ACCRA – Le principal parti d’opposition au Ghana a déposé vendredi une plainte devant la cour suprême pour contester les résultats de l’élection présidentielle remportée au début du mois par le président sortant John Dramani Mahama, alléguant des fraudes qui porteraient sur plus de 1 million de voix .
Selon le candidat de l’opposition Nana Akufo-Addo du Nouveau parti patriotique (NPP), qui s’est adressé aux journalistes après le dépôt de la plainte, les irrégularités relevées sont trop énormes pour être ignorées.
L’étendue de ce que nous avons découvert a surpris même les plus sceptiques d’entre nous, a déclaré M. Akufo-Addo. D’un point de vue personnel, ce fut une triste expérience.
Les accusations du NPP portent sur 1,3 million de voix, ce qui serait suffisant pour faire pencher la balance en faveur de M. Akufo-Addo.
Nous sommes prêts à accepter qu’il puisse y avoir des erreurs sur 11 millions d’électeurs, mais pourquoi les erreurs arithmétiques jouent-elles toujours en faveur du candidat du NDC (Congrès démocratique national) John Dramani Mahama ?, a-t-il ajouté.
M. Akufo-Addo a refusé d’accepter sa défaite lors du scrutin du 7 décembre malgré des résultats officiels lui attribuant 47,7% des voix contre 50,7% pour M. Mahama.
Des observateurs extérieurs se sont accordés à qualifier le scrutin de paisible et transparent et une coalition d’observateurs locaux avait considéré les résultats officiels comme justes et fidèles à leur propre décompte.
Ancien vice-président, John Dramani Mahama, 54 ans, assurait l’intérim depuis la mort subite du président en exercice John Atta Mills en juillet.
La défense a dix jours pour répondre aux poursuites et les 13 juges de la cour suprême auront quinze jours pour juger l’affaire.
Le NPP prévoit de citer 25 témoins, a précisé Gabby Otchere-Darko, un conseiller de M. Akufo-Addo, ajoutant qu’il s’attendait à ce que le verdict soit rendu courant février.
John Dramani Mahama doit être investi le 7 janvier et le NPP n’a pas l’intention de l’empêcher de prêter serment, a affirmé Otchere-Darko. La cour suprême peut toujours déclarer l’invalidité des élections (après l’investiture), a-t-il soutenu.
George Lawson, le vice-secrétaire général du parti au pouvoir, le Congrès national démocratique, a critiqué le fait que Mahama ait été cité par la défense, rejetant les accusations de l’opposition.
Le président n’a rien à voir avec les résultats. Ce n’est pas lui qui a déclaré les résultats, a dit M. Lawson. Il est le président en exercice du Ghana. Vous ne pouvez pas convoquer le président en exercice devant la justice.
Le peuple a donné son mandat à son excellence John Dramani Mahama et la commission électorale l’a déclaré vainqueur, donc je ne comprends par leur recours, a-t-il ajouté.
Le Ghana, pays de 24 millions d’habitants, connaît une forte croissance économique due à ses exportations de cacao et d’or, auxquelles vient s’ajouter, depuis 2010, une production pétrolière encore modeste mais prometteuse.
Considéré comme un exemple de stabilité au coeur d’une région agitée, le pays votait pour la sixième fois depuis la fin du régime militaire et l’avènement de la démocratie en 1992.
(©AFP / 28 décembre 2012 18h58)