Le Togo en proie à de fortes tensions avant 3 jours de manifestations à Lomé

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Des gendarmes font face à des manifestants, le 20 septembre 2012 à Lomé
© AFP

LOME (AFP) – (AFP) – Rassemblements dispersés à coups de gaz lacrymogène ou sous la menace de jeunes armés de gourdins, incertitude sur la date des législatives: le Togo est en proie à de fortes tensions, alors que l’opposition appelle à trois jours de manifestations dans la capitale.

“Ce que nous faisons n’a rien de politique, c’est juste du social”, explique sans rire un jeune homme arborant une hachette en guise de collier, au milieu d’une bande armée de bâtons, qui maintient à distance des manifestants réunis à Lomé à l’appel de l’opposition.

Il s’agit selon lui de protéger les personnes âgées du quartier, qui risquent d’être atteintes par des gaz lacrymogènes en cas d’affrontements entre policiers et manifestants.

Derrière lui, ses hommes arrêtent sans raison apparente un motard, qu’ils passent à tabac. Quelques policiers regardent sans intervenir et les organisateurs de la manifestation sont contraints de l’annuler, accusant la bande de jeunes armés de gourdins et de machettes d’être des miliciens du parti au pouvoir.

Ces incidents, survenus le 15 septembre et dénoncés par la communauté internationale qui a fait part de sa “vive préoccupation”, témoignent du climat tendu qui règne au Togo avant les élections législatives, prévues en octobre, mais qui devraient être repoussées.

Depuis plusieurs mois, le Collectif “Sauvons le Togo” – regroupement de neuf organisations de la société civile et sept partis et mouvements politiques de l’opposition – organise des manifestations, souvent dispersées par la police.

Les femmes du collectif avaient même appelé fin août les Togolaises à observer une semaine de “grève du sexe”, pour obliger les hommes à s’investir davantage à leurs côtés.

“Sauvons le Togo” réclame le départ du président Faure Gnassingbé, installé au pouvoir par l’armée après la mort de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a dirigé le pays d’une main de fer de 1967 à 2005. Faure Gnassingbé a remporté les présidentielles de 2005 et 2010, aux résultats contestés par l’opposition.

De nouvelles actions de protestation sont prévues mardi, mercredi et jeudi, pouvant donner lieux à des incidents puisqu’elles se dérouleront à Déckon, une place fréquentée de Lomé, où les rassemblements sont interdits.

Le gouvernement a interdit toute manifestation dans les lieux à forte activité commerciale de la capitale, invoquant des risques pour la sécurité publique.

“C’est fini d’aller aux élections pour faire plaisir, pour accompagner un régime fraudeur et faire plaisir à l’Occident. c’est fini”, tonne l’opposant Jean-Pierre Fabre, dirigeant de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), adversaire de Faure Gnassingbé à la présidentielle de 2010.

Les partisans du président Faure Gnassingbé assurent que le gouvernement est décidé à prendre de vraies mesures pour le changement, mais que celui-ci ne pourra se réaliser que progressivement, dans un pays où l’armée joue un rôle considérable.

Pour le ministre de l’administration territoriale, Gilbert Bawara, l’opposition se résume à des hommes assoiffés de pouvoir, sans réel programme pour le pays, en dehors du départ du président Gnassingbé.

“Et après ? Il se passe quoi après”, demande-t-il, suggérant que l’opposition serait incapable de faire face à l’armée si elle accédait au pouvoir.

Dans la rue togolaise, on parle moins de réforme politique et de limitation de mandats présidentiels que d’amélioration de la vie quotidienne: les manifestations se sont aussi nourries de la situation économique du Togo, un pays pauvre confronté à une baisse de la production de coton et à la stagnation de l’industrie du phosphate.

“Si la situation économique s’améliore, peu nous importe de savoir qui est le président”, souligne Kuegah Toyo Loïc, 25 ans, dans la boutique de téléphones mobiles de ses frères, dans le quartier de Déckon à Lomé. “On veut seulement à manger”.

AFP / 09:46 – 24/09/12

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