SE Daniel Filmus, avant de se rendre au siège de l’Union Africaine le 30 avril, et après avoir rencontré les autorités éthiopiennes, a passé une journée d’échanges avec des journalistes africains organisée par l’Ambassade de la République d’Argentine en Ethiopie.
Outre la presse nationale et les diplomates d’Amérique Latine accrédités auprès de l’Ethiopie et de l’UA, étaient présents des cadres des médias originaires d’Afrique du Sud, du Congo, de ’Algérie, du Maroc, de la Tunisie, du Kenya, de l’Angola, de la Tanzanie, du Sierra Leone, de la Côte d’Ivoire et du Mali.
Dans sa présentation liminaire, le Secrétaire d’Etat Filmus, qui était secondé par SE l’Ambassadeur d’Argentine en Ethiopie, Gustavo Grippo, le personnel de la Chancellerie et une équipe de spécialistes du ministère des Affaires Etrangères argentin, a retracé l’histoire des Iles Malouines et la genèse du conflit territorial existant à leur sujet entre le Royaume Uni et l’Argentine, qui a culminé en une guerre meurtrière en 1982, époque de dictature en Argentine, alors que Mme feue Margaret Thatcher était la 1ère Ministre Britannique.
Selon SE Filmus, les Iles Malouines sont situées à 346 km de Staten Island aux Etats Unis, à 500 km de la Patagonie argentine et à 12 761,34 km de la Grande Bretagne. L’Argentine en revendique la souveraineté et estime que le Royaume Uni les occupe comme une colonie, ajoutant à la présence de nombreux militaires sur les lieux une «colonisation de peuplement» et une pression démesurée sur leurs ressources naturelles et sous-marines.
Les îles Malouines (Falkland Islands en anglais, Islas Malvinas espagnol et Ilhas Malvinas en portugais) sont un archipel de l’Atlantique Sud situé à 480 km des côtes de l’Argentine et à 940 km du nord de l’Antarctique. L’archipel est composé de deux îles principales, la Grande Malouine et la Malouine orientale, séparées par un large chenal, le détroit des Falkland (Estrecho de San Carlos en espagnol), ainsi que de plus de 750 îles et îlots. La superficie de l’archipel est 12 173 km2.
Découvertes par Amerigo Vespucci au début du XVIe siècle, puis visitées par Esteban Gómez (1520), Simón de Alcazaba y Sotomayor et Alonso de Camargo (avant 1540), les îles Malouines sont baptisées en 1592 par les Anglais «Iles méridionales de Davis», nom que leur donna le navigateur anglais John Davis. Deux ans plus tard, en 1594, le navigateur anglais Richard Hawkins les nomme «Hawkins’s Maiden-Land». En 1600, le navigateur hollandais Sebald Van Weert y accoste à son tour et leur donne le nom d’«îles Sebald».
Le Français Louis Antoine de Bougainville les visite à son tour en 1764 et leur donne le nom d’«îles Malouines», d’après les marins et pêcheurs de Saint-Malo, qui furent les premiers colons permanents connus de ces îles. Les Malouins pratiquaient beaucoup au XVIIIe siècle le commerce avec la côte ouest de l’Amérique du Sud.S’inspirant de cette dénomination, les Espagnols, colonisateurs de quasiment toute l’Amérique Latine, nomment quant à eux l’archipel Islas Malvinas.
Désertes jusqu’à leur découverte par les Européens au XVIème siècle, les îles Malouines sont colonisées par la France en 1764 par de Bougainville. Elles font ensuite l’objet de revendications territoriales de l’Espagne et du Royaume-Uni, ce qui conduit à une crise diplomatique, la crise des Malouines de 1770, conclue par un compromis entre les deux États.
Après son indépendance, acquise face à l’Espagne en 1816, l’Argentine réclame à son tour la souveraineté sur les îles Malouines, situées au large de ses côtes. Le Royaume-Uni contrôle cependant de nouveau l’archipel à partir de 1833, et y installe progressivement des colons d’origine britannique. La Géorgie du Sud et les Îles Sandwich du Sud sont sous la même juridiction que les îles Malouines. L’archipel revendique des eaux territoriales à 12 milles nautiques (22,2 km) et une zone économique exclusive de 200 milles nautiques (370,4 km).
L’île était peuplée de 2 640 habitants en 2012, essentiellement d’origine britannique et scandinave, mais on compte aussi une petite minorité chilienne. Les deux tiers des résidents vivent dans la capitale, Port Stanley. Les autres, dans ce qui est appelé le Camp (le reste de l’archipel, hors Port Stanley). 1 700 soldats britanniques sont stationnés dans la base aéronavale de la RAF de Mount Pleasant. Les descendants des rares colons français présents avant 1764 se sont intégrés aux populations britanniques et scandinaves, et seuls quelques noms de familles anglicisés rappellent la colonisation française, ainsi que la religion catholique.
Pour faire valoir ses droits, l’Argentine a demandé à l’ONU d’adopter des résolutions afin d’amener son adversaire à la table des négociations, une tentative de régler le différend auprès d’une juridiction internationale ayant été rejetée. Las, selon SE Fimus, ni les résolutions 1514 (1960) et 2065 (1965) n’ont été suivies d’effets palpables, et le conflit de 1982 n’a eu pour résultat que d’asseoir militairement la présence britannique sur les îles contestées. Nous reviendrons sur les arguments avancés par SE Daniel Filmus dans l’interview qu’il nous a accordée dans notre prochaine parution.
Ramata Diaouré
Envoyée spéciale à Addis Abeba