Libye : Assassinat d’un général rallié à la rébellion, offensive dans l’ouest

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 Le général libyen Abdel Fatah Younès, ancien responsable du régime du colonel Mouammar Kadhafi qui s’était rallié à la rébellion, a été assassiné jeudi à Benghazi (est), fief des rebelles qui ont lancé une nouvelle offensive dans l’ouest du pays.

Selon Moustafa Abdeljalil, président du Comité national de transition (CNT), Abdel Fatah Younès a été tué par un groupe d’hommes armés après avoir été convoqué pour un interrogatoire à Benghazi. Il a précisé que deux colonels de l’armée rebelle avaient été tués en même temps que Younès.

"Avec grande tristesse et douleur, nous annonçons la mort du général Abdel Fatah Younès, chef d’Etat-major des forces de l’armée nationale (de la rébellion,) et de ses compagnons, le colonel Mohamed Khamis et le commandant Nasser Madhour", a déclaré M. Abdeljalil lors d’une conférence de presse à Benghazi.

M. Abdeljalil a ajouté que le chef du groupe qui l’a assassiné a été arrêté et annoncé trois jours de deuil, rejetant indirectement la mort de Younès sur les forces loyales au régime de Mouammar Kadhafi.

Il a précisé que les corps du général Younès et des deux colonels n’avaient pas encore été retrouvés après avoir été emportés par leurs tueurs.

La situation était assez confuse jeudi soir à Benghazi, des hommes armés ayant essayé de pénétrer dans l’hôtel où le chef du CNT donnait une conférence de presse pour annoncer la mort du général Younès, a indiqué une journaliste de l’AFP sur place.

Un groupe de soldats s’est dirigé vers l’hôtel en tirant en l’air mais a été empêché d’y pénétrer alors que les journalistes étaient évacués.

Selon le chef du CNT, le général Younès avait été convoqué à Benghazi par une commission d’enquête pour discuter de sujets "concernant les affaires militaires". Des rumeurs avaient auparavant circulé dans la journée sur son arrestation à Benghazi mais n’avaient pu être confirmées par l’AFP.

Abdel Fatah Younès était présenté, avant son ralliement à la rébellion, comme le numéro deux du régime du colonel Kadhafi, occupant notamment les fonctions de ministre de l’Intérieur. Il avait participé au coup d’Etat qui avait porté le colonel Kadhafi au pouvoir en 1969.

Il s’était rallié très tôt aux insurgés, tout comme Moustafa Abdeljalil, après le début du mouvement de contestation contre le colonel Kadhafi le 15 février et occupait depuis d’importantes responsabilités militaires à leurs côtés.

Par ailleurs, les rebelles libyens ont infligé jeudi un nouveau revers aux troupes loyales au régime du colonel Kadhafi en s’emparant de deux localités près de la frontière tunisienne, au sud-ouest de Tripoli.

Après avoir conquis la ville d’Al-Ghazaya, les insurgés ont poursuivi leur route vers le village d’Om Al-Far, à une dizaine de km au nord-est, qu’ils ont pris en fin d’après-midi, selon un correspondant de l’AFP.

Les combats les plus acharnés ont eu lieu dans la partie orientale d’Al-Ghazaya, que les insurgés ont attaquée vers 08H00 (06H00 GMT), à la fois par l’ouest et par l’est, a constaté l’AFP.

C’est d’Al-Ghazaya, à une dizaine de kilomètres de la frontière avec la Tunisie, que les loyalistes avaient intensifié ces derniers jours leurs tirs de roquettes sur Nalout, localité aux mains des rebelles à 230 km à l’ouest de la capitale libyenne.

Une fois Al-Ghazaya dépassée, les insurgés ont bombardé Om Al-Far, où résident quelques centaines d’habitants, et ont touché un dépôt de munitions, qui a explosé, avant d’y pénétrer, a constaté le correspondant.

Cette région montagneuse du Nefoussa dans l’Ouest libyen est le théâtre depuis plusieurs mois d’affrontements entre l’armée de Mouammar Kadhafi et la rébellion, qui y a déclenché début juillet une offensive majeure, espérant notamment avancer vers Tripoli.

La capitale libyenne a de nouveau été la cible jeudi soir de bombardements de l’Otan.

Au moins trois puissantes explosions ont secoué le centre de la ville. Deux explosions ont été ressenties vers 22H20 locale (20H20 GMT), suivies d’autres quelques minutes après, notamment dans le secteur de la résidence du colonel Mouammar Kadhafi au centre de Tripoli.

Des avions survolaient toujours la capitale qui avait été déjà la cible de raids de l’Otan dans la journée, selon la télévision libyenne.

La télévision Al-Jamahiriya a indiqué que plusieurs "sites civils" ont été bombardés jeudi par l’Otan.

Tripoli est la cible quasi-quotidienne de raids de l’Alliance atlantique depuis le début de son intervention militaire en Libye, en mars, pour soutenir la rébellion.

Celle-ci a également marqué des points sur le terrain diplomatique en installant jeudi ses "ambassadeurs" en France et en Grande-Bretagne, les deux pays en pointe dans l’opération militaire en Libye.

A Paris, le CNT, organe politique de la rébellion, a nommé Mansour Saif Al-Nasr, 63 ans. Ce Libyen, qui a quitté son pays en 1969, a été membre de la Ligue libyenne des droits de l’Homme et du Front national pour le salut de la Libye, mouvement d’opposition en exil.

La France a été le premier pays à reconnaître le CNT et considère désormais que cet organe est "seul titulaire de l’autorité gouvernementale" libyenne.

A Londres, le CNT a par ailleurs choisi Mahmud Nacua, un écrivain et intellectuel de 74 ans, "impliqué dans l’opposition depuis les années 1980", selon Guma Al-Gamaty, coordinateur en Grande-Bretagne pour le CNT.

Cette nomination intervient au lendemain de la reconnaissance par la Grande-Bretagne du CNT en tant que seul "gouvernement légitime" de Libye et après l’expulsion des derniers diplomates loyaux au colonel Kadhafi.

La reconnaissance par Londres du CNT avait été jugée mercredi "irresponsable" et "illégale" par le vice-ministre libyen des Affaires étrangères Khaled Kaaim.

Le Royaume-Uni a en outre décidé de mettre fin au gel d’actifs pétroliers libyens, d’une valeur de 91 millions de livres (102 millions d’euros). Bloqués dans le cadre d’une résolution des Nations unies, ils seront transférés à la rébellion.

AFP – Publié le 29/07/2011 à 00:05

 

 

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