Le scrutin a été boycotté par Winston Tubman, le principal rival de la présidente Ellen Johnson Sirleaf.
L’affluence des électeurs a été faible hier au Liberia pour le second tour de la présidentielle boycotté par Winston Tubman, principal rival de la présidente Ellen Johnson Sirleaf, au lendemain de la dispersion violente d’opposants qui a fait au moins deux morts. Contrairement au premier tour du 11 octobre où de longues files d’attente s’étaient formées plusieurs heures avant l’ouverture des bureaux, très peu de personnes étaient présentes dans les bureaux de vote à Monrovia, sillonnée par des véhicules de police et de l’ONU. Des écoles utilisées comme bureaux de vote ont préféré ne pas ouvrir leurs portes par crainte de violence, “en raison des incidents” de la veille entre opposants et la police, a reconnu la présidente de la Commission électorale nationale (NEC), Elizabeth Nelson. Parmi les rares à voter, Leymah Gbowee, pacifiste libérienne prix Nobel de la paix 2011 reçu conjointement avec Mme Sirleaf, a affirmé “avoir pleuré toute la nuit” à cause des violences commises lundi. “Voter est un droit, ne pas voter aussi” et quel que soit le choix, l’essentiel est de le faire “sans violence”, selon Mme Gbowee qui portait un tee-shirt marqué “Pas d’élections violentes”.
La chef de l’Etat a voté en fin de matinée dans son village de Fee Fee, à une soixantaine de km à l’est de la capitale. Des responsables de médias ont affirmé que le gouvernement avait ordonné la fermeture, jusqu’à nouvel ordre, des quatre radios privées et quatre télévisions privées émettant à Monrovia. Winston Tubman, leader du Congrès pour le changement démocratique (CDC), qui devait être opposé à Mme Sirleaf, a décidé de se retirer. Il affirme que ce scrutin risquait d’être entaché de fraudes similaires à celles qu’il avait dénoncées après le premier tour et a appelé à boycotter le scrutin. Ellen Johnson Sirleaf est arrivée en tête au premier tour avec 43,9% des voix contre 32,7% à Tubman. L’élection intervient au lendemain de la dispersion violente par des policiers anti-émeutes de milliers d’opposants venus soutenir Tubman devant le siège de son parti. Au moins deux personnes ont été tuées par balle – 3 ou 4 selon l’opposition – et plusieurs blessées, une répression qui ravive la crainte de violences généralisées dans un pays encore traumatisé par des guerres civiles qui, de 1989 à 2003, qui ont fait quelque 250.000 morts. Un millier de membres du CDC ont passé la nuit dans l’enceinte du siège de leur parti, surveillé par des membres de la Mission de l’ONU au Liberia (Minul) – aucun policier libérien n’y était – et s’y trouvaient encore hier.
La chef de la Minul, Ellen Margrethe Loj, leur a rendu visite hier en milieu de journée. Le gouvernement a “regretté” lundi soir les violences, promettant “que tous ceux qui sont coupables devront répondre de leurs actes” et appelant “tous les Libériens à aller voter” mardi (hier). Il a accusé des militants du CDC d’avoir été armés, ce qui aurait provoqué l’intervention de la police anti-émeutes, mais des sources indépendantes ont affirmé que les seules armes dont disposaient certains manifestants étaient des pierres et des gourdins. Amnesty International a exigé dans un communiqué que les tirs à balles réelles par la police fassent l’objet d’une enquête “immédiatement”. Le président américain Barack Obama a mis en garde lundi contre toute tentative de “perturber” le second tour.