Les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme publient un livre qui s’assume comme une charge contre le président.
François Hollande n’est pas rancunier. Ses confidences aux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme pour leur livre précédent, Un président ne devrait pas dire ça, avaient facilité sa propre chute. Le voilà qui récidive, prêt à contribuer à la chute d’un autre, tant qu’à faire. Il raconte même aux auteurs du Traître et du Néant, qui paraît aujourd’hui chez Fayard, une anecdote qui ne va pas améliorer ses relations avec son successeur – et que conteste l’entourage de l’actuel chef de l’Etat. Lors d’un dîner à la fin du quinquennat précédent, Philae, le labrador de François Hollande, se fait les dents sur les lunettes de Brigitte Macron et les déchiquète. Quelques jours plus tard, rapportent Davet et Lhomme, “Hollande recevra la facture de la paire de lunettes de Brigitte Macron. L’ex-président soupire : ”Il faut oser, quand même…”
François Hollande ne veut pas dire du mal, mais tout de même… “Quand on a des convictions, vous ne prenez pas Darmanin au ministère de l’Intérieur !, glisse-t-il aux auteurs. Vous prenez un préfet, une personnalité assez forte, pas Darmanin. Mais pour cela il faut avoir de la cohérence politique.” Et puis encore : “Macron n’est rien ! C’est un déguisement successif. Il est tout à la fois, successivement. Un transformiste ! A court terme, c’est une habileté, et un tempérament. Mais à long terme c’est destructeur, car qu’on soutienne ou s’oppose, on a besoin de compréhension, d’avoir un cadre de référence.”
“Populiste de velours”, “populisme mondain”
Pierre Moscovici se croit plus malin que les autres, plus malin que François Hollande notamment, et lui aussi tombe dans le piège : les propos d’une grande violence qu’il tient contre Emmanuel Macron ne contribueront pas à apaiser les liens entre le chef de l’Etat et le premier président de la Cour des comptes : “Les Français ne l’aiment pas, il ne les connaît pas, il ne leur ressemble pas” : “populiste de velours”… Lui parle de “populisme mondain”, et le président n’a pas beaucoup plus apprécié : François Baroin décortique à son tour le phénomène Macron, les remises en cause qu’il a suscitées, la déstabilisation qu’il a provoquée et son analyse ne contribue pas à éclairer sous un jour favorable la personnalité, le comportement et les méthodes du chef de l’Etat.
Le livre s’assume comme une charge, contre l’homme (le traître) comme contre le macronisme (le néant) qui ne se révèle à l’usage être qu’une “aventure individuelle”, ce que Manuel Valls, avec le sens de la formule, résume ainsi : “Le macronisme a laissé la place à Macron.” Aussi Marlène Schiappa est-elle bien seule à oser lancer : “Je vais dire une phrase que je vais regretter, il a un truc un peu Madonna, un peu Lady Di, vous voyez ?” Certains témoignages, comme celui de Christophe Lannelongue, ex-directeur de l’Agence régionale de santé du Grand Est évincé pour sa gestion de la crise sanitaire, permettent de mesurer l’ampleur des malentendus qui se sont installés au cours du mandat. “Ce qui a manqué le plus dans le leadership de Macron, c’est une vision managériale, moderne, de ceux qui sont sur le terrain. Macron, contrairement à ce qu’il veut bien laisser croire, quand il dit qu’il est l’homme du changement, c’est tout le contraire : c’est l’homme du passé.” Des interrogations, sur le rôle de “l’entremetteuse” Mimi Marchand ou sur les conséquences de la nomination d’Eric Dupond-Moretti à la Chancellerie, nourrissent le procès du quinquennat. De celui qui a prévenu, in cauda venenum : “Je ne veux pas finir comme Hollande.”
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