europe en cas de conflit armé.

La valeur symbolique de la décision de la Commission européenne va donc au-delà de la sécurité : il s’agit d’un signal diplomatique montrant que l’UE se prépare à une réalité géopolitique dans laquelle les États-Unis ne sont plus naturellement de son côté. Ou, comme l’a déclaré un fonctionnaire européen au Financial Times: “L’alliance transatlantique est terminée.”

Source: https://www.7sur7.be/

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