Pourquoi l’ex-président gambien s’est exilé en Guinée-équatoriale

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Yahya Jammeh salue pour la dernière fois ses partisans avant de rentrer dans l'avion du président Alpha Condé, à l'aéroport de Banjul le 21 janvier 2017. © STRINGER / AFP

Yahya Jammeh, l’ex-président gambien, est donc en exil en Guinée Equatoriale. Il est parti dans la nuit du samedi 14 au dimanche 15 janvier via Conakry où un avion du président Obiang l’attendait pour l’amener à Malabo. Mais, pour le moment, c’est le silence à Malabo. Contactées hier matin, les autorités se refusent même à confirmer l’arrivée de Yahya Jammeh. Mais pourquoi la Guinée Equatoriale ? Cette destination n’est pourtant pas celle qui avait été la plus évoquée au cours des négociations.

Selon plusieurs sources proches des négociateurs, la Mauritanie était sur les rangs pour accueillir Yahya Jammeh. Mais c’est la proposition marocaine qui était le plus sérieusement envisagée jusqu’à vendredi. Le Maroc, qui multiplie les offensives diplomatiques au moment où il souhaite réintégrer l’Union africaine, aurait notamment eu la préférence de l’épouse guinéo-marocaine de Yahya Jammeh.

Ce n’est que vendredi, au cours des ultimes négociations, que le président Obiang aurait offert l’asile à l’ex-chef d’Etat gambien, une offre qui aurait eu le double avantage de rassurer Yahya Jammeh face à d’éventuelles poursuites judiciaires, et de rassurer aussi l’équipe d’Adama Barrow et la Cédéao : « Il fallait mieux qu’il soit le plus éloigné géographiquement possible de Banjul », s’accordent nos interlocuteurs.

Toujours selon ces sources, l’option du Nigeria, proposée mi-janvier par le Parlement, aurait été écartée par Jammeh lui-même, d’une part parce que le Nigeria a été un des premiers pays à mobiliser ses troupes pour une intervention et d’autre part car Yahya Jammeh aurait craint d’être éventuellement rattrapé par la justice. En effet, du temps du président Obasanjo, Abuja avait offert l’asile au Libérien Charles Taylor, avant finalement de le livrer au Tribunal spécial pour la Sierra Léone.

De plus, le Nigeria est membre de la Cour pénale internationale, tout comme la Guinée. Conakry n’aurait d’ailleurs jamais été envisagée autrement que comme une étape, affirment nos sources.

L’opposition équato-guinéenne vent debout

Sauf que cet exil en Guinée-Equatoriale n’est du goût de tout le monde. La Convergence pour la démocratie sociale (CDPS), l’un des principaux partis d’opposition dans ce pays, a condamné dans un communiqué rendu public ce dimanche l’initiative du président Obiang d’accorder l’asile au dictateur gambien, Yahya Jammeh, en parlant d’une décision qui viole, selon lui, les lois en vigueur.

« Monsieur Obiang n’a consulté aucune institution, n’a consulté personne ici avant de prendre sa décision, c’est-à-dire que Monsieur Obiang ne respecte pas les institutions du pays, de la République, critique Andrés Esono, le secrétaire général de la CDPS. Il prend ses décisions comme il veut, et quand il veut. »

Et le CDPS ne veut pas d’un « dictateur » dans le pays. « Je crois que cet homme devrait faire face à la justice de son pays. Nous ne pouvons lui donner un exil d’or ici, quand il a commis beaucoup de crimes chez lui. »

 Par RFI Publié le 23-01-2017

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3 COMMENTAIRES

  1. La CEDEAO en voulant servir les intérêts des occidentaux a juste attisé la fibre ethnique en Gambie et a voir les va et vient du président Condé a Banjul pour sauver son frère malinké (substitut du mandingo) ,dont est issue yaya jammeh et le zèle ethnico politique du président macky sall a soutenir son frère peulh Adama barrow(peulh Barry),c était pitoyable.
    Un contentieux électoral, qui on pouvait résoudre facilement sans créer de tensions intitulés entre des ethnies.
    Comment Adama barrow va t il s en prendre face a la majorité mandingo?
    Pourquoi refuse t on le recomptage des voix en Afrique pour éviter des tensions ethniques?les USA ont recompte en Floride, les américains ont aidé les afghans a recompter,pourquoi pas en Afrique de l ouest qui de plus en plus se signale comme le premier foyer de tension politique dans le monde,et les mauvais élèves de la démocratie occidentale.
    Chaque année nait un contentieux électoral dans un pays CEDEAO ou c est la rébellion ou les attentats djihadistes.
    Que Adama barrow sache qui il est peulh mais gambien,vouloir rendre des comptes ne lui mènera nulle-part,s appuyer sur le peuple gambien lui sera salutaire que de s appuyer sur les forces de la CEDEAO.
    Aucun peuple ne veux d une force d interventions dans son pays, au début on acclamer à mais avec le temps ce serait une force d occupation pour le peuple même pour ceux qui l ont voté.

  2. LA HONTE DE JAMMAH .JE SAVAIT QU’IL ALLAIT PARTIR CAR IL N’EST PAS FACILE D’ALLER A CANOSA AVEC LES RESULTATS D’UNE ELECTION QU’IL AVAIT RECONNU SA DEFAITE.COMME PERSONNE NEST MORT C’EST UN POINT POUR LUI .RESTE A REPONDRE DE SES ACTES PENDANTS LES 22 ANS DE PRESIDENCE ET SURTOUT LES UN MOIS DE GABEGIE FINANCIERE AVANT DE MONTER DS CET AVION.

  3. Il y a des dictateurs dans tous les pays sans qu’on les denonce jusqu’au jour ou ils sont en difficulté que certaines langues se delient

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