Le vent de la révolution souffle sur la Libye :L’équation Kadhafi :Jusqu’où ira le Guide de la révolution libyenne dans sa croisade contre son peuple?

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Les heures, voire les jours à venir pourront être décisives pour l’avenir de son régime en proie à une vaste contestation sans précédent depuis plus d’une semaine. Pour les Libyens, le vent de révolution qui vient de souffler sur la Tunisie et l’Egypte va leur apporter à leur tour la liberté et la démocratie. Dans ces pays, le peuple s’est soudainement révolté contre cette véritable mafia qui gère son destin et son patrimoine mais pas forcément dans son intérêt.

La douloureuse répression (selon les organisations de défense de droits de l’homme qui avancent déjà le bilan macabre de 300 à 400 tués) montre à quel point le régime de Kadhafi est déterminé à aller au bout de sa logique. Malgré les défections enregistrées en son sein, à commencer par celle du ministre de la Justice et des ambassadeurs à l’étranger qui ont protesté contre l’usage excessif de la force contre les manifestants.

Mais la prudence s’impose car il est difficile d’obtenir des informations contradictoires dans le contexte actuel avec le verrouillage de tous les systèmes de communication.
rnDans sa première déclaration télévisée depuis le début des événements, le Guide de la révolution libyenne ne s’est pas départi de sa légendaire arrogance en annonçant les couleurs sur un ton à la fois guerrier et audacieux.‘’Mon fusil et moi, je vais combattre. Je n’ai peur de rien.’’
rnPas question de quitter le pouvoir, à plus forte raison son pays. Mouammar Kadhafi va se battre jusqu’à dernière goutte de sang.  Et il préfère mourir en martyr que d’accepter une vie d’errance à travers le monde. Avant lui, son fils cadet l’avait clairement exprimé. C’est une Libye nouvelle ou la guerre civile. Et le guide est très malin lorsqu’il évoque le massacre de Tien-a-men par les autorités chinoises et celui de Faloudia en Irak par les Américains.

L’énigmatique Kadhafi se pose comme le seul garant de l’unité et la cohésion nationale. ‘’Nous n’avons pas encore utilisé la force. La force appartient au peuple libyen’’. Si c’est nécessaire, il fera recours à la force. Contrairement à la Tunisie et l’Egypte, chaque jour qui passe permet à Kadhafi de peaufiner une véritable stratégie pour sauver coûte que coûte son régime en reprenant les choses en mains. Quel qu’en soit prix !

Comme l’avait dit, en mai 1982, le capitaine Thomas Sankara, alors secrétaire d’Etat chargé de l’information devant les micros de la radio et les caméras de la télévision: ‘’Malheur à ceux qui bâillonnent leur peuple !’’

Au delà de la Libye, la chute du régime de Kadhafi aura de lourdes conséquences sur plusieurs pays d’Afrique subsaharienne dans lesquels le ‘’frère Guide’’ jouait un rôle essentiel dans la résolution des problèmes internes. Pour ses obligés, dont une grande majorité de chefs d’Etat africains, le silence est d’or puisqu’ils ne pourront pas dire que le peuple libyen a eu tort de s’attaquer au régime de leur bienfaiteur qui se singularise par sa générosité et sa largesse. Ils ont le droit d’être inquiets et préoccupés par la situation très explosive. Tout comme ces associations au Mali qui annoncent des séances de prières et une marche pour soutenir Kadhafi. Alors que, au même moment, des milliers de jeunes Maliens sont dans l’angoisse à Tripoli et autres villes du pays. Ils vivent dans une atmosphère de peur et d’inquiétude que le gouvernement brille par son silence, coupable par la non assistance à citoyens en difficulté.

La crise libyenne a des conséquences économiques car le baril du pétrole continue de grimper à un niveau jamais égalé comme 2008. Une détérioration de la situation va avoir des répercutions sur le consommateur à Rome, Londres, Berlin, Bruxelles, Paris, et ailleurs ! C’est pourquoi les capitales occidentales condamnent timidement (le Conseil de sécurité a condamné). Même le président des Etats-Unis, Barack Obama, préfère pour l’heure laisser le champ à sa secrétaire d’Etat, Hillary Clinton. Le Monsieur de la célèbre formule ‘’Yes, we can’’ qui a pesé de tout son poids pour obtenir le départ du président Hosni Moubarak de l’Egypte, garde encore le silence. Peut-être que l’histoire n’est pas encore en marche en Libye. Qui sait ?
rnChiaka Doumbia
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