Comme il fallait s’y attendre, le scrutin présidentiel en Algérie, du 12 décembre 2019, a été un fiasco total pour ce qui est de la participation et la diaspora algérienne de par le monde a rejeté ce scrutin présidentiel, voulu et imposé par l’armée, en refusant d’aller voter, tout comme dans les consulats algériens au Maroc où la participation était très faible, pour ne pas dire nulle.
Les résultats de cette présidentielle, tels qu’annoncés par le Président de l’Autorité Nationale Indépendante des Elections (ANIE), indiquent un taux de participation est de 41,14 % au niveau national et de 8,69 % pour la diaspora, soit un taux global de 39,83 %. Un taux des plus faibles des présidentielles pluralistes de l’histoire de l’Algérie. A remarquer qu’à Tizi Ouzou et Bejaia, le taux de participation frôlait le 0,0%.
Le taux d’abstention a atteint un niveau record, alors que la rue dénonçait un scrutin faussé par ceux qui sont au pouvoir depuis un demi-siècle. Au fait, où le Président de l’ANIE a vu cette ambiance de fête pour cette présidentielle tout en félicitant l’armée ? Il a certainement fait un rêve debout lors de la présentation des résultats !
Pour ce qui est du résultat final de cette joute électorale, il est inutile d’en discuter tant l’issue en était déjà ficelée avec des urnes bourrées à craquer, des votants inexistants ou décédés, un taux de participation à faire gagner un quintuplé au tiercé et un vainqueur au score à faire danser les fennecs du Sahara algérien.
Quant au président, élu avec au forceps dans cette mascarade d’élection, qu’est Abdemadjid Tebboune avec 58,15 % des votants, un nom à faire rire les plus déculottés des fennecs, il n’aura aucun pouvoir sur les grands dossiers et recevra des instructions venant d’Ahmed Gaïd Salah comme cela a toujours été le cas.
Ce nouveau président est, d’ores et déjà discrédité, car non reconnu par le peuple algérien. Aussi, se pose un vrai problème de légitimité électorale pour ce président propulsé par l’institution militaire. Et oui ! Un président élu dès le 1er tour avec seulement 5 460 000 de vote sur 25 000 000 de votes possibles, ce n’est qu’en Algérie où cela existe ! La honte !
C’est pourquoi, le Hirak poursuivra sa guerre d’usure contre les généraux algériens et la nomenklatura qui viennent de l’exclure d’un processus de transition politique qui aurait échappé à leur contrôle, avec le risque d’une remise à plat d’un système en place depuis l’indépendance en 1962.
En effet, depuis l’indépendance en 1962, l’Armée est un Etat dans l’Etat et la politique a toujours été une affaire de militaires. Mais, le peuple algérien a décidé de mettre ces dirigeants archaïques au pouvoir dans un musée hors norme et à la hauteur de leurs comptes bancaires, tant à l’étranger qu’à l’intérieur du pays, bien garnis.
A rappeler que la répression et les arrestations des citoyens et des militants politiques ont décuplées dangereusement dans toute l’Algérie la veille et le jour du scrutin présidentiel au cours duquel les policiers ont violemment réprimé les manifestants tant à Alger, Bouira, Tizi Ouzou, Bejaia, Tlemcen, Constantine, Oran et bien d’autres villes et ce, alors que des manifestations gigantesques s’étaient multipliées dans toutes les Wilayas du pays.
Fallait-il que le pouvoir algérien soit à ce point déconnecté de la réalité du pays pour qu’il ait pu croire que le peuple accepterait d’aller voter massivement ce 12 décembre 2019 ! Bien sûr que non ! Les urnes dans toute l’Algérie étaient bien vides, mais les prisons algériennes pleines à craquer de manifestants le jour du vote et après le vote contre cette parodie de présidentielle. L’élection qui vient de se dérouler a été un véritable fiasco historique. Rien qu’en Kabylie, la frondeuse, tous les bureaux de votes étaient déserts. Pas un chat ! Les rats pouvaient y faire la fête en toute liberté !
Immense, la contestation du peuple ne se dément pas, depuis le 22 février 2019, et le pouvoir militaire pourrait vaciller dans peu de temps, et ce n’est pas ce scrutin du 12 décembre 2019 qui sortira l’Algérie de l’impasse politique dans laquelle se sont embourbés les galonnés de l’Armée algérienne, dont Ahmed Gaïd Salah pavane en tête de liste.
Quant au risque migratoire, certains pays européens l’appréhendent car si départ il y a eu ces derniers mois, ils impliquaient surtout des éléments inquiets de la nomenklatura algérienne. Mais en cas de crise majeure en Algérie, les pays du Sud de l’Europe, tout particulièrement la France et l’Italie, auront affaire à des yachts people plutôt qu’à des boat people, de quoi faire tourner à plein régime l’économie chancelante de ces pays hôtes.
La présidentielle algérienne, qui vient de se dérouler, ne pourra qu’aggraver la situation car elle ne sortira pas l’Algérie de son impasse politique si aucun geste d’apaisement n’est donné par le régime dirigé par le Général Ahmed Gaïd Salah, à savoir son départ et celui de l’armée ainsi que celle de la nomenklatura des affaires de l’Etat.
Pour l’heure, quelle bonne affaire que ce simulacre d’élection présidentielle algérienne pour les compagnies pétrolières et gazières française et italienne que sont Total et ENI qui opèrent en toute liberté en Algérie au détriment du peuple algérien !
Un 43ème vendredi qui sera renversant pour le régime en place et le nouveau président algérien et ce, au moment même où l’opinion international l’observe d’un œil accusateur. Une bien triste idée de cette pauvre Algérie qui se déclare pourtant l’un des pays les plus riches d’Afrique !
Farid Mnebhi.