Le 8 avril, à l’occasion d’une réunion entre l’OTAN et ses partenaires méridionaux, l’instabilité croissante du Sahel a été une nouvelle fois à l’ordre du jour. L’intérêt de l’Alliance pour la région est un serpent de mer : depuis bientôt dix ans, le sujet refait surface à intervalles réguliers. Coups de bluff ou stratégie ?
Leslie Varenne
Les ambitions de l’OTAN dans le Sahel et le Golfe de Guinée ne sont pas nouvelles. Patiemment, l’Alliance atlantique a tissé sa toile, d’abord en renforçant en 2016 son partenariat avec l’Union africaine, puis en 2017 en créant son Pôle pour le Sud basé à Naples. En 2019, un rapport pressait les Alliés de jouer un plus grand rôle en Afrique et en 2021, Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’organisation de l’époque annonçait tout de go que « l’Alliance étudiait les possibilités d’étendre ses partenariats aux pays de la région du Sahel (..) ». La même année, elle intensifiait sa coopération avec la Mauritanie avec plusieurs initiatives majeures comme le développement des forces spéciales, la sûreté maritime ou encore le renseignement militaire.
En mai 2022, l’OTAN poussait ses pions plus loin en signant un partenariat avec la CEDEAO en vue de coopérer dans plusieurs domaines : le climat, la lutte contre le terrorisme et la piraterie dans le Golfe de Guinée. A l’époque, le Mali, le Burkina Faso, le Niger faisaient encore partie de l’organisation sous-régionale.Puis, plus rien pendant presque trois ans. Trop occupée sur son flanc Est avec la guerre en Ukraine, l’Alliance atlantique avait remisée ce dossier dans le bas de la pile jusqu’en janvier dernier où il a réapparu comme une priorité.
Stratégie de contournement
Avant la réunion d’avril où « l’instabilité croissante du Sahel » a été observée, en janvier, trente soldats tchèques avaient débarqué sur le sol mauritanien. Ce tout petit contingent a pour mission de former des militaires pendant un an. Officiellement, il s’agit d’un partenariat bilatéral entre Prague et Nouakchott mais en réalité cette mission s’inscrit dans « le cadre des efforts de l’Alliance pour renforcer la stabilité dans la région du Sahel ». En clair : il est bien question d’une initiative nationale mais celle-ci est coordonnée avec l’OTAN ! Tout est dans la nuance…
En appuyant des missions nationales sans intervention directe de l’OTAN, son nouveau patron, Mark Rutte, essaye de contourner les critiques et les obstacles. Les reproches sont nombreux, au premier rang desquels la désastreuse intervention en Libye, en 2011, qu’aucun Sahélien n’a oublié tant elle a eu des effets néfastes sur la sécurité de la région. A cela s’ajoute, le délicat sujet des ingérences occidentales en Afrique en ces temps où les opinions publiques sont très sourcilleuses quant à leur souveraineté. Une intervention directe de l’OTAN serait à coup sûr violemment contestée par la majorité des populations. Elle nécessiterait en outre l’accord unanime des Etats membres de l’Alliance, ce qui a peu de chance d’aboutir dans le contexte actuel. En effet, les pays de l’Est n’ont pas les mêmes priorités que les pays du sud de l’Europe, confrontés à d’autres problématiques. Pour toutes ces raisons, l’Alliance privilégie une stratégie indirecte, une « light footprint» comme on dit dans le jargon militaire, à travers des programmes de formation, des dons d’équipements et des exercices conjoints. Elle s’assure ainsi que les futures élites de la région partagent ses pratiques et qu’elles apprennent à utiliser le matériel. Elle s’ancre ainsi dans le Sahel avec comme un de ses objectifs principaux : contenir la Chine et la Russie qui s’installent durablement dans le paysage.
Penser à demain
Toutefois, contenir Pékin et Moscou ne constitue pas l’unique ambition de l’OTAN. Face au revers annoncé en Ukraine et à l’incertitude liée à l’administration Trump, l’Alliance doit impérativement se réinventer et trouver de nouvelles justifications à son existence. Les conflits contre le terrorisme offrent à cet égard des avantages stratégiques indéniables : ce sont des engagements de faible intensité, qui ne requièrent pas de capacités industrielles majeures. Les groupes djihadistes, souvent équipés de véhicules légers comme des Toyota, ne disposent ni de supériorité aérienne ni d’armements sophistiqués. Ces guerres asymétriques correspondent donc aux moyens actuels de l’OTAN et lui sont accessibles, même si, comme en Afghanistan, le succès n’est pas garanti…
Source: https://mondafrique.com/
Le Sahel ne fait pas partie de l’OTAN et les Etats-Unis sont en train de se retirer de l’OTAN car une coquille vide en verite, mais si Mark Rutte se hasarde vers la Sahel, il va le regretter car ce serait la fin de l’Europe elle- meme! Le neo-colonialisme et l’imperialisme n’ont plus de place dans ce monde, l’Europe ne peut pas continuer a vivre comme un parasite du sang des Africains!