Qu’est-ce qui explique l’entêtement de Laurent Gbagbo à s’accrocher au pouvoir au point de se faire humilier par une arrestation presque vécue en direct partout dans le monde ? L’homme était-il si mégalomane ?
Quelle a été l’influence de son entourage dans cette position extrême qui l’a conduit à sa perte et à une sortie humiliante de l’histoire de la Côte d’Ivoire ? Ce sont des questions que l’on est en droit de se poser aujourd’hui après l’arrestation de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011. Visiblement, l’homme n’a été qu’une marionnette manipulée par son “épouse” (???). Islamophobe indécrottable, égarée entre la haine et la mégalomanie, Simone tenait son mari dans l’ombre pour réaliser ses desseins politiques. Finalement, le “Boulanger” a réussi à rouler tout le monde dans la farine sauf son propre “épouse”. Une mégalomane qui l’a poussé à l’enlisement, à l’entêtement et à la suprême humiliation !
Syndicaliste de choc dans les années 70 et co-fondatrice du Front Populaire Ivoirine (FPI) dans la clandestinité, Simone Ehivet Gbagbo a montré son vrai visage dès qu’elle a réussi à mettre son mari sur le fauteuil présidentiel. Incarnation de l’aile dure du FPI, elle a aussi réussi à éloigner petit à petit Koudou Gbagbo des réalités de son pays avec le soutien indéfectible des “faucons” comme Pascal Affi Nguessan (ancien Premier ministre et président du FPI), Mamadou Koulibaly (président de l’Assemblée nationale) ou le leader des “Jeunes patriotes”, Charles Blé Goudé. D’ailleurs, selon des indiscrétions, elle entretenait des relations troublantes avec ce dernier, un vrai zigoto, considéré comme son pyromane. Le cercle des vrais fidèles de Laurent s’est rapidement rétrécit en faveur de la cour de la Première dame de fer. Au point qu’on se demande aujourd’hui qui a réellement dirigé la Côte d’Ivoire ces dix dernières années ? Ce qui est sûr, c’est que la volonté de Simone Ehivet a énormément influencé les positions et les décisions du Palais.
Isolé de ses partisans et adversaires, on a fait croire à Koudou une popularité dont il n’a jamais réellement jouit.
Et cela à l’aide des sondages commandés et truqués par le clan de son épouse. Ainsi, prenant conscience de sa défaite, la première intention de L.G aurait été de prendre le téléphone pour féliciter Alassane Dramane Ouattara. Mais, la terrible Messaline de la lagune Ebrié et ses partisans l’en ont dissuadé. Tout comme ils l’ont empêché de jeter l’éponge à plusieurs reprises afin de ne pas sacrifier des vies humaines et se frayer une porte de sortie honorable.
Une ascendance conjugale et politique
Tous les bons psychologues vous le diront : Simone avait pris une ascendance sociopolitique, conjugale et spirituelle sur son mari pourtant réputé comme un “fin calculateur”. Mais, sa femme l’a réduit à un rôle de simple marionnette dans les mains d’un clan qu’elle dirigeait d’une main de fer. Tout porte à croire que dans le couple c’est elle qui portait la culotte. “Si nos maris signent n’importe quoi là-bas, à leur retour ils ne nous trouveront pas dans leurs lits !”, n’avait-elle pas hésité à menacer publiquement les émissaires du régime partis à Marcoussis négocier avec une délégation de rebelles. Depuis sa prise de pouvoir en 2000, Koudou n’avait plus d’emprise sur son propre parti, le FPI, dont l’idéologue était Simone. Celle-ci, de façon machiavélique, a orienté cette chapelle sur une idéologie fondée sur la xénophobie, le sectarisme, l’exclusion socioculturelle… D’où d’ailleurs sa phobie des musulmans qui sont majoritaires dans le nord. Ce n’est un secret pour personne que Mme Gbagbo avait poussé la foi à l’extrémisme, au fanatisme… En effet, après avoir survécu miraculeusement, avec son mari, à un grave accident de la route, cette catholique est devenue une “intégriste évangélique” sous l’emprise du très controversé pasteur Moïse Koré.
Et quand la foi s’immisce dans la politique ou l’oriente, elle conduit à toutes dérives, surtout à la haine pour une couche sociale, une ethnie voire une religion. Une haine qui l’a amené à créer la rivalité entre Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara en la résumant à un combat entre le bien (son époux) et le mal (Ado et les musulmans). Ainsi, selon Simone, “Dieu a donné la Côte d’Ivoire à Laurent Gbagbo”. Malheur donc à celui qui ose lui prendre ce cadeau divin, surtout si l’ennemi est un musulman du nord et dont “l’ivoirité” est plus que “douteuse”.
Une haine accentuée par le fait que son mari lui a donné comme coépouse une jeune et éblouissante musulmane : Nadiana Bamba ! Il s’agit d’une ancienne journaliste à Africa N°1, originaire du nord-musulman qu’elle a réussi à écarter du palais après le premier tour de la présidentielle. Un crime de lès majesté qu’elle ne pardonnera jamais à Koudou. Est-ce d’ailleurs par vengeance qu’elle l’a contraint à s’enfermer dans son palais en attendant l’humiliation extrême qui lui a été infligée le 11 avril 2011 ?
Présidentiable dans la tête
En réalité, Simone Gbagbo n’a jamais été le genre de Première dame à faire de la figuration, à côté d’un époux “circonstanciel”, en occupant son temps par des œuvres humanitaires et caritatives. Dans son entendement, elle méritait le fauteuil présidentiel autant que son mari. D’ailleurs, dans la réalité du pouvoir, elle n’avait que peu d’estime pour celui qui est pourtant son époux depuis 40 ans. Mais, elle faisait semblant parce qu’elle avait besoin de lui pour réaliser ses ambitions, du moins ses desseins politiques. Députée d’Abidjan depuis 1996 et présidente du groupe parlementaire du FPI, c’est à peine si Simone ne rêvait pas aujourd’hui de lui succéder un jour.
En tout cas, une analyse de ses déclarations va dans ce sens. “Au côté des hommes, j’ai mené des combats très durs contre le régime en place. J’ai fait six mois de prison. J’ai été battue, molestée, presque laissée pour morte. Après toutes ces épreuves, il est normal qu’on ne badine pas avec moi”, racontait, dans une interview au magazine L’Express (France), celle qui a fondé le FPI avec Laurent Gbagbo, dans la clandestinité, en 1982. “Ma position actuelle, je la dois à ma trajectoire, pas au poste de mon mari. J’ai la trempe d’un ministre”, confiait-elle dans ce même entretien.
Considérée comme à juste titre comme une “jusqu’au-boutiste” et une fanatique, elle n’a ménagé aucun sacrifice et aucune stratégique diabolique ou machiavélique pour maintenir son mari au pouvoir afin de se donner le temps de se tailler une stature de présidentiable. Pour de nombreux observateurs, cette “femme à poigne” est aussi une “dame de sang”. C’est comme ça, en tout cas, qu’elle était ainsi qualifiée par le quotidien français, Le Figaro, dans un portrait publié le 20 décembre 2011. Et la réalité ne donne pas une autre image de cette femme aveuglée par la haine et la mégalomanie.
En tout cas, en 2004, Simone Ehivet Gbagbo s’est affichée aux côtés des Jeunes patriotes, mouvement de nationalistes illuminés soutenu par la présidence et comprenant des milices armées.
Ce sont ces dernières qui ont réprimé dans le sang des manifestations en 2003. “Les jeunes ne sont pas descendus dans la rue sous mes ordres. Mais, je suis très fière de ce qu’ils ont fait”, a-t-elle d’ailleurs avoué dans un entretien accordé à la chaîne française France 24 en 2007.
Aujourd’hui, Simone est fortement soupçonnée, par l’entremise de son âme damnée et aide de camp, le capitaine Anselme Seka Yapo, d’être impliquée dans les Escadrons de la mort et dans la disparition du journaliste Guy-André Kieffer. Avec la chute du président Gbagbo, “la terrible Messaline du pays de la lagune Ebrié” doit répondre de tous les crimes commandités dans l’ombre pour assouvir sa haine et sa mégalomanie.
Kader Toé