Face à un Guillaume Durand dubitatif, le général, ancien conseiller défense du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDN) et ex-commandant du Collège interarmées de défense, développe son propos: “Est-ce que vous pensez sérieusement que les États-Unis sont prêts à rentrer dans cette escalade et sacrifier Washington, New York, San Diego et San Francisco pour sauver Kharkiv? Évidemment pas”, complète-t-il.
La Russie dispose de nombreuses armes nucléaires tactiques, d’une puissance inférieure à la bombe de Hiroshima, conformément à sa doctrine “escalade-désescalade” qui consisterait à faire usage en premier lieu d’une arme nucléaire de faible puissance pour reprendre l’avantage en cas de conflit conventionnel avec les Occidentaux.
“C’est une guerre entre les Occidentaux, l’Otan et la Russie mais c’est une ‘proxy war’, comme disent les Américains: une guerre par procuration. Les Américains, les Britanniques et les Européens aident beaucoup l’Ukraine, mais c’est le sang des Ukrainiens qui coule. Et, à ce stade, aucun de ces pays n’a jamais perdu une goutte de sang de ses ressortissants. Est-ce que vous, Guillaume Durand, vous êtes prêt à sacrifier Paris pour Kharkiv? Probablement pas”, conclut le général.
Vincent Desportes, par ailleurs professeur à Sciences Po Paris et HEC, n’épargne pas Vladimir Poutine pour autant: “Les soldats ukrainiens se battent pour une cause existentielle qui s’appelle l’Ukraine, alors qu’on sait bien que les soldats russes ne savent pas véritablement pourquoi ils se battent”. Dans ce contexte délicat de contre-offensive ukrainienne, le président russe pourrait-il décréter la mobilisation générale? “Ce serait un aveu d’échec cuisant”, selon lui. Il rappelle “qu’officiellement, le président russe ne fait pas la guerre”… Des images circulent toutefois sur de premières tentatives d’enrôlement de nouvelles recrues, notamment dans des colonies pénitentiaires du pays (voir ci-dessous).