- «Non à la division. Oui à la cohésion ! Non aux chamailleries d’arrière-garde. Et oui au rassemblement pour les véritables causes prioritaires de l’Afrique»
Après le deuxième round de négociations entre le Maroc, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie, qui s’est tenu, du 21 au 22 mars dernier, près de Genève, en Suisse, sous l’égide de l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Horst Khöler, la ville de Marrakech, au Maroc, a abrité ce lundi 25 mars les travaux de la Conférence ministérielle africaine sur l’appui de l’Union Africaine (UA) au processus politique des Nations Unies sur le différend régional au sujet du Sahara marocain.Etaient présentsà ce grand rendez-vous, 37 pays africains issus des cinq sous-régions du Continent. Il s’agit des ministresdont 18 ministres des Affaires étrangères, des secrétaires généraux et des Ambassadeurs. A l’ouverture des travaux, le ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale du Royaume du Maroc, Nasser Bourita a rappelé que : «La Décision 693 adoptée par les Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine, à Nouakchott, en juillet 2018, sur la question du Sahara marocain, contribue, assurément, à installer la sérénité dans les travaux de l’UA sur la question du Sahara marocain». Avant de déclarer : «Non à la division. Oui à la cohésion ! Non aux chamailleries d’arrière-garde. Et oui au rassemblement pour les véritables causes prioritaires de l’Afrique». Nous vous livrons son discours en intégralité.
«Mesdames et Messieurs les Ministres,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Chères sœurs et chers frères,
Permettez-moi, tout d’abord, de vous souhaiter la bienvenue chez vous, au Royaume du Maroc, dans la ville de Marrakech.
Tout au long de son histoire, cette ville a été un lieu de rencontre et de rassemblement, en particulier pour l’Afrique et ses nations.
C’est, donc, un réel plaisir de vous recevoir ici. Je tiens à vous remercier vivement, chacune et chacun, d’avoir pris la peine du déplacement. Car, votre présence ici, aujourd’hui, est importante.
En effet, notre réunion se tient à un moment où l’Afrique fait face à des défis substantiels, qui exigent que l’on se rencontre plus, que l’on se concerte plus et que l’on travaille davantage ensemble.
Aujourd’hui à Marrakech, demain dans d’autres villes africaines, on doit pouvoir nous réunir dans différents formats, pour avancer sur les sujets importants pour l’Afrique.
Car, des attentes considérables pèsent sur nos pays et notre continent. Ce sont les attentes d’une jeunesse affranchie des dogmes du passé, lucide sur ses besoins et exigeante dans ses aspirations. Cette jeunesse même qui est la raison d’être des projets structurants de l’Afrique de demain : la ZLECAf, l’Agenda 2063, l’Open Sky …
L’intérêt supérieur de l’Afrique nous appelle, donc, au rassemblement ; il nous interdit de nous tromper de combat. Notre mot d’ordre est le même : celui de l’unité, de la cohésion et de la cohérence.
Cohérence, avec nous-mêmes Africains d’abord ; avec l’Organisation qui nous unit et avec les partenaires qui nous interpellent.
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Dans le Discours qui a marqué le retour du Royaume du Maroc au sein de sa famille institutionnelle, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu L’Assiste, a établi la feuille de route du Royaume du Maroc au sein de l’Union Africaine :
« Loin de nous, l’idée de susciter un débat stérile ! Nous ne voulons nullement diviser, comme certains voudraient l’insinuer ! Vous le constaterez : Dès que le Royaume siègera de manière effective, et qu’il pourra apporter sa contribution à l’agenda des activités, son action concourra, au contraire, à fédérer et à aller de l’avant ».
La Conférence d’aujourd’hui est l’exacte illustration de cette Vision Royale, en ce qu’elle entend, précisément, fédérer et à aller de l’avant.
Cet esprit de rassemblement n’est pas une posture de circonstance, mais une position de constance.
Il découle de l’essence même de la Politique africaine de Sa Majesté le Roi, qui repose sur les principes de responsabilité, de solidarité et de clarté.
Cette orientation pousse, aujourd’hui, le Maroc à s’opposer à tout débat stérile exploitant la question du Sahara marocain, et à condamner les manipulations politiques et les surenchères manichéennes.
C’est cela le message fort que porte chacun et chacune d’entre vous, et nous tous ici réunis aujourd’hui :
Non à la division ; oui à la cohésion ! Non aux chamailleries d’arrière-garde ; et oui au rassemblement pour les véritables causes prioritaires de l’Afrique.
Chers Sœurs et chers Frères,
Notre Continent, est arrivé, aujourd’hui, à un stade de maturité. Notre responsabilité est de lui donner les conditions de sérénité, pour l’optimiser.
La Décision 693 adoptée par les Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine, à Nouakchott, en juillet 2018, sur la question du Sahara marocain, contribue, assurément, à installer la sérénité dans les travaux de l’UA sur la question du Sahara marocain
Une sérénité à l’échelle de l’Union Africaine : en consacrant un mandat exclusif de la Troïka, elle met fin à la cacophonie et à la prolifération d’actions à tout va.
Une sérénité à l’échelle du continent africain : Car, elle rejoint la position de l’écrasante majorité des pays africains – qui sont d’ailleurs présents ici aujourd’hui, et qui soutiennent tous, sans exception, le processus politique au sein des Nations Unies.
Une sérénité enfin, à l’échelle des institutions internationales : Car, la décision dispose que la Troïka doit apporter un soutien efficace et un « appui aussi large que possible aux efforts que mènent les Nations Unies » sur la question du Sahara marocain.
Ainsi, la décision 693 replace la question du Sahara marocain dans son cadre idoine : celui des Nations Unies. Elle, permet, de ce fait, de dépolluer les travaux de l’UA, et d’immuniser l’Union face à toute tentative inappropriée de la dévier du chemin de l’unité et de l’intégration.
Dès lors, elle préserve la cohésion de notre organisation, face à une question qui l’a toujours divisée.
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
C’est cela le sens authentique de la Décision 693. Elle ne doit être ni réinterprétée, ni contournée ni instrumentalisée. Il nous appartient de la prémunir, de la préserver, et de la conforter. C’est ce message que nous réaffirmons en faisant de cette conférence une plateforme pour rejeter toute ambigüité.
Cette démarche de mise au clair passe par la consolidation des paramètres et directives établis par la 693 à savoir :
L’exclusivité des Nations Unies dans la recherche de la solution politique : l’ONU est la seule responsable du dossier du Sahara marocain.
L’exclusion de tout processus parallèle à celui des Nations Unies : les Nations Unies demandent à l’UA un rôle de soutien et d’appui aux efforts des Nations Unies, et non d’interférence dans ces efforts.
Le soutien de l’UA aux efforts des Nations Unies : c’est-à-dire appuyer, préserver et protéger les efforts du Secrétaire Général et son Envoyé Personnel, et non pas les compromettre ou les concurrencer par un processus parallèle.
La Troïka est l’instrument pour affirmer ce soutien : la référence à la question du Sahara marocain, doit se faire, uniquement, au niveau de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement, via le mécanisme de la Troïka.
Ce sont ces mêmes paramètres qui permettent à l’UA de se poser en soutien au processus politique mené dans le cadre des Nations Unies, et de s’inscrire dans la lignée des résolutions du Conseil de Sécurité, qui appellent à une « solution politique, réaliste, pragmatique et durable, qui repose sur le compromis ».
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
La position que nous exprimons aujourd’hui ne cherche, en aucun cas, à minorer le rôle de l’Afrique. Bien au contraire ! Comme l’a dit Sa Majesté le Roi, « c’est à l’Afrique que le Royaume cherche à donner le leadership ».
Or, il n’y a pas de leadership sans unité. Impliquer l’Afrique reviendrait à cultiver sa propre division, voire à courir le risque de son implosion, en consommant la rupture entre deux tiers de ses Etats membres qui refusent résolument de reconnaître l’inacceptable et un groupe de pays qui s’obstine encore à maintenir des positions anachroniques sur le Sahara marocain.
Le leadership ne se construit pas en reproduisant les erreurs du passé. Or, souvenons-nous de l’expérience de la fin des années 70-début des années 80, qui a montré que la réintroduction de ce dossier pourrait être fatale pour l’unité de l’organisation.
En revanche, le leadership c’est rassembler ; c’est fédérer les efforts autour des enjeux importants de notre Continent, notamment en matière de développement durable, de paix, de sécurité et de stabilité.
Le leadership c’est, enfin, veiller à la cohésion des pays africains dans une mise en œuvre sereine et apaisée des processus liant l’Union Africaine à ses partenaires extérieurs.
En prenant part à cette Conférence, vous vous placez donc dans le respect du processus onusien, dans la confiance des institutions habilitées à se saisir de la question, et dans la légitimité de la légalité internationale. En somme, vous vous mettez du bon côté de l’histoire.
Je vous remercie pour votre attention.
El Hadj A. B. HAIDARA depuis Marrakech, au Maroc