Au moins trois personnes sont mortes et un millier de personnes ont été arrêtées après l’élection contestée d’Ali Bongo à la tête du pays.
L’ONU va se pencher sur la crise au Gabon. Le Conseil de sécurité a été saisi à la demande de la France. Le pays connaît une crise politique et des émeutes meurtrières au Gabon après l’annonce de la réélection du président Ali Bongo pour un troisième mandat. L’envoyé spécial de l’ONU en Afrique centrale, Abdoulaye Bathily, doit présenter un rapport sur la situation aux membres du Conseil lors d’une réunion à huis clos prévue dans l’après-midi, a indiqué l’ambassadeur français auprès des Nations unies, François Delattre.
“Notre objectif est de condamner les violences et les pillages, d’appeler toutes les parties, tous les côtés au Gabon à faire preuve de modération et de retenue”, a-t-il précisé à des journalistes. Le Conseil devrait “rappeler à nouveau l’importance critique d’une procédure garantissant la transparence des résultats des élections”, a ajouté l’ambassadeur français. Le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon s’était dit plus tôt jeudi “vivement préoccupé et attristé” par les violences au Gabon, appelant à une “vérification transparente” des résultats. “La crise électorale, en particulier les incendies volontaires et la réponse disproportionnée des agences de sécurité, a mené à de regrettables pertes en vies humaines et à la destruction de biens”, a indiqué Ban Ki-moon dans un communiqué, disant entendre “la frustration du peuple gabonais, et des jeunes en particulier”.
Une “vérification transparente”
L’annonce de la réélection de Bongo mercredi en fin de journée par la commission électorale a déclenché une nuit d’émeutes meurtrières et de pillages à Libreville et dans d’autres villes du pays. Au moins trois personnes sont mortes et un millier de personnes arrêtées. Ban Ki-moon a réclamé, à l’instar de la communauté internationale, une “vérification transparente” des résultats et appelé les autorités compétentes à “régler rapidement, de façon transparente et juste, tous les griefs découlant de l’élection”.
Le secrétaire général, qui doit quitter ses fonctions à la fin de l’année, a aussi demandé au gouvernement gabonais de “rétablir immédiatement” les moyens de communication (internet, SMS, radios et télévisions indépendantes) et aux forces de sécurité de respecter les droits de l’homme et de faire preuve de “la plus grande retenue”. “Les individus responsables d’actes ou incitations à la violence en seront tenus responsables”, a-t-il prévenu, exhortant les autorités “à libérer immédiatement et sans conditions les détenus politiques”.
Selon lui, le nouveau gouvernement devra prendre en compte la frustration de citoyens aspirant à de meilleures conditions de vie et à des réformes démocratiques. “Les Nations unies seront là pour soutenir ses efforts”, s’est-il engagé. Il a également appelé les responsables politiques et la population gabonaise à “surmonte(r) leurs différences par des moyens pacifiques, dans l’intérêt de l’unité nationale”.