L’Egypte vacille dans la violence et s’enfonce dans la crise politique

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Des opposants au président Morsi, le 3 juillet place Tahrir au Caire. REUTERS
Des opposants au président Morsi, le 3 juillet place Tahrir au Caire.
REUTERS

En Egypte, l’ultimatum posé par le commandement militaire court toujours. Il demande au président Mohamed Morsi de répondre avant ce mercredi 17h, heure locale, aux revendications des manifestants qui réclament sa démission. Mais cette nuit, les tensions entre partisans et opposants du chef de l’Etat ont pris un nouveau tour, celui de la violence. Plus de 20 personnes ont été tuées après des affrontements dans plusieurs quartiers du Caire.

 

Les accrochages ont commencé dans un quartier populaire de Kit Kat. Des manifestants pro-Morsi marchaient vers la manifestation islamiste de l’université du Caire. Ils ont attaqué des autos qui portaient des autocollants demandant la démission du président.

 

 

Une bagarre a éclaté. Des armes blanches, des gourdins et même des pistolets à cartouches ont été utilisés. Ces accrochages se sont poursuivis jusqu’à l’université du Caire où le service d’ordre de la manifestation islamiste a commencé à tirer sur les anti-Morsi. Des tirs auxquels les opposants ont répliqué à l’arme automatique et au fusil d’assaut lorsque la police est intervenue pour séparer les partis.

D’autres accrochages se sont alors produits dans plusieurs autres villes d’Egypte. Selon un dernier bilan, plus de vingt personnes ont été tuées.

 

 

Le discours sans concession de Mohamed Morsi

Sur le plan politique, Mohamed Morsi a tenu un long discours à la télévision mardi 2 juillet. Il a affirmé être prêt à se sacrifier pour préserver sa légitimité. En clair, il n’est pas question pour le président égyptien de quitter ses fonctions d’ici l’expiration de l’ultimatum fixé par l’armée ce mercredi après-midi.

 

 

C’est donc un discours de défi que Mohamed Morsi a prononcé, un discours sans concession pour des millions d’Egyptiens qui sont descendus dans les rues pour demander son départ et qu’il a d’ailleurs accusés d’être des jeunes piégés par les résidus de l’ancien régime. Le président est apparu très nerveux en affirmant qu’il terminera son mandat.

 

 

Pour l’opposition, cette déclaration de Mohamed Morsi affirmant qu’il était prêt à donner sa vie pour défendre sa légitimité constitue un appel à la violence. Dans la nuit, l’armée a déclaré dans un communiqué qu’elle était prête à verser son sang pour l’Egypte et son peuple, en luttant contre les terroristes, les extrémistes et les fous.

 

 

Les scénarios possibles de cette journée

Si Morsi continue de rejeter les demandes exprimées par l’armée, celle-ci devrait dévoiler sa feuille de route pour la suite des opérations. Il y aura sans doute une communication télévisée de la part des forces armées, probablement en début de soirée.

 

 

Sur le fond, nul ne sait précisément ce qui est envisagé. Plusieurs pistes sont évoquées depuis lundi soir, mais notre envoyé spécial nous rapporte ce matin que dans la presse égyptienne, on parle du scénario suivant : suspension de la Constitution, nomination d’un comité chargé d’en rédiger une nouvelle qui sera ensuite soumise à référendum.

 

 

Une période de transition serait donc instaurée avec un Conseil présidentiel de trois personnes et un gouvernement de techniciens, dirigé, lui, par un représentant de l’armée.

 

 

Selon le journal Al-Ahram, des mesures spéciales seraient également prévues pour toutes les personnes qui s’opposeraient à cette feuille de route. Elles viseraient en priorité, bien sûr, les Frères musulmans.

 

Par RFI

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