Suite à la dégradation de la situation sécuritaire au Burkina Faso, Mme Eve Sabbagh, fonctionnaire de l’information du bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) pour l’Afrique de l’Ouest et centrale s’est rendue en mission dans le pays pour constater la situation des déplacés de ces violences. Son constat est alarmant.
Depuis 2018, le chiffre des incidents liés à l’insécurité au Burkina Faso dégénère de jour en jour. De 220 cas 2018, cette partie du Burkina Faso qui partage les frontières avec le Mali et le Niger ne cesse de prendre des proportions inquiétantes. Les attaques sont devenues quotidiennes et la violence des groupes armés a totalement bouleversé les moyens de subsistance et le mode de vie des communautés. Cette dégénérescence de la situation obligera la plupart des habitants du nord à fuir leur domicile pour chercher des refuges sûrs. Les traces de ces atrocités, surtout celles du début de l’année sont encore visibles à Yirgou, un village de la région du centre nord du Burkina frappé par les attaques en début du mois de janvier. Selon Eve Sabbagh, une fonctionnaire de l’information du bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) pour l’Afrique de l’Ouest et centrale en mission dans le pays depuis un moment, la situation est critique : « La vie s’est arrêtée en quelques minutes ».
Selon l’ONU, des dizaines d’autres villages avaient été touchés par des violences intercommunautaires dans la même localité. Selon les statistiques données par la fonctionnaire, les deux premiers mois de l’année 2019 seulement ont enregistré plus de 60 000 personnes déracinées dans les régions du nord, du centre nord et du sahel parmi les 10 000 personnes au total. La fonctionnaire des Nations unies ne s’est pas donc empêchée de réagir sur son compte Twitter après le constat de désolation dans les villages attaqués : « Pour des personnes qui ont été attaquées par des groupes armés et qui ont dû fuir leur maison, de petites choses telles qu’une marmite, un seau et une tasse font une énorme différence », a déclaré Eve Sabbagh sur Twitter. Ces violences ont plongé le Burkina Faso dans une crise humanitaire sans précédente. Bibata, une jeune femme de 26 ans a raconté son calvaire à Eve Sabbagh après les attaques terroristes du village de Gasseliki dans la région du sahel plus au nord, ou 12 personnes ont été tuées et 2 autres blessées : « Mon oncle est mort quand les hommes armés ont attaqué Gasseliki », a-t-elle déclaré avant d’ajouter : « Je suis allé à l’enterrement. Les gens fuyaient. J’ai couru à la maison prévenir notre village. La première épouse de mon mari et moi avons pris les enfants, les animaux et avons marché pendant des jours », a-t-elle confié à la fonctionnaire d’OCHA.
Dans le Camp de Barasalogho, situé à près de 150 kilomètres au nord de la capitale Ouagadougou qui accueillent la grande partie des déplacés des violences de Yirgou Gasseliki, certains déplacés n’ont pu dissimuler leur désespoir face à cette situation à la missionnaire de l’ONU, Ahmadou Dicko, un jeune homme de 24 ans qui a fui les violences de Yirgou : « Il n’y’a rien à faire pour nous ! Nous attendons ici, en étant inutiles ». Mais il laisse entendre également son désir pour une justice : « Nous avons perdu notre bétail, mais nous voulons rentrer chez nous. Mais tout d’abord, nous avons besoin de justice », a-t-il dit.
Les responsables de l’organisation onusienne ont signalé qu’en raison des violences, plus de 1100 écoles ont été contraintes de fermer leurs portes, privant 157 000 enfants d’éducation, quelques 120 000 personnes n’ont pas accès aux soins médicaux, 21 centres de santé ont fermé ou fonctionnent partiellement et en outre environ 676 000 personnes sont menacées par l’insécurité alimentaire et 130 000 enfants sont menacés de malnutrition aiguë sévère cette année.
ISSA DJIGUIBA