Parmi les pays qui devancent les Etats-Unis, se trouvent le Japon et la plupart des pays d”Europe mais aussi la Jordanie, l”île de Guam dans le Pacifique ou les Caïmans, dans l”Atlantique.
"Quelque chose ne va pas, quand l”un des pays les plus riches du monde, celui qui dépense le plus pour la santé, n”arrive pas à se maintenir au même niveau que les autres", estime le Dr Christopher Murray, à la tête de l”Institut de métrologie sanitaire et d”évaluation à l”Université de Washington.
Pour vivre vieux, mieux vaut naître dans la petite principauté d”Andorre, dans les Pyrénées, numéro un mondiale de longévité moyenne, avec 83,5 ans, selon le Bureau américain du recensement, devant le Japon, Macao, Saint-Marin et Singapour. A l”inverse, l”espérance de vie la plus courte se trouve en Afrique sub-saharienne, une région qui paie un lourd tribu à la pandémie de SIDA, la famine et les guerres civiles. Le Swaziland possède ainsi l”espérance de vie la plus courte: 34,1 ans. Il est suivi par la Zambie, l”Angola, le Liberia et le Zimbabwe.
Aux Etats-Unis, un enfant né en 2004 peut espérer vivre en moyenne 77,9 ans, ce qui place le pays au 42e rang mondial, alors que les Américains occupaient le 11e rang il y a 20 ans, selon les données internationales du Bureau du recensement et les chiffres du Centre national pour les statistiques de santé aux Etats-Unis.
Plusieurs facteurs ont contribué à la chute du classement des Etats-Unis derrière d”autres nations industrialisées, selon les chercheurs.
On peut citer l”assurance maladie: 45 millions d”Américains ne possèdent pas d”assurance médicale, tandis que le Canada et beaucoup de pays européens proposent une couverture de santé pour tous. L”obésité joue aussi un rôle: le taux chez les adultes est l”un des plus élevés du monde. Près d”un tiers des adultes américains âgé de 20 ans ou plus est obèse, et les deux-tiers présentent un surpoids, selon le Centre national des statistiques de santé.
Et les inégalités raciales accentuent encore l”écart: les Noirs possèdent une espérance de vie de 73,3 ans, soit cinq ans de moins que les Blancs, et pour les hommes noirs la longévité moyenne est de 69,8 ans, soit un peu plus qu”en Iran ou en Syrie, et un peu moins qu”au Nicaragua ou au Maroc. Quant à la mortalité infantile (décès avant l”âge d”un an), elle est relativement élevée, surtout pour les Noirs, par rapport à d”autres pays que ce soit Cuba, Taïwan ou la plus grande partie de l”Europe.
La régression des Etats-Unis au classement international de l”espérance de vie s”explique aussi en partie par la prise en compte dans les statistiques du Bureau du recensement d”un plus grand nombre de pays (222 en 2004) que dans les années 80.
Pour le Dr Christopher Murray de l”Université de Washington, un meilleur accès à l”assurance maladie est indispensable pour accroître l”espérance de vie aux Etats-Unis, mais le débat ne doit pas se limiter à cette question: la classe politique devrait également chercher à lutter contre le cancer et les maladies cardiaques ou respiratoires, explique-t-il. Ce spécialiste préconise un renforcement de l”action publique contre le tabagisme, le cholestérol et en faveur de la régulation de la glycémie ainsi que du contrôle de la tension sanguine.
"Rien qu”en nous concentrant sur ces seuls quatre points, nous réaliserions un grand pas vers l”amélioration de la santé aux Etats-Unis", estime le Dr Murray. Mais pour lui, "le point de départ, c”est de reconnaître que les Etats-Unis ne possèdent pas le meilleur système de santé, contrairement à ce que croient encore bon nombre d”Américains". AP
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Par Stephen Ohlemarcher
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