NIAMEY (AFP) – Les Nigériens ont voté samedi dans le calme pour se choisir un président civil après un an de pouvoir militaire, un scrutin dont le chef de la junte a souhaité qu’il soit exemplaire à l’heure où une crise post-électorale met la Côte d’Ivoire au bord de la guerre civile.
“Nous ferons le maximum pour qu’au plus tard dimanche nous proclamions les résultats globaux provisoires”, a dit Gousmane Abdourahamane, président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni).
Il a ensuite précisé que le résultat du duel entre l’opposant historique Mahamadou Issoufou, 59 ans, et l’ex-Premier ministre Seïni Oumarou, 60 ans devrait être annoncé “dimanche soir”.
“Je suis satisfait que les opérations de vote se soient déroulées dans le calme le plus absolu”, a-t-il assuré, saluant “la volonté” du chef de la junte, le général Salou Djibo de voir le scrutin se dérouler dans de bonnes conditions.
Le taux de participation à 18H00 (17H00 GMT), un peu avant la fermeture des bureaux de vote, “tourne autour de 35-38%”, a-t-il aussi indiqué.
Dès samedi soir, la Céni devait commencer à centraliser les résultats avant de les proclamer et de les transmettre au Conseil constitutionnel, qui dispose de quinze jours pour les valider.
Quelque 6,7 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes dans ce pays sahélien, important producteur d’uranium mais classé parmi les plus pauvres du monde, qui doit également faire face à la menace croissante d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Le chef de la junte depuis le coup d’Etat militaire de février 2010, le général Salou Djibo, a symboliquement ouvert le vote à Niamey.
“Si nous réussissons ce scrutin si honorable, nous aurons accompli ensemble cette démocratie qui servira d’exemple à l’Afrique”, a-t-il indiqué.
Après avoir voté à la mairie de Niamey, les deux candidats se sont dit chacun persuadés de remporter le scrutin.
“Je suis très confiant, la politique n’est pas un jeu d’arithmétique, tous les compteurs sont remis à zéro après le premier tour du scrutin, donc je ne vois pas pourquoi je ne passerais pas”, a déclaré Seïni Oumarou aux journalistes.
“Nous allons gagner cette élection, j’ai bénéficié de soutiens importants dont celui de l’ancien Premier ministre Hama Amadou (19%), je pense que les reports de voix seront tous aussi importants”, a de son côté clamé Mahamadou Issoufou.
A la demande du chef de la junte, les deux candidats ont promis qu’ils “accepteront” les résultats.
Le pays va tourner la page du putsch qui avait renversé le président Mamadou Tandja, après dix ans de pouvoir et une grave crise née de sa volonté de se maintenir au-delà de son second et dernier quinquennat légal.
Les deux finalistes ont des profils radicalement différents: M. Issoufou a été l’éternel adversaire du chef de l’Etat déchu et détenu depuis un an, alors que M. Oumarou est l'”héritier” autoproclamé de M. Tandja, dont il fut Premier ministre.
Arrivé en tête (36%) au premier tour, M. Issoufou part favori grâce au soutien de M. Amadou. M. Oumarou (23%) bénéficie pour sa part du ralliement de l’ex-chef de l’Etat Mahamane Ousmane (8%).
Le vainqueur devra “beaucoup travailler. Le pays a souffert, il doit rendre le Niger crédible à l’extérieur et nous sortir de la misère et des crises alimentaires”, indique Tankari Tiémogo, commerçant, 51 ans.
Pour Moussa Mahama, un artisan de 25 ans, le président élu “doit d’abord +cogner trop fort+ sur les terroristes (d’Al-Qaïda) qui ont fait fuir les touristes étrangers”.
Cette ancienne colonie française, indépendante depuis 1960, est devenue, avec le Mali et la Mauritanie, l’un des terrains de prédilection d’Aqmi, qui y a multiplié les rapts d’Occidentaux.
En janvier, deux jeunes Français avaient été enlevés en plein centre de Niamey. Les otages avaient été tués lors d’un opération de sauvetage manqué menée par des forces françaises en territoire malien.
AFP