L’international terroriste islamiste est au summum de son expansion depuis sa naissance dans les années 1980. Toutes les régions du globe, à des degrés divers, connaissent ce phénomène qui se nourrit du terreau fertile de la misère et de l’ignorance religieuse. Cependant, au sein de cette nébuleuse maléfique qui ne cesse de prendre de l’ampleur, une lutte fratricide se déroule entre les principaux groupes armés qui la composent. Une lutte dont le théâtre s’étend jusque sur le sol malien, entre les dunes de sables aux confins de l’Adrars des Ifogas.
Daech, anciennement appelé l’Etat Islamique en Iraq et au Levant, se veut la seule autorité terroriste radicale au monde. Des groupes armés comme Al Qaida ou encore Al Mourabitoune n’auraient donc d’autres alternatives, selon le Groupe Etat Islamique, que de les rejoindre. En termes plus claires : c’est rallier Daech ou périr. L’Emir de guerre, le créateur des « signataires par le sang » qui a ensuite changé de nom en Al Mourabitoune, en a appris à ses dépens. En effet, la branche libyenne de Daech fait circuler sur la toile depuis la fin d’année 2015 un avis de recherche encore plus cruel que celui que l’on retrouvait dans le Far West américain : Rien que mort. Sur Twitter par exemple, la description du chef de guerre ne laisse aucun doute. Il s’agit bien de Mokhtar Belmokhtar alias Khaled Abou Abass, le borgne, né en 1972 en Algérie. Cet ancien chef d’Al Qaida au Maghreb, se refugie en Libye après l’opération Serval au Mali. Il fut donné pour mort à maintes reprises et se cacherait dans la localité de Derna où il a fondé «Al Mourabitoune». Il se bat aujourd’hui contre le Califat de Daech.
La filiale libyenne de Daech qui veut asseoir son hégémonie sur toute l’Afrique subsaharienne voit d’un très mauvais œil la résistance que lui fait les autres groupuscules armés tels que Al Mourabitounes, Ansar-Dine ou encore le Mujao. Il est en cela tout le contraire de la secte Boko Haram qui se fait appeler désormais le Groupe Etat Islamique pour l’Afrique de l’ouest. D’ailleurs, de nombreux spécialistes du terrorisme islamiste disent qu’une lutte fratricide serait actuellement en cours dans le sud libyen, à Derna plus précisément, entre Al Mourabitounes et les combattants de Daech. Et la fatwa meurtrière de ce dernier contre Mokhtar Belmokhtar a été émise dans la foulée de cette lutte. De son côté, la bande à Belmokhtar ne jure que par le Sahel qu’elle voudrait en faire sa chasse gardée.
Même si au fond, leurs idéologies guerrières et extrémistes restent les mêmes, il faut dire que les principaux groupes armés composant l’international du terrorisme islamiste sont animés d’une forte rivalité entre eux. Reste à savoir si le Groupe Etat Islamique parviendra à s’imposer en Afrique subsaharienne et devenir ainsi la Norme ou encore la Référence de l’extrémisme religieux armé sur le continent noir.
Ahmed M. Thiam