INTERNATIONAL – Des diplomates et proches de condamnés à mort en Indonésie sont arrivés samedi 25 avril à la prison sur une île isolée où l’exécution de neuf étrangers semble imminente, alors que des rassemblements sont prévus en France pour soutenir l’un d’eux, le Français Serge Atlaoui.
Des responsables consulaires de différents pays – notamment l’Australie, le Brésil et les Philippines – se sont rendus à Cilacap, ville portuaire d’où les visiteurs accèdent au complexe pénitentiaire de Nusakambagnan, “l’Alcatraz indonésien”. Ils ont été convoqués par les autorités indonésiennes pour y rencontrer des responsables et détenus en attente d’exécution.
Dans ce contexte, le président de la République François Hollande a affirmé qu’il envisageait des conséquences “diplomatiques” en cas d’exécution. “S’il est exécuté, il y aura des conséquences avec la France et l’Europe parce qu’on ne peut pas accepter ce type d’exécutions”, a-t-il déclaré à la presse à l’issue d’une visite à Bakou, précisant que ces conséquences seraient essentiellement “diplomatiques”.
Plus tard dans la matinée, l’avocat de Serge Atlaoui a affirmé à plusieurs médias que l’exécution de son client serait retardée, en raison d’un recours de Serge Atlaoui devant la Cour administrative. “Il faut profiter de ce délai pour faire pression sur l’Union européenne”, a précisé l’avocat au Parisien.
A 13h, les autorités indonésiennes ont confirmé que le Français ne figurait pas sur la prochaine liste des condamnés à exécuter.
La “suspension de discussions” envisagée
“A tout le moins, nous rappellerons notre ambassadeur” à Jakarta, a-t-il poursuivi, évoquant aussi la possible “suspension de discussions” autour de coopérations envisagées lors d’une rencontre avec le président indonésien Joko Widodo lors du G20 de Brisbane (Australie) en novembre. François Hollande a précisé que lui-même ne se rendrait pas en Indonésie “avant quelque temps”.
“Nous agissons avec les pays concernés, l’Australie et le Brésil, pour multiplier les démarches et faire en sorte qu’il n’y ait pas d’exécution”, a-t-il indiqué, ajoutant qu’il recevrait lundi le Premier ministre australien, Tony Abbott. François Hollande s’est également dit prêt à recevoir l’épouse du condamné à mort “si elle le demande”.
“Nous comprenons que l’Indonésie veuille lutter contre le trafic de drogue mais, en l’occurrence, Serge Atlaoui a été un opérateur d’un laboratoire dont il n’imaginait pas qu’il puisse fabriquer cette marchandise” et qu’il “n’avait pas de passé judiciaire”, a souligné le chef de l’Etat français.
Aucune convocation reçue par la France
Contrairement aux autres représentations diplomatiques en Indonésie, l’ambassade de France à Jakarta a confirmé samedi matin à l’AFP n’avoir reçu aucune convocation pour se rendre à la prison de Nusakambangan où est incarcéré Serge Atlaoui, en attente d’exécution après le rejet de son ultime recours contre la peine de mort pour un trafic de drogue qu’il a toujours nié.
Ces convocations ne sont pas obligatoires. Ce sont des courtoisies diplomatiques. Seule la notification au condamné de son exécution au minimum 72 heures au préalable est obligatoire, selon la législation indonésienne. Interrogé samedi par l’AFP, le porte-parole du Parquet général de Jakarta, Tony Spontana, a déclaré que la date des prochaines exécutions serait annoncée “dans les prochains jours”.
En France, des rassemblements en soutien à Serge Atlaoui, à l’initiative de l’association Ensemble contre la peine de mort en partenariat avec 19 autres ONG, sont prévus à Paris et Metz, ville du nord-est d’où est originaire le condamné.
Les appels à la clémence se multiplient
Alors que la deuxième vague d’exécutions cette année en Indonésie approche, après celle de janvier (six condamnés dont cinq étrangers fusillés), les appels à la clémence de pays étrangers se multiplient, à l’image de l’Australie, dont deux ressortissants risquent d’être fusillés dans les prochains jours.
La ministre australienne des Affaires étrangères, Julie Bishop, a réitéré les appels à la clémence de Canberra en demandant au président indonésien, Joko Widodo, de “changer d’avis”, lui qui se montre intransigeant sur l’exécution de condamnés à mort pour trafic de drogue.
Les membres de la famille de la Philippine Mary Jane Veloso, elle aussi condamnée à la peine capitale pour trafic de drogue, sont arrivés à Cilacap, où ils ont dû se frayer leur chemin face à de nombreux journalistes. “Nous faisons tout notre possible pour sauver la vie de Mary Jane”, a déclaré un porte-parole de la présidence philippine.
Rédaction Le HuffPost avec AFP
Publication: 25/04/2015