Le Commissariat au Développement Institutionnel (CDI) a commis une équipe d’experts pour travailler sur le programme du développement institutionnel (PDI 2ème génération). Dans un entretien accordé à la presse, Laurent VIGUIER, l’un des experts, explique sa mission auprès du CDI et évoque les axes majeurs du PDI 2.
Selon Laurent VIGUIER, la mission auprès du CDI fait suite à celle menée en 2015 pour évaluer la première génération du PDI et proposer la nouvelle génération. « L’expérience prouve que, ce qui est difficile, ce n’est pas de formuler des programmes, dont tous les pays en développement regorgent littéralement, mais de passer à leur mise en œuvre effective pour obtenir des résultats tangibles. Il y a là un seuil difficile, que souvent on ne parvient pas à franchir. Notre mission vise précisément à aider le CDI à passer ce cap. Les objectifs sont définis, les plans existent, les étapes à parcourir sont déterminées. Il y a une réforme de l’administration, et une seule ». En affirmant que la responsabilité est partagée entre les partenaires techniques et financiers et les autorités maliennes, l’expert français dira que « les processus de réforme sont scindés en plusieurs programmes qui ont chacun des modes et des structures de gestion différents, des bailleurs différents, des chronologies différentes ».
Jusqu’à présent, a-t-il fait remarquer, il y a eu au Mali le PDI visant à la réforme de l’administration, le PAGAM pour la réforme de la gestion des finances publiques et les programmes d’appui à la décentralisation. « D’un point de vue bureaucratique, il y a sûrement de nombreuses bonnes raisons pour que ces programmes soient ainsi dispersés. Mais, du point de vue des résultats, cette dispersion est extraordinairement pénalisante », a fait savoir Laurent VIGUIER. A l’en croire, l’administration nationale est un système unique, où toute action sur un élément du système rétroagit nécessairement sur les autres. « Si vous agissez sur un élément sans regarder ce qui se fait sur les autres, il y a peu de chances que le résultat global soit satisfaisant. Or, c’est exactement ce qui s’est passé jusqu’à maintenant au Mali. Prenons un exemple : on parle beaucoup de décentralisation d’une part et de réforme de la gestion des finances publiques de l’autre. Pourtant, personne aujourd’hui n’est capable de dire comment on insère la décentralisation dans les nouvelles modalités de gestion budgétaire de l’État, tout simplement parce qu’on a pensé les deux séparément. Ce n’est un gage de réussite ni pour l’une, ni pour l’autre de ces réformes », a-t-il soutenu. L’axe majeur du PDI 2, a souligné Laurent VIGUIER, « c’est de rompre avec cette dispersion et de considérer qu’il y a une réforme unique de l’Etat, qui concerne à la fois ses administrations propres, ses ressources et ses collectivités territoriales ainsi que les rapports qu’il entretient avec elles ». À ses dires, la réforme en cours de la gestion des finances publiques et surtout le passage, à compter de 2018, à une gestion budgétaire en mode programmes, est une occasion à ne pas rater. Pour lui, la stratégie du PDI 2 est de « faire progresser de pair une meilleure gestion des ressources publiques, une meilleure organisation des administrations de l’État – qu’elles soient centrales ou déconcentrées – et de développer la décentralisation ».
Le PDI 2ème génération concerne toutes les administrations maliennes. « La vision du PDI 2, c’est donc celle des réformes concentrées sur tel ou tel ministère pour être complètes et qui s’étendent petit à petit à d’autres, au fur et à mesure que les moyens sont disponibles et les capacités d’absorption de ces moyens créées. C’est donc une démarche progressive », a-t-il indiqué.
C.D