La Libye, Octobre 2011-Février 2016, le Chaos

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En Libye, le bras de fer qui a opposé des insurgés au pouvoir a été au départ perçu au plan international avec peu d’importance. Mais, au fil de l’évolution de l’évènement, l’Occident avec la France de Mr. SARKOZY en tête, vit dans cette insurrection l’occasion très opportune de régler le compte à Kadhafi. Kadhafi à qui étaient fortement reprochées ses prises de position, dans les rencontres internationales (ONU) et contre l’Occident et surtout le soutien à Sadam HUSSEN et la construction à TRIPOLI d’un monument en l’honneur de ce dernier. En outre Kadhafi et son fils envisageraient de faire des déballages sur le financement de la campagne de Mr. SARKOZY à la Présidentielle de 2007. Des missions conduites par la diplomatie française à travers le monde et aux Nations-Unies, permirent le vote de la résolution 2010 autorisant l’intervention militaire étrangère en Libye pour protéger les insurgés considérés comme une minorité sans défense sur laquelle planait la menace du pouvoir de Kadhafi. Ainsi se constitua une coalition internationale avec la France en tête composée des pays de l’OTAN. La résolution dans son application a été dans les faits violée sur toute la ligne. L’idée de la protection de minorité menacée céda place à celle du départ sans condition du Bédouin. Malheureusement, l’Afrique au sein de l’Union africaine par ses chefs d’Etats ne put rien contre cela. Les chefs d’Etats africains en majorité, donnèrent tacitement leur caution à la mesure.

Me. Abdoulaye WADE, juriste, homme politique au passé d’opposant incontestable alors Président du Sénégal sur son initiative personnelle pour des raisons que lui seul sait se rendit à Tripoli, et demanda à Kadhafi en face, de quitter le pouvoir avant qu’il ne soit trop tard. L’image de Me WADE, accompagné de son fils Karim en visite chez M. SARKOZY, parue sur l’écran de plusieurs chaines, disait long sur l’intention de l’homme. Et cela, au moment même où l’Union Africaine avait obtenu de Kadhafi un accord devant aboutir à la fin de la crise, ou tout au moins à une bonne solution partielle. A cet accord, la France par M. SARKOZY, opposa un non catégorique par le cynique slogan : Il faut que Kadhafi parte !

C’était le comble ! Huit pays de l’OTAN, sous la conduite de la France, appuyés par les Etats Unis menèrent pendant huit mois une guerre injuste (Mars-Octobre 2011) contre le pouvoir de Kadhafi. Ils bombardèrent sans répit ni ménagement la Libye.

Kadhafi et ses troupes dans la dignité se sont battus avec courage contre les envahisseurs lourdement armés. Près de 200 bombes sinon plus ont été larguées à chaque opération sur la Libye. Le 20 Octobre 2011, Kadhafi gravement blessé à la tête et en d’autres parties du corps a été tué. La nouvelle se propagea aussitôt à travers le monde. Radio France Internationale (RFI) et TV5 monde, par des émissions spéciales relayent l’évènement. Des manifestations de liesse populaires, des images frappantes, des déclarations d’insurgés et des mécontents du régime constituèrent l’ossature de leurs programmes. Le 23 Octobre 2011, soit trois jours après l’assassinat de Kadhafi, l’artisan et l’architecte de cette agression Mr. SARKOZY, avec la mine grave fit une déclaration d’un ton menaçant dans la satisfaction totale. L’Occident venait de résoudre un de ses problèmes avec l’assassinat de Kadhafi qui était dans son viseur depuis des années.

Ainsi, les pays de la coalition venaient de semer le vent, sans conscience aucune de la récolte de la tempête qui allait suivre.

D’après son plan machiavélique, savamment élaboré ; à la suite de ce forfait devait commencer pour la coalition le partage du gâteau pour la reconstruction de la Libye détruite après huit mois de bombardement intense. Hélas ! C’était ne pas compter avec les conséquences inattendues  de cette guerre injuste et insensée imposée à la Libye. Eh bien nous y voilà ! Quatre années après, le pays n’est pas pacifié. Pire, il est devenu le repaire des narcotrafiquants, des terroristes et des djihadistes. Les pays du Sahel, le Mali en tête ont connu et continuent de vivre encore par des attentats et assassinats les conséquences de cette agression.

Cependant dès septembre 2010, des conseillers bien avertis de M. SARKOZY avait attiré son attention à plusieurs reprises sur une éventuelle attaque du Mali par les djihadistes.

Devant l’indifférence et le silence persistants de l’homme face au sujet et ses vives préoccupations par rapport à la question Libyenne ses conseillers finirent par ne plus lui en parler. (Référence :Nicolas Bau Papa Hollande au Mali). Au même moment (Septembre-Octobre 2010) le plan diabolique d’occupation du Nord-Mali par des rebelles, les terroristes, les djihadistes était discrètement en préparation avec la complicité de leur acolyte français.

Aujourd’hui en France et en Afrique par des voix autorisées fusent des sentiments de regret et des condamnations de l’agression impérialiste contre la Libye.

Dans l’émission “A votre avis” d’Africable (20H30) du Vendredi 22 Janvier 2016 (rediffusée le 26 Février 2016) a été faite par l’invitée de l’émission une révélation importante, sur ce que les Administrateurs coloniaux voudraient que nos Etats fussent, après la disparition de la génération des artisans et acteurs de l’indépendance de l’Afrique. Je résume cette pensée et m’en excuserais vivement, si elle n’est pas fidèlement rapportée : ” Après votre génération, on ne parlera plus de souveraineté, de nationalisme, de patriotisme et de construction nationale. Seuls prédomineront : l’argent, l’intérêt personnel, la femme et l’alcool “. Quelle malédiction pour l’Afrique ! Plus de 50 ans après les indépendances, sommes-nous en train de vivre cette triste réalité ? L’impérialisme n’est pas mort ! Les vraies raisons de la guerre en Libye et l’assassinat de Kadhafi sont la preuve que l’hydre est bien vivant toujours prêt à nuire et à freiner l’évolution positive de nos pays, par leur maintien dans un Etat de dépendance continue et totale.

Eu égard au faible niveau de développement économique de nos Etas, l’aide ou la coopération bi ou multilatérale à l’endroit de nos pays est indispensable. Dans ces relations très souvent teintées d’hypocrisie et de ruse, seules valent l’aide et la coopération mutuellement avantageuse. La définition des contours et du contenu de telles coopérations doit au premier plan être l’œuvre de la classe politique. Malheureusement la classe politique africaine par le secrétariat politique des partis a failli pour diverses causes principalement ; la légèreté, la myopie politique, le refus de penser par elle-même, l’acceptation aveugle de tout ce qui émane d’Europe ou d’Amérique sans le soumettre à la moindre analyse critique, l’erreur ou la faute irréparable de penser ou de croire que le développement de l’Afrique doit se faire à l’image de l’Occident. Ceux qui le pensent ou le croient se trompent, car cela suppose le maintien d’un système politique désuet historiquement fini, mort, qui ne connaitra plus jamais son rayonnement d’antan. Le développement de l’Afrique se fera par une autre voie, une voie nouvelle que les africains par la réflexion et l’effort doivent se donner la peine de créer en se fondant sur toutes les expériences positives issues de l’histoire.

Le choix, l’élaboration, l’adoption et l’application des politiques de développement inadaptées ont constitué des actes majeurs posés par la classe dirigeante. Ce sont là des pratiques répugnées par Kadhafi qui a très bien su faire profiter à son peuple des ressources du pétrole de son pays.

L’Occident qui l’avait dans son viseur depuis 1981 et ses suppôts, de tous bords à travers le monde, le présenteront toujours même après son lâche assassinat comme un bourreau un dictateur. Les peuples qui ont connu l’oppression en Afrique et ailleurs les sans voix soutiendront la thèse contraire, car l’histoire réhabilitera Kadhafi. Et le peuple libyen dans sa grande majorité sevré depuis 2011 des dividendes bien nombreux et divers de l’œuvre de Kadhafi élèvera un jour en sa mémoire à travers le pays des monuments d’un libérateur, d’un guide, d’un bâtisseur.

Vive l’Afrique libre !

Bamako, le 07 mars 2016

Sékou KEITA

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