Les pro-El Gueddafi donnent du fil à retordre au CNT

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EL WATAN (ALGERIE) – Alors que le colonel El Gueddafi et ses fils demeurent à ce jour introuvables, le nouveau pouvoir libyen éprouve encore toutes les peines du monde à prendre le contrôle des derniers bastions contrôlés par les partisans du dictateur déchu tels que Syrte et Beni Walid.

Les forces du Conseil national de transition (CNT) ne semblent même pas en mesure d’assurer la sécurité dans Tripoli où des combats les ont opposés vendredi aux pro-El Gueddafi. Les combats ont duré quelques heures et fait trois morts et une trentaine de blessés. Les éléments du CNT ont aussitôt procédé à des perquisitions de plusieurs maisons dans le quartier d’Abou Slim, connu pour sa fidélité à l’ancien régime, à la recherche d’armes. Aucune indication n’a été donnée concernant le nombre de personnes tuées ou arrêtées. Les éléments de Abdelhakim Belhadj, le chef du Conseil militaire de la ville de Tripoli, ont aussi lancé hier matin une vaste opération de ratissage dans plusieurs quartiers de la capitale libyenne de peur de voir se constituer un front anti-CNT à quelques encablures du bureau de Moustapha Abdeljalil.
Les affrontements avaient éclaté après une manifestation organisée à l’appel d’un animateur pro-El Gueddafi qui s’était exprimé sur la chaîne Arraï basée en Syrie.

La résistance acharnée que les partisans de l’ancien maître de Tripoli opposent en de nombreux endroits de la Libye à l’OTAN et aux troupes du CNT confirme qu’ils sont nombreux et qu’ils possèdent les moyens de faire durer le conflit, ou à tout le moins de contrarier les plans immédiats du Conseil national de transition. La preuve, les combattants du nouveau régime s’efforçaient hier encore – mais toutefois sans grand succès – de déloger de Syrte ce qui est présenté depuis au moins une dizaine de jours comme étant le dernier carré des pro-El Gueddafi. Ils font face à chaque offensive à de violentes ripostes qui stoppent leur progression, eux qui avaient présenté en début de semaine comme imminente la prise de cette ville dont est originaire le colonel El Gueddafi. Le CNT attend la chute de cette ville-symbole pour proclamer la «libération totale» du pays et former un gouvernement chargé de gérer la transition.

Un missile Stinger à 4000 dollars

Ce n’est pas tout. Des informations contradictoires circulent régulièrement parmi le CNT sur la présence de proches de l’ancien dictateur libyen dans les deux derniers bastions de Syrte et Beni Walid. Mercredi, la capture de Mouatassim El Gueddafi à Syrte avait été annoncée, avant d’être finalement démentie.
Ces informations, qui s’avèrent à chaque fois fausses, ont eu pour effet de discréditer les chefs militaires du CNT auxquels il est reproché leur amateurisme. Par ailleurs, les forces du CNT assiégeaient toujours l’oasis de Beni Walid, où les combats sont suspendus pour préparer la prochaine offensive contre les 1500 hommes pro-El Gueddafi toujours présents dans la ville, selon des commandants. Autre élément qui n’aide pas à un retour rapide à la normale : le problème de la circulation des armes. La Libye est devenue en l’espace de 6 mois un véritable arsenal à ciel ouvert. Des stocks énormes d’armes transitent dans la région menaçant la sécurité de l’ensemble des pays de l’Afrique du Nord et du Sahel.

La situation inquiète tellement que les Etats-Unis envisagent d’y envoyer des dizaines d’anciens militaires pour renforcer l’opération qu’ils ont engagée afin de «traquer et sécuriser les armes conventionnelles disparues» dans le cadre d’un programme de 30 millions de dollars. Cette opération pourrait se développer «pour devenir l’une des trois plus grandes opérations de récupération d’armes» jamais engagée par les Etats-Unis depuis celles d’Irak et d’Afghanistan. Jusqu’à maintenant, 14 contractuels et experts en armes américains ont déjà été envoyés en Libye dans le cadre de cette opération. Selon des révélations du Washington Post, les officiels américains craignent surtout que des lance-roquettes antiaériens ne tombent dans les mains de terroristes susceptibles de s’en servir contre les avions de tourisme survolant l’Afrique du Nord et le Proche-Orient : «Le gouvernement libyen avait jusqu’à 20 000 missiles de ce type et les entrepôts ont été pillés dans le chaos du soulèvement libyen», écrit le journal.
Face à l’abondance de l’offre, le prix des missiles Stinger a chuté de 10 000 à 4000 dollars ces dernières semaines.

Elwatan.com – Zine Cherfaoui – le 16.10.11

 

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