Vingt-sept éleveurs ont été tués et plusieurs blessés mercredi dans l’explosion d’une “bombe” dans le centre du Nigeria, une région en proie à des violences communautaires, selon la police, alors qu’une association d’éleveurs a évoqué une frappe aérienne de l’armée.
Les éleveurs et leurs troupeaux se trouvaient dans le village de Rukubi, à la frontière entre les Etats de Nasarawa et Benue lorsqu’une “bombe” a explosé au milieu d’eux.
“Nous avons établi que 27 personnes ont été tuées dans l’explosion d’une bombe ainsi que du bétail en nombre”, a indiqué un responsable de la police de l’Etat de Nasarawa, Maiyaki Muhammed Baba. “Plusieurs autres personnes ont été blessées et le bilan des morts pourrait grimper”, a-t-il ajouté.
Des experts de la police enquêtent sur l’origine de l’explosion. De son côté, un groupe représentant des éleveurs a affirmé que l’explosion venait d’une frappe de l’armée nigériane.
“Frappe aérienne”?
“C’était une frappe aérienne. Elle a tué 27 personnes” du groupe, a déclaré Lawal Dano de l’association des éleveurs de bétails du Nigeria, Miyetti Allah. “Nous savons tous que seuls les militaires possèdent des avions pour effectuer des frappes aériennes, et nous appelons à une enquête approfondie et à des sanctions nécessaires pour ceux qui sont derrière cela”, a ajouté ce responsable.
Le porte-parole de l’armée de l’Air nigériane n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP. Dans le passé, il y a eu des frappes accidentelles de l’armée sur des civils dans le nord du pays où les militaires combattent des jihadistes et des bandes criminelles.
En septembre 2021, une frappe aérienne de l’armée avait touché par erreur un village dans l’Etat de Yobe, tuant au moins neuf civils. L’armée de l’Air avait expliqué que ses aéronefs poursuivaient alors un groupe de jihadistes.
Et en janvier 2017, au moins 112 personnes avaient été tuées lorsqu’un avion militaire avait frappé un camp de personnes déplacées par le violences jihadistes dans la ville de Rann près de la frontière avec le Cameroun. Dans un rapport publié six mois plus tard, l’armée avait expliqué cette erreur par un “manque de marquage approprié de la zone”.
Les différends entre éleveurs de bétail et agriculteurs concernant les droits fonciers, de pâturage et d’eau sont courants dans les régions du centre et du nord-ouest du Nigeria. La semaine dernière, neuf personnes ont ainsi été tuées par des hommes armés à proximité d’un camp de personnes déplacées, selon les autorités de l’Etat de Benue.
Les tensions, dont les racines remontent à plus d’un siècle, sont provoquées par les sécheresses, la croissance démographique, l’expansion de l’agriculture sédentaire et la mauvaise gouvernance. Ces dernières années, ces conflits ont parfois pris une dimension ethnique et religieuse, les éleveurs peuls étant musulmans et les agriculteurs majoritairement chrétiens.
L’insécurité sera l’un des enjeux majeurs de l’élection présidentielle prévue fin février au Nigeria. Comme le veut la Constitution, le chef de l’Etat Muhammadu Buhari, ancien général élu en 2015 puis réélu en 2019, ne se représente pas.