JERUSALEM (AFP) – Le Conseil de sécurité de l’Onu devait vendredi soir voter sur le projet de résolution franco-américain sur un arrêt immédiat des combats au Liban, lancés il y a tout juste un mois, auquel le Premier ministre israélien Ehud Olmert a finalement donné son accord.
La France et les Etats-Unis se sont dits confiants dans une adoption à l’unanimité du texte, qui devait être soumis au vote vers 18h30 (22h30 GMT) à New York.
Le projet appelle à la "cessation immédiate des hostilités" lancées le 12 juillet, au retrait des forces israéliennes le plus tôt possible du Liban sud, et prévoit d’augmenter jusqu’à 15.000 hommes les effectifs de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), actuellement de 2.000 hommes.
Dans la soirée, de nouveaux raids israéliens ont frappé un convoi de civils et de militaires libanais qui venaient de quitter le Liban sud vers le nord, faisant cinq morts et 23 blessés, tandis que les combats se poursuivaient au Liban sud entre soldats israéliens et miliciens du parti chiite libanais Hezbollah.
Quelques heures plus tôt, le gouvernement israélien avait annoncé que l’élargissement de l’offensive terrestre au Liban sud, décidée mercredi, allait commencer, jugeant par avance le projet de résolution au Conseil de sécurité, modifié pour tenir compte des exigences du Liban, "inacceptable en l’état".
Une première mouture du projet, préparée par la France et les Etats-Unis, avait été rejetée par Beyrouth en début de semaine, notamment parce qu’il ne prévoyait pas de retrait immédiat des troupes israéliennes du Liban sud.
Mais la radio publique israélienne a annoncé dans la soirée que le Premier ministre avait finalement décidé d’accepter la nouvelle version du texte.
Le gouvernement libanais n’avait pas fait connaître sa position et doit se réunir samedi pour examiner le texte.
Plus tôt, le porte-parole de la diplomatie israélienne, Marc Regev, avait annoncé que M. Olmert avait "décidé d’appliquer la décision du cabinet de sécurité prise mercredi et ordonné à l’armée d’agir contre des positions du Hezbollah à partir desquelles sont tirées des roquettes et des missiles visant des citoyens israéliens".
Cette offensive d’envergure, attendue depuis le feu vert donné mercredi par le cabinet de sécurité, devait viser à briser la résistance des combattants du Hezbollah, qui infligent des pertes importantes à l’armée israélienne et continuent de tirer quotidiennement des roquettes sur le nord d’Israël.
Cette offensive n’avait pas commencé dans la soirée.
L’annonce de son imminence est intervenue alors qu’à New York, les grandes puissances annonçaient avoir enfin trouvé un accord sur un texte visant à mettre fin à la guerre.
Les combats avaient commencé le 12 juillet, après la capture de deux soldats israéliens à la frontière israélo-libanaise.
L’Etat hébreu avait demandé leur libération, puis avait élargi ses objectifs, et affiché sa détermination à neutraliser le Hezbollah et à faire cesser ses tirs de roquettes sur le nord d’Israël, ce à quoi il n’est pas parvenu en un mois de combats.
Les bombardements quotidiens sur le Liban se sont doublés d’une offensive terrestre dans le sud du pays, fief du Hezbollah, où Israël a déployé 10.000 soldats.
Vendredi, chasseurs bombardiers, canons d’artillerie et patrouilleurs de la marine ont pilonné le nord, l’est et le sud du pays, de même que la banlieue sud de Beyrouth, où est implanté le Hezbollah, visée par une série de raids intenses, tuant quinze civils, selon la police.
Dans la soirée, cinq personnes ont été tuées, dont des militaires, et 23 blessées par des bombes larguées par des drones israéliens sur un convoi de voitures parvenu dans la plaine de la Békaa, dans l’est du Liban.
Le convoi, qui comprenait des centaines de soldats et de civils libanais fuyant les bombardements, avait évacué quelques heures plus tôt la ville de Marjayoun, au Liban sud, escorté pendant les premiers kilomètres par deux blindés de la Finul, qui l’avaient quitté au moment de l’attaque.
Selon le porte-parole de la Finul, "les forces israéliennes avaient été prévenues" du passage du convoi, "et avaient donné leur feu vert".
A Genève, le Conseil des droits de l’homme de l’Onu a adopté vendredi une résolution dénonçant les opérations militaires israéliennes et demandant une enquête sur les attaques "systématiques" par Israël contre les civils.
Le Haut commissaire de l’Onu aux droits de l’Homme Louise Arbour avait prévenu avant le vote que les responsables pouvaient être poursuivis pour crimes de guerre.
Dans les secteurs frontaliers au Liban sud, les combats se sont poursuivis vendredi entre unités israéliennes et combattants du Hezbollah, où un soldat israélien a été tué, selon la télévision du Qatar Al-Jazira.
Selon une source militaire israélienne, 16 soldats de Tsahal ont été blessés dans des accrochages.
Des unités israéliennes se heurtaient dans la soirée à une forte résistance du Hezbollah entre les villages de Aïnata et Quonine, au Liban sud, selon la police libanaise.
De son côté, la milice chiite a affirmé avoir "frappé et coulé" un patrouilleur de l’armée israélienne au large des côtes sud du Liban, ce que Tsahal a démenti.
De nouveaux tracts ont été largués par les Israéliens sur Beyrouth et Saïda, la principale ville du Liban sud, affirmant que le Hezbollah cachait ses pertes et donnant une "première liste" de 93 noms de combattants tués, alors que la milice chiite a reconnu la mort de 58 "martyrs".
L’offensive israélienne au Liban a fait plus de 1.100 morts, en majorité des civils, causé des destructions dévastatrices et entraîné une grave crise humanitaire avec plus de 900.000 déplacés, un quart de la population libanaise.
Côté israélien, 38 civils et 82 soldats ont été tués.
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