Mais, les mots et les sentiments ne réussiront jamais à condamner convenablement l’attaque de Charlie Hebdo car l’acte dépasse l’imaginaire humain. Au contraire, ces réactions traduisent notre impuissance face à la montée d’un fléau qui n’a rien à voir avec une religion ni avec une civilisation : le terrorisme ! Un fléau qui se nourrit de l’intolérance et de la stigmatisation de l’autre, de la diabolisation d’une couche de la population. Rien ne saurait justifier une telle barbarie. Le risque fait partie du métier du journalisme, c’est l’adrénaline de notre profession. Quand on choisit d’exercer ce métier de façon intègre et professionnelle, on fait le choix d’affronter la violence (physique et verbale) parce qu’ils seront alors nombreux ceux qui souhaiteraient te la voir fermer pour de bon. C’est ainsi qu’on côtoie la mort à longueur de journée. Mais, jusque-là, on l’avait affrontée sur les terrains de reportage, sur les champs de guerre, les manifestations urbaines ou dans les rues avec la menace des kamikazes et des voitures piégées. Mais, on était sans doute loin d’imaginer que des illuminés pouvaient allez jusqu’à massacrer toute une rédaction au nom de l’islam en ce mois béni du Maouloud (naissance du prophète Mohamed, PSL). Nous condamnons avec la dernière rigueur cet acte criminel contre la rédaction de Charlie Hebdo qui a fait d’autres victimes innocentes (17 morts à la date du 11 janvier 2015, ndlr) suite à la traque engagée contre ses auteurs. Toutefois, nous ne sommes pas «Charlie», mais un musulman dépité et indigné par la violence qui s’érige en moyen de justice dans le monde. Loin d’agir au nom d’une religion, dont la tolérance est l’une des valeurs fondamentales, les frères Kouachi et leur complice, Amedy Coulibaly, ont porté un terrible coup à l’image de l’islam dans le monde.
Autant condamnable que le sionisme
C’est la pire publicité en ce mois béni de Maouloud où on célèbre la naissance de Mahomet (PSL), un Prophète qui a été l’objet des attaques les plus ignobles, mais qui n’a jamais cédé à la vengeance ou à la revanche. Le président Ali Bongo Ondimba a raison quand il dit que les auteurs de l’attentat ont «trahi l’islam, déshonoré le prophète Mohamed et tourné le dos à Dieu. Tout le contraire de ce qu’ils prétendent défendre». Et comme s’est offusqué M. Abdoulaye Diop, notre ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, «aucune religion n’autorise d’aucune façon une personne à ôter la vie à son prochain». Par cet acte, ils ont livré l’islam sur un plateau à ses détracteurs. En effet, si des leaders politiques et des intellectuels ne cessent de demander qu’il faut éviter «l’amalgame» dans cette tragique situation, on n’y échappe pas.
En campagne électorale, après avoir dissout le parlement parce qu’une composante de sa majorité s’oppose à sa barbarie, le Premier ministre israélien a sauté sur l’occasion pour dénigrer ces adversaires politiques en Palestine, notamment le Hamas qui a condamné ces récentes manifestations de la barbarie humaine en France. «Le terrorisme islamiste n’a pas de frontières et il ne vise pas en premier lieu Israël, il vise à détruire toutes les sociétés des pays libres…», a déclaré Benyamin Netanyahou, le tyran et bourreau des femmes et des enfants de la bande de Gaza, en Palestine. Allusion à peine voilée au Hamas et aux groupes d’auto-défense palestiniens. Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il n’a pas sur les mains moins de sang d’innocents que les frères Kouachi et Amedy Coulibaly. Pis, il en a plus sur la conscience que ces trois illuminés. Rien que l’opération «Bordure protectrice» de l’été dernier a fait, en 50 jours, plus de 2.140 victimes palestiniennes, majoritairement des enfants, des femmes et des personnes du 3e âge. Bilan fourni par l’ONU et le Centre palestinien des droits de l’Homme. Selon des données préliminaires de l’ONU et du Centre palestinien des droits de l’Homme, le conflit a fait au moins 2 140 morts, plus de 10 000 blessés et des centaines de milliers de déplacés. On dénombre parmi les victimes 493 enfants âgés de 10 jours à 17 ans et 253 femmes. Et ça, on en parle très peu ! Une barbarie perpétrée dans l’indifférence de ceux qui se font passer pour les «maîtres» du monde. Nous sommes la Palestine !
Une brèche ouverte pour le Front National
Le sionisme est incontestablement l’une des pires formes du terrorisme d’Etat. C’est aussi une entrave à la liberté, au droit de l’autodétermination. Ceux qui prônent cette politique aujourd’hui sont autant condamnables que les Kouachi et Amedy Coulibaly. Le Front National (FN) ne s’est pas non plus fait prier pour s’infiltrer par la brèche ainsi ouverte par des incultes. Jean-Marie Le Pen, le président d’honneur, a ainsi publié sur son compte Twitter une photo de sa fille surmontée du slogan «Keep calm and vote Le Pen», «Gardez votre calme et votez Le Pen». Jusqu’à présent, celle-ci s’était pourtant bien gardée de toute récupération politique de ces événements. Jusque-là, elle s’en tenait aux registres de l’indignation, de l’émotion, de la dénonciation et de «la montée du fondamentalisme islamique». «Ce que l’on nous reproche, c’est d’avoir raison avant tout le monde. Nous n’allons pas nous taire aujourd’hui pour laisser certains jouer les parangons des vertus républicaines en défilant dans la rue», a défendu Jean-Marie Le Pen par rapport à la «Marche républicaine» du dimanche 11 janvier 2015 en France et un peu partout dans le monde. Les auteurs de l’attentat du siège de Charlie Hebdo, et des meurtres qui ont suivi, ont plutôt rendu service à cette publication presque en faillite et ont donné de la matière aux détracteurs de l’islam pour dénigrer cette religion et ses pratiquants. Que tous ces fanatiques sachent qu’Allah n’a pas besoin de bras armés pour se défendre. Et il aura toujours le dernier mot car, tôt ou tard, on lui reviendra pieds et mains liés. Ce dont le Tout-Puissant a besoin, c’est de la foi. Une foi inébranlable. À toute épreuve !
Moussa BOLLY
Merci pour la tres bonne analyse Monsieur HAMA
La barbarie de Charlie Hebdo est condamnable et ne se justifie pas du tout. Mais un adage africain dit : “Au lieu de s’en prendre au lieu de ta chute, il faut en vouloir au lieu où tu as trébuché”. Il faut aussi que l’opinion internationale fasse comprendre à la presse (française et même internationale) que l’Islam n’a rien de plus sacré que le Prophète PSL. Donc rien qu’à parler de Lui par un non – connaisseur de l’Islam est perçu par les musulman comme un blasphème.
Par ailleurs, la presse peut -elle manquer de sujet jusqu’à ne concentrer que sur un sujet qui irrite une certaine communauté (musulmane) ? Je crois les publications en caricatures ne sont ni plus ni moins que des actes de provocation narguant la communauté musulmane. En définitive, il faut travailler à faire respecter toutes les libertés. Si la presse a une liberté qu’on doit respecter, les autres aussi en une qu’il convient également de respecter. Ne faisant rien qui puisse heurter la sensibilité de son semblable, voila la règle du vivre ensemble. A bon entendeur Salut !
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