Le président et le sous-ministre

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On aimerait avoir tort mille fois, mais on est obligé de faire un pronostic négatif, jusqu’à preuve du contraire. Le Chef de l’Etat sénégalais ne fera rien contre ce sous-ministre (pour user du vocabulaire du Canard Enchaîné), transhumant en cachette, qui s’est payé le luxe démesuré d’insulter des magistrats/agents de l’Etat dans l’exercice de leurs fonctions. Quel citoyen sénégalais lambda peut se permettre un si gros écart contre des représentants de la loi et s’en tirer indemne ?

Autorité politique suprême, Macky Sall a prouvé à moult reprises qu’il n’est pas un fan des coups d’éclat. C’est une vérité factuelle. C’est peut-être une nature qui s’exprime ainsi en lui, mais on peut y voir également une incapacité drastique à trancher une question ou bien à sanctionner des fauteurs de troubles quand des situations le commandent.

Le comportement inadmissible de ce ministre politicien à l’endroit de magistrats de la Cour des comptes est une pratique inadmissible dans un Etat où les plus autorités vouent plus qu’un respect de principe aux institutions et aux hommes et femmes qui les incarnent. Sous cet angle, ce trublion indigne de porter des responsabilités gouvernementales n’a plus aucune légitimité à continuer de siéger à la table du conseil des ministres. Le temps qu’il a déjà passé à s’y asseoir, il pourra toujours s’en prévaloir dans son cv.

Pourquoi cette violence verbale et comportementale s’il n’a rien à se reprocher face au travail d’investigation annoncé dans son département ministériel ? Mais au fond, le problème, ce n’est pas vraiment ce ministre, encore moins ses victimes. C’est le président de la République. En tolérant jusqu’à l’absolution les propos d’un subordonné à la fois politique et étatique, il participe de fait à l’affaiblissement de l’institution judiciaire dont il est le garant fondamental de la bonne marche. Il est bien vrai que sous nos cieux, la magistrature n’est pas toujours exemplaire dans certains de ses compartiments, comme toutes les catégories professionnelles d’ailleurs.

Toutefois, il est indéniable qu’elle doit rester le pilier essentiel de ce qui devrait ressembler à un Etat de droit fort, juste et équitable. Dans la perspective d’un Etat démocratique puissant dans les limites de ce que la communauté peut accepter, il n’y a pas d’alternative. Un ministre qui se croit au-dessus de la loi et usant de gros mots à l’endroit d’agents de l’Etat, c’est finalement l’expression d’une impunité de principe à laquelle certaines personnalités ont été biberonnés jusqu’à la folie. Elles auraient bien raison de ne pas se gêner pour en profiter. Ministre jusqu’à quand ?

 Par Momar DIENG

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1 commentaire

  1. Tu comprend que c’est pas facile, puisque tu es incapable, toi pour qui la loi protège la liberté d’expression, de prononcer le nom de ce ministre. As-tu peur qu’il t’écorche vif ?
    Article nul

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