L’opposition tchadienne refuse le passage à un régime présidentiel

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Le président tchadien, Idriss Déby, à Berlin, le 12 octobre 2016. CRÉDITS : JOHN MACDOUGALL / AFP

Fin mars, un forum national sur les réformes institutionnelles a décidé de renforcer les pouvoirs du chef de l’Etat, Idriss Déby.

La principale plateforme de l’opposition tchadienne a rejeté les résolutions du forum national qui prévoient l’instauration d’un régime présidentiel, les jugeant « grossières, ridicules et fantaisistes », selon un communiqué reçu dimanche 1er avril par l’AFP.

« Les partis politiques, membres du Front de l’opposition nouvelle pour l’alternance et le changement (Fonac), condamnent et rejettent toutes les résolutions grossières, ridicules et fantaisistes » du forum national tenu fin mars au Tchad, selon le communiqué du Fonac, principale plateforme de l’opposition regroupant une trentaine de partis d’opposition et créée en 2016.

Mardi 27 mars, le Tchad a décidé d’adopter un « régime présidentiel » au cours d’un forum sur les réformes institutionnelles rassemblant les forces politiques, religieuses et sociales du pays mais boycotté par l’opposition.

Selon le Fonac, le Tchad traverse des « crises gravissimes », dont la résolution est « mille fois plus urgente et importante que la tenue de ce forum qui n’était qu’une fuite en avant et dont la finalité était connue d’avance : la pérennisation du pouvoir d’Idriss Déby, un pouvoir aussi néfaste que dangereux pour l’avenir du Tchad ».

« Un pouvoir sans partage »

Le passage à un « régime présidentiel intégral », pilier d’une future IVe République, va renforcer les pouvoirs du président du Tchad. Idriss Déby, âgé de 65 ans, en est à son cinquième mandat, qui s’achèvera le 21 août 2021. Selon la nouvelle Constitution, il pourrait se représenter en 2021 s’il le décidait : il pourrait alors théoriquement effectuer deux autres mandats de six ans, jusqu’en 2033.

« Quelques apparences restaient, maintenant c’est un pouvoir sans partage », a déclaré vendredi à l’AFP l’opposant Saleh Kebzabo, arrivé deuxième à la présidentielle de 2016. Le Fonac, qui estime que ce forum national a été « transformé en simple conférence des militants et sympathisants du MPS », le parti d’Idriss Déby, a réitéré son appel à la tenue d’un « dialogue inclusif ».

Le Tchad, dirigé depuis 1990 par Idriss Déby, sort de deux mois de grève de la fonction publique. Les tentatives de manifestations sont dispersées sans ménagement par les forces de l’ordre.

Le Monde.fr avec AFP Le 02.04.2018 à 10h35

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