Après la mort le 8 juin 2009 de son père feu El hadj Omar Bongo Ondimba à 74 ans, après quarante deux ans de pouvoir, Ali Bongo Odimba le succède suite aux élections présidentielles de 2009. Jadis excellentes, les relations ne sont plus bonnes depuis un certain temps entre le Gabon et la France.
Dans une période récente un journaliste français, Pierre Péan a écrit un livre paru en octobre 2014 intitulé « Nouvelles affaires africaines » dans lequel il cite le Président gabonais dans plusieurs affaires : assassinats d’opposants, coup d’État électoral en2009 avec la complicité de Nicolas Sarkozy alors Président, fabrication de faux diplômes en France, falsification de son acte de naissance, qu’il n’est pas « le fils de son père » feu Omar Bongo Ondimba, qu’il est un enfant nigérian adopté à 10 ans par ce dernier et son ancienne épouse Joséphine pendant la guerre du Biafra au Nigéria à la fin des années 1960. Ensuite la justice française ordonna la communication de l’état civil complet du président archivé au service central d’état civil du ministère des Affaires Étrangères à Nantes pour lever le doute dans cette affaire. Les autorités gabonaises voient aussi d’un mauvais œil l’enquête judiciaire sur les présumés biens mal acquis de la famille Bongo en France.
Et cette fois-ci c’est le 1er Ministre français lui-même qui est à l’origine d’un véritable scandale. En effet Manuel Valls, puisque c’est de lui qu’il s’agit, déclenche un incident diplomatique entre les deux pays. Le samedi 16 janvier dernier, dans une émission télévisée de France 2 intitulée « on n’est pas couché », Manuel Valls, en répondant à une série de questions de l’humoriste Jérémy Ferrari devant plus de 2,1 millions de téléspectateurs, a tenu des propos qui n’ont guère été appréciés au Gabon. Selon lui ” Ali Bongo n’a pas élu comme on l’entend”, c’est-à-dire régulièrement comme l’a été Ibrahim Boubacar Keïta du Mali. Il n’en fallait pas plus pour que le Gabon rappelle en France son ambassadeur le lendemain pour consultation. Depuis l’arrivée d’Ali Bongo au pouvoir en 2009, c’est la troisième fois que le Gabon rappelle son ambassadeur Germain Ngoyo Moussavou en France pour consultation. Ces propos sont pour le moins stupéfiants car en dépit d’affaires politico-judiciaires qui brouillent parfois leurs relations, Ali Bongo a été plusieurs fois reçu par Nicolas Sarkozy puis François Hollande. Il était encore à l’Élysée en novembre avant la Cop 21. Aussi la France reste un acteur central de l’économie du Gabon, où plus de 100 entreprises françaises sont implantées, dont la compagnie pétrolière Total. L’armée française dispose aussi d’une base à Libreville où sont stationnés plus de 400 soldats français.
A Libreville, la gaffe de Valls réjouit les opposants de Bongo qui estiment que ces propos confirment ce qu’ils savaientdéjà et qu’Ali Bongo doit tirer les conclusions de « son imposture » en démissionnant avant les élections présidentielles prévues en août prochain. Embarrassées, les autorités françaises, à travers le ministère des Affaires Étrangères, ont rappelé les relations amicales qui existent entre les deux pays et parlent d’un malentendu tout en expliquant que “la France est très attachée à ses relations avec le Gabon sous la conduite du président Bongo”. Manuel Valls devrait se rendre au Gabon en février prochain, ira-t-il ? Malin qui pourra répondre à cette question.
Mr Séran SACKO