![Vaste manifestation-Munich](https://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2025/02/Vaste-manifestation-Munich-696x427.webp)
“Il faut arrêter le fascisme et pas le minimiser”: 250.000 personnes ont manifesté samedi à Munich (sud), mobilisées comme dans d’autres villes allemandes contre l’extrême droite, à deux semaines des législatives.
Sous un soleil radieux, 250.000 personnes selon la police, plus de 320.000 selon les organisateurs, étaient réunies pacifiquement sur la “prairie Thérèse”, vaste esplanade ovale dans le centre de Munich où se déroule chaque année à l’automne la Fête de la bière.
La manifestation bavaroise –dont la police a réhaussé à deux reprises le nombre de participants– a ainsi largement surpassé celle de dimanche dernier à Berlin au pied du Parlement allemand, où 160.000 personnes selon la police, 250.000 selon les organisateurs, s’étaient mobilisées sous un temps gris.
Cette série de protestations a été déclenchée la semaine dernière par le début de rapprochement du candidat conservateur (CDU) à la chancellerie, et favori des sondages, Friedrich Merz, avec le parti d’extrême droite, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD): il s’est appuyé sur cette formation pour faire adopter le 29 janvier au Bundestag une motion non contraignante visant à bloquer tous les étrangers sans papiers à la frontière, y compris les demandeurs d’asile.
Jusqu’ici les partis traditionnels refusaient toute coopération au plan national avec l’extrême droite, au nom du “cordon sanitaire” ou “pare-feu” dressé contre la formation nationaliste et hostile aux migrants.
Depuis, la CDU et son parti frère bavarois, la CSU, n’ont eu de cesse de répéter haut et fort qu’ils excluaient toute coopération et tout gouvernement de coalition avec l’AfD, deuxième dans les sondages.
“Je trahirais l’âme de la CDU si je tendais ne serait-ce que le petit doigt pour faire une telle politique” de coopération avec l’AfD, a déclaré samedi M. Merz, le président de la CDU, lors d’un congrès de la CSU à Nuremberg, l’autre grande métropole de Bavière, au nord de Munich.
“Celui qui veut vraiment un changement en Allemagne ne doit pas voter pour l’AfD”, a-t-il continué.
— “Ayez honte Monsieur Merz !” —
“Nous sommes le cordon sanitaire, nous sommes le pare-feu” contre l’AfD, a renchéri Markus Söder, le président de la CSU.
Des déclarations qui n’ont pas calmé les protestations à Munich. “Ayez honte Monsieur Merz ! Vous tendez la main aux extrémistes de droite et piétinez ceux qui ont besoin d’aide”, était écrit sur une pancarte brandie par un manifestant.
“Shame on you” (Honte à vous), clamait une autre affiche, tandis qu’une troisième interpellait les conservateurs avec le slogan “Les hommes politiques ont une fonction de modèle”.
“Je souhaite que les démocrates reprennent la main et que l’AfD soit refoulée”, a déclaré Joachim Hageböck, un Munichois de 64 ans. “Ça suffit qu’en Autriche, en Amérique et dans d’autres pays, tant de fascistes soient aux commandes, il faut s’y opposer”.
“Même les pommes de terre sont d’origine étrangère”, pouvait-on lire sur une affichette brandie par Sascha Mehlins, un Munichois de 29 ans.
Pour la journée de samedi, “les grands-mères contre l’extrême droite” –un mouvement créé en 2018 s’inspirant d’une initiative similaire en Autriche– avaient appelé à des manifestations dans plusieurs villes d’Allemagne. Selon la police, 24.000 personnes ont protesté à Hanovre (nord), 35.000 à Brême (nord).
Ni les mobilisations dans plusieurs villes allemandes, ni le bref rapprochement des conservateurs avec l’AfD n’ont eu d’effet majeur dans les sondages.
Les conservateurs restent premiers, autour de 30%, gagnant même selon certains instituts un point, l’AfD deuxième, tandis que les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz et les Verts –les deux partis actuellement au gouvernement– oscillent chacun autour de 15%.
La politique migratoire s’est retrouvée au centre de la campagne électorale après plusieurs actes de violences impliquant des étrangers, dont une agression meurtrière au couteau en janvier à Aschaffenbourg (ouest), imputée à un Afghan en situation irrégulière.