Célérité relative dans la proclamation des résultats et retenue totale des candidats en attendant ces résultats : Abidjan n’a pas fait école à Conakry. C’est dommage parce que le mercure monte en Guinée, les Etats-majors s’emballent, les militants s’en mêlent et inévitablement dans ces cas là, chaque camp revendique la victoire. Pire, des sites cités en référence publient des résultats partiels portant non pas sur 10% des suffrages comme l’a fait la Ceni mardi mais sur plus de 35%. Sur le site même de la Ceni, aucun résultat y compris celle qu’elle a elle-même rendu public il y a quarante huit heures.
Au contraire, l’institution de Siaka Sangaré met en garde contre les faux résultats et annonce dans sa page de garde que quatre producteurs de faux résultats ont été arrêtés et mis à la disposition de la Fossepel. Depuis mercredi, le pays volatile de Sékouba Konaté a tué la belle sérénité que nous avons saluée dimanche après un scrutin paisible. Heureusement, nous n’avons encore entendu ni Cellou Dalein Diallo ni Alpha Condé.
Ces deux finalistes savent que chacun de leurs propos peut mettre le feu aux poudres et ils doivent être salués pour leur silence jusque-là. Mais leurs staffs de campagne respectifs ont déjà parlé et ils ne peuvent pas l’avoir fait sur un coup de tête. C’est donc un avis de tempête.
En dépit du grand sens pédagogique que déploie le Général malien en s’expliquant, entre autres, longuement sur le système de centralisation des résultats et en s’interposant entre des militants chauffés à blanc et des responsables interloqués de la Ceni. Pour la paix cependant, le remède le plus efficace reste la proclamation rapide des résultats. Si cette échéance traîne en longueur, chaque camp y verra soit la preuve qu’ils ne sont pas recevables en l’état, soit qu’ils sont en train d’être tripatouillés. L’élection est décidément le ventre mou des démocraties africaines.
Adam Thiam