Libye: Syrte, de Kadhafi aux jihadistes

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Syrte, d’oĂą les forces progouvernementales libyennes tentent de chasser le groupe Etat islamique (EI) avec le soutien aĂ©rien amĂ©ricain, a Ă©tĂ© pendant des dĂ©cennies la ville symbole du rĂ©gime de Mouammar Kadhafi avant de tomber il y a un an aux mains des jihadistes.

A la faveur d’une offensive lancĂ©e le 12 mai pour reprendre Syrte, situĂ©e Ă  450 km Ă  l’est de la capitale Tripoli, les forces du gouvernement d’union libyen (GNA) sont entrĂ©es le 9 juin dans la citĂ© et y assiègent depuis les jihadistes.

– LocalitĂ© stratĂ©gique –

Offensive anti-EI à Syrte © Sophie RAMIS AFP
Offensive anti-EI à Syrte © Sophie RAMIS AFP
Syrte est situĂ©e Ă  mi-chemin entre Tripoli et Benghazi, et Ă  180 km de Misrata Ă  l’ouest, d’oĂą sont partis en mai le gros des forces du GNA -composĂ©es de diffĂ©rentes milices- pour reprendre le fief de l’EI. 300 km sĂ©parent Syrte des rives europĂ©ennes.

Sa proximitĂ© avec la zone du “croissant pĂ©trolier” plus Ă  l’est a donnĂ© des visĂ©es expansionnistes aux combattants de l’EI, dĂ©sireux de contrĂ´ler les terminaux et ports pĂ©troliers.

– Population rurale –

Les forces progouvernementales libyennes (GNA) le 25 juin 2016 à Syrte  © MAHMUD TURKIA AFP/Archives
Les forces progouvernementales libyennes (GNA) le 25 juin 2016 à Syrte © MAHMUD TURKIA AFP/Archives
La majoritĂ© des habitants de Syrte appartiennent Ă  l’une des quatre grandes tribus de la rĂ©gion: les Kadhafa -le clan de la famille du dictateur Mouammar Kadhafi renversĂ© et tuĂ© en 2011-, les Werfalla -numĂ©riquement importante dans l’ouest de la Libye et très influente Ă  Bani Walid-, les Forjane et surtout les Magariha -la plus proche et fidèle au rĂ©gime dĂ©chu de Kadhafi-.

La ville comptait 120.000 habitants avant sa prise le 9 juin 2015 par l’EI mais 75% d’entre eux ont rĂ©ussi Ă  fuir. Il y resterait quelque 30.000 civils.

– QG de l’EI –

Le centre de confĂ©rence Ouagadougou, Ă©rigĂ© par Kadhafi pour accueillir les sommets africains et internationaux et servir sa politique panafricaine, a vu la genèse de l’Union africaine le 9 septembre 1999 lors de la “dĂ©claration de Syrte”.

Mouammar Kadhafi lors d'un sommet africain le 10 octobre 2010 à Syrte © KHALED DESOUKI AFP/Archives
Mouammar Kadhafi lors d’un sommet africain le 10 octobre 2010 Ă  Syrte © KHALED DESOUKI AFP/Archives

C’est dans ses bâtiments utilisĂ©s par l’EI comme QG et centre de commandement que les jihadistes sont aujourd’hui pris en Ă©tau Ă  mesure que les forces du GNA progressent dans la ville.

Le port de Syrte, son aéroport international, une importante base aérienne et un hôpital ont été repris aux jihadistes en juin 2016.

– Ville natale de Kadhafi –

Pendant des siècles, l’intĂ©rĂŞt pour Syrte -une rĂ©gion dĂ©sertique sĂ©parant naturellement les provinces romaines et hellĂ©niques d’Afrique du Nord- rĂ©sidait uniquement dans sa situation gĂ©ographique.

Pour mettre Ă  l’honneur sa ville natale, Mouammar Kadhafi a tentĂ© par tous les moyens, en vain, d’en faire la capitale de sa “Jamahiriya” (Etat des masses, ndlr). Il a toutefois crĂ©Ă© une nouvelle province dans la rĂ©gion de Syrte: “al-Wosta” (la centrale), en plus des trois autres dĂ©jĂ  existantes: la Tripolitaine, la CyrĂ©naĂŻque et le Fezzan.

Dans les annĂ©es 1990, il avait ordonnĂ© l’installation des ministères Ă  Syrte, avant d’y faire Ă©galement siĂ©ger son Parlement, mais le nombre de victimes sur la route, dont des ministres, a finalement dĂ©couragĂ© ses plans.

– Drapeaux noirs et 4×4 –

Avant qu’elle ne tombe aux mains des jihadistes de l’EI, Syrte a Ă©tĂ© livrĂ©e Ă  elle-mĂŞme après la rĂ©volte populaire qui renversa Kadhafi en 2011.

Photo de propagande diffusée le 18 février 2015 par Welayat Tarablos, montrant des des jihadistes en 4x4 à Syrte  © - WELAYAT TARABLOS/AFP
Photo de propagande diffusĂ©e le 18 fĂ©vrier 2015 par Welayat Tarablos, montrant des des jihadistes en 4×4 Ă  Syrte © – WELAYAT TARABLOS/AFP
Depuis juin 2015, le drapeau noir de l’EI flottait sur les bâtiments publics de la ville et des jihadistes en 4×4 sillonnaient les rues pour vĂ©rifier que les hommes respectaient les heures de prières et que les femmes ne s’aventuraient jamais sans accompagnateur.

03/08/2016 10:47:43 –  Tripoli (AFP) –  © 2016 AFP

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