AFP – Un important convoi de véhicules civils et militaires en provenance de Libye, qui pourrait transporter l’ex-dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a traversé Agadez, une ville du nord du Niger, et se dirigeait mardi vers la capitale Niamey, selon des sources concordantes.
"Ce n’est pas vrai, il ne s’agit pas de Kadhafi et je ne pense pas que le convoi en question ait les proportions qu’on lui attribue", a toutefois déclaré à l’AFP le ministre nigérien des Affaires étrangères Mohamed Bazoum, arrivé à Alger pour participer à une conférence internationale sur le Sahel.
Ces dernières heures, plusieurs sources ont fait état de l’arrivée d’un important convoi au Niger.
"J’ai vu un convoi inhabituel et impressionnant de plusieurs dizaines de véhicules entrer à Agadez en provenance d’Arlit, une cité minière proche de la frontière algérienne, et se diriger vers Niamey par la route", a affirmé à l’AFP une source militaire nigérienne.
"Des rumeurs insistantes évoquent la présence de Kadhafi ou un de ses fils au sein de ce convoi", a souligné cette même source. Agadez est située à environ 850 km à vol d’oiseau de la frontière libyenne et 700 km de Niamey.
De son côté, un journaliste d’une radio privée à Agadez a affirmé avoir "aperçu un convoi de plusieurs dizaines de véhicules traverser la ville et se diriger vers Niamey".
Les nouvelles autorités libyennes ont confirmé le passage au Niger voisin d’un important convoi.
"Nous pouvons confirmer qu’environ 200 voitures ont traversé de la Libye au Niger, mais nous ne pouvons pas confirmer qui se trouve à bord du convoi", a indiqué Jalal el-Gallal, un porte-parole du Conseil national de transition (CNT).
"Ce genre de convoi transporte généralement Kadhafi ou l’un de ses fils", a-t-il relevé, sans autre précision.
La France ne dispose "d’aucune information permettant de croire que le colonel Kadhafi se trouve dans le convoi", a affirmé mardi à l’AFP la présidence française.
L’Otan a réaffirmé de son côté que sa mission était de "protéger la population civile en Libye, pas de poursuivre ou de cibler les milliers de dirigeants de l’ancien régime en fuite, de mercenaires, de commandants militaires ou de personnes déplacées".
Les autorités du Burkina Faso ont affirmé "ne pas être informées" de l’arrivée sur leur territoire de ce convoi.
Le passage de cet important convoi au Niger, qui a reconnu "formellement" le Conseil national de transition (CNT), alimentait mardi les spéculations sur une fuite de Kadhafi mais son porte-parole a affirmé qu’il était toujours en Libye.
Dimanche, une dizaine de personnes proches de Kadhafi, dont Mansour Daw, chef des brigades sécuritaires, étaient arrivées à Agadez, selon une source touareg.
Les autres personnes dont l’identité n’a pas été révélée, étaient arrivées sur le territoire nigérien en compagnie de Agaly Alambo, figure de la révolte Touareg, et avaient rejoint lundi Niamey, la capitale du pays, selon la même source.
Au début de l’insurrection libyenne appuyée par l’OTAN, Agaly Alambo a fait recruter des centaines d’ex-rebelles Touareg qui sont partis combattre aux côtés des forces du dirigeant libyen.
La semaine dernière, une source touareg a affirmé que des proches du dirigeant libyen étaient arrivés en avril à Agadez avec des mallettes remplies d’argent et avaient recruté "des centaines" de jeunes, dont des militaires nigériens radiés de l’armée en 2002.
Cette source a estimé à quelque 1.500 les ex-rebelles nigériens qui combattaient pour Kadhafi, dont une majorité vivant en Libye après avoir déposé les armes en 2009.
Mais après leur déroute consécutive à la chute de Tripoli, des centaines de "soldats" Touareg sont rentrés au Niger, pendant que quelque 500 autres se sont repliés à Syrte, la ville natale de Kadhafi.
AFP