Le Sénégal ambitionne de rejoindre les BRICS. Quelles sont les chances ?

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Un nouveau pays africain a annoncé son désir à rejoindre les BRICS, en l’occurrence le Sénégal. Quelles sont les perspectives et les chances d’intégration, sous une forme ou une autre, de ce pays d’Afrique de l’Ouest ?

L’énorme intérêt à l’échelle mondiale pour les BRICS n’a rien de surprenant depuis un bon moment. L’une des principales organisations du monde multipolaire a non seulement pleinement prouvé sa valeur, mais a également confirmé les perspectives colossales de développement ultérieur. Cependant, l’intérêt croissant des pays représentant le Sud global et la majorité mondiale ne peut naturellement pas rester à l’écart.

Les arguments du Sénégal

Il convient bien évidemment de rappeler que la structure des BRICS dans sa forme actuelle ne se limite plus à ses cinq premiers pays membres – le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud – mais s’est également élargie à l’Iran, l’Ethiopie, l’Egypte, les Emirats arabes unis et l’Indonésie, qui sont tous ensemble des Etats membres à part entière de l’organisation. En outre, après le Sommet des BRICS de l’année dernière à Kazan, en Russie, un nouveau format d’interaction supplémentaire a été établi sous la forme des pays partenaires des BRICS. Actuellement, les Etats partenaires des BRICS sont : la Biélorussie, la Bolivie, Cuba, le Kazakhstan, la Malaisie, le Nigéria, la Thaïlande, l’Ouganda et l’Ouzbékistan.

Bien que le pays ait été longtemps associé à la place d’allié stratégique de la France en Afrique, le Sénégal d’aujourd’hui s’éloigne progressivement de cette étiquette

Bien sûr, les BRICS dans le format actuel 10+9 continueront de croître. L’intérêt récemment annoncé officiellement par le Sénégal à intégrer l’organisation internationale est intéressant dans le fait que le pays représente en quelque sorte un élément en mutation dans les réalités contemporaines. Longtemps associé aux intérêts français, le Sénégal moderne entre progressivement dans une réalité multipolaire, bien qu’il reste encore beaucoup de travail à faire.

Comme l’a déclaré Mme Yassine Fall, ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères du Sénégal, au passage économiste de formation : « Le Sénégal fait partie des pays qui ont apprécié la création des BRICS et sont en pourparlers avec [ce groupe] pour, certainement, en faire partie », écrit le portail sénégalais SenePlus.

« Le Sénégal a quelque chose à apporter aux BRICS en raison de sa stabilité, de ses ressources et de cet élan de développement industriel que nous voulons mettre en place », a-t-elle affirmé. Yassine Fall estime que « le Sénégal a un rôle à jouer » au sein de ce groupe de pays. Le Sénégal a des arguments à faire valoir pour son intégration dans ce groupe de 10 pays, insiste Mme Fall.

Elle considère également les BRICS comme « une alternative pour les pays du Sud », auxquels ce regroupement d’États donne « plus d’espace d’échange, d’expression et d’accès à des ressources monétaires ou commerciales ».

En effet, le Sénégal porte donc un intérêt certain envers les BRICS. Mais dans quelle mesure le Sénégal lui-même est-il prêt à intégrer, sous une forme ou une autre, les BRICS ?

Perspectives

Classé 107e au monde en termes de PIB nominal (18e en Afrique) et 102e en termes de PIB-PPA (également 18e à l’échelle africaine), le Sénégal figure néanmoins parmi les leaders déclarés en matière de croissance économique sur le continent africain. Selon les prévisions de la Banque africaine de développement (BAD), le Sénégal devait être classé deuxième en termes de taux de croissance le plus élevé en Afrique en 2024 (8,2%).

Possédant une superficie d’un peu plus de 196 000 kilomètres carrés et une population de plus de 18 millions d’habitants, le Sénégal occupe une position bien stratégique, entre les pays du Maghreb, la région du Sahel et les pays d’Afrique de l’Ouest ayant accès à la côte atlantique. Le Sénégal lui-même a lui aussi accès à l’océan Atlantique.

Pour revenir à l’économie. Bien que le pays ait été longtemps associé à la place d’allié stratégique de la France en Afrique, le Sénégal d’aujourd’hui s’éloigne progressivement de cette étiquette. Cela est d’ailleurs exprimé précisément dans le volet économique. Le principal partenaire économico-commercial pour les exportations sénégalaises étant le Mali, qui fait partie de l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel (AES) et étant par la même occasion l’un des principaux alliés de la Russie sur le continent africain. Quant au principal partenaire économico-commercial pour les importations en provenance de l’étranger – il s’agit de la Chine, avec une nette longueur d’avance. Il convient d’ailleurs de noter que la Russie fait également partie des principaux fournisseurs du Sénégal, les deux pays collaborant activement dans des domaines comme les produits pétroliers et les céréales.

Dans les faits, nombreux sont les observateurs en Afrique qui attendaient un plus grand rapprochement entre le Sénégal et les pays de l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel, non seulement d’ailleurs en raison des relations étroites de voisinage entre les habitants de ces pays, surtout dans le cas du Mali et du Sénégal, et des relations économico-commerciales fortes, mais aussi tout simplement en raison des réalités modernes – tant en Afrique qu’au niveau mondial – observées aujourd’hui. Peut-être d’ailleurs que cela se produira dans un avenir prévisible.

Quoi qu’il en soit, le Sénégal ne peut certainement pas encore prétendre à une adhésion à part entière au sein des BRICS, mais il faut pour autant considérer sa candidature en qualité d’Etat partenaire potentiel pour l’organisation. Notamment à la lumière des choix stratégiques à venir de Dakar, tant au niveau régional que continental et international. Si le Sénégal arrive à s’engager pleinement sur la voie des valeurs panafricaines et du monde multipolaire, à l’instar de ce qu’ont fait les pays membres de l’AES, alors les perspectives d’avenir du Sénégal, y compris avec les BRICS, peuvent être parfaitement justifiées.

 

Mikhail Gamandiy-Egorov, entrepreneur, observateur politique, expert en Afrique et au Moyen-Orient

Source: https://journal-neo.su/fr

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1 COMMENT

  1. At times Senegal is much like sex worker having customers who detest each other to degree those customers do not want to be client to anyone who serve other but, at same time Senegal is trying to serve both. President Faye should not perceive his personal life management as method by which to govern. There is appearance of him reaching out to everyone instead of reaching out to reliable partners plus obtaining their assistance in drafting feasible plan to get out of debt criminal Macky Sall left Senegal in.
    Africa First.
    People of Books.
    Henry Author Price Jr aka Kankan

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