Plusieurs policiers se sont rendus au siège de la société Koza Ipek ce mardi 27 octobre pour informer le conseil exécutif du groupe qu’il avait été remplacé par un conseil d’administrateurs nommés ce lundi.
Des membres de l’opposition, des journalistes et des manifestants se sont regroupés devant le siège du groupe Koza Ipek à Ankara et devant les bureaux de l’une des filiales à Istanbul ce mardi pour exprimer leur solidarité avec le conglomérat.
A Ankara, la police anti-émeutes déployée sur place a utilisé du gaz lacrymogène pour disperser les manifestants.
A Istanbul, les avocats du groupe ont tenté de bloquer les policiers pendant plusieurs minutes, arguant qu’ils n’étaient pas légalement autorisés à présenter la décision et à commencer à l’appliquer.
Mais les policiers, soutenus par la police anti-émeutes portant des masques à gaz, ont forcé le passage pour entrer dans les locaux.
Le député CHP Mahmut Tanal a parlé avec la brigade de police contre le crime organisé devant les caméras, en assénant qu’elle n’avait pas le droit de présenter la décision. Des véhicules de police, des équipes de police anti-émeutes et des canons à eaux blindés ont été déployés devant les bureaux de Koza Ipek à Ankara et Istanbul.
Mahmut Tanal.
A Ankara, Melek Ipek, la maman du président de Koza Ipek, Akin Ipek, a demandé à la foule de manifestants de se disperser. «Prions et rassemblons-nous avec nos pauvres, nos nécessiteux et nos étudiants. Laissez-nous rentrer à la maison si vous m’aimez», a-t-elle dit. Bugün TV, la chaîne du groupe Koza Ipek continuait à diffuser des informations mardi après-midi avec une bannière «Nous ne serons pas réduits au silence».
La bienfaitrice Melek Ipek est une femme très respectée en Turquie.
Cette mainmise sur les 22 sociétés de Koza Ipek, dont les chaînes de télévision Bugün TV, Kanaltürk et deux journaux, a lieu à quelques jours des élections parlementaires, prévues pour le 1er novembre. Les inquiétudes quant à a détérioration de la liberté d’expression et des médias en Turquie s’intensifient avec ce nouveau coup de massue. L’un des administrateurs nommés au nouveau conseil est un ancien directeur commercial du journal Sabah, résolument pro-gouvernemental et dirigé par le frère du beau-frère du président Erdogan, disent les articles d’information.
Ebru Africa-Mali