Le procès de Bosco Ntaganda doit s’ouvrir le 2 septembre devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, aux Pays-Bas. Le milicien est accusé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis en 2002 et 2003 dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Par RFI – De notre correspondante à La Haye, Stéphanie Maupas
L’acte d’accusation du procureur ne couvre que dix mois des 41 ans de la vie de Bosco Ntaganda, et pourtant… Il décrit une longue litanie de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre qu’aurait commis ce milicien de carrière entre le 6 août 2002 et le 27 mai 2003.
Ex-chef d’état-major en second des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), l’une des nombreuses milices qui fleurissent dans l’est Congolais, Bosco Ntaganda doit répondre de dix-huit chefs d’accusation pour meurtres, viols, esclavage sexuel, attaque de civils et de biens protégés, pillage, transfert forcé de population, et enrôlement d’enfants de moins de 15 ans.
Des crimes commis au cours de deux séries d’attaques, destinées, selon l’accusation, à s’emparer de l’Ituri, dont les sous-sols d’or, de diamants, de coltan, suscitent depuis bientôt vingt ans les plus criminelles convoitises.
Selon l’accusation, Terminator a du sang sur les mains
Si le chef Bosco Ntaganda doit répondre de ces crimes en qualité de supérieur hiérarchique, Terminator, de son nom de guerre, aurait aussi du sang sur les mains, et la réputation tenace d’éliminer ceux qui se placent sur sa route, ennemis ou alliés. Selon le dossier du procureur, en novembre 2002, il aurait assassiné le prêtre Boniface Bwanalonga de plusieurs balles dans la tête.
A la même période, Terminator aurait enlevé, avec l’aide de ses gardes du corps, trois religieuses d’ethnie Lendu, milice ennemie des Hemas de l’UPC. Conduites ensuite dans son appartement de la mine d’or de Kilo Moto, les trois femmes auraient été violées sous ses ordres et par ses miliciens. Au cours de ses conquêtes, il aurait aussi raflé, sur son passage, voitures, médicaments, lecteurs de DVD, ordinateurs, motos…
Ntaganda risque jusqu’à 30 ans de prison
Le milicien d’origine rwandaise se prépare, devant la CPI, à un combat dans lequel il risque jusqu’à 30 ans de prison. Bosco Ntaganda avait fait l’objet d’un premier mandat d’arrêt de la Cour en 2006, pour le seul enrôlement d’enfants de moins de 15 ans dans ses troupes. Six ans plus tard, alors qu’il était toujours en fuite, le procureur l’accusait aussi de crimes contre l’humanité.
Or, selon plusieurs sources, Bosco Ntaganda ignorait l’existence de ce second mandat d’arrêt lors de sa reddition à l’ambassade américaine à Kigali le 18 mars 2013. Une reddition préparée depuis plusieurs semaines, sur fond de scission au sein du M23, le Mouvement du 23 Mars, la dernière milice à laquelle il émargeait et dont il fut le fondateur.
Conflit ethnique
Mais Bosco Ntaganda ne répondra pas des crimes commis au sein de cette milice, sur lesquels le procureur n’a pas enquêté. Pourtant, selon l’ONU, la chaîne de commandement du M23 remonte jusqu’au ministre de la Défense du Rwanda, James Kabarebe.
Mais depuis le début de ses enquêtes dans l’Est du Congo en 2005, le procureur a soigneusement épargné les régimes impliqués dans les guerres du Kivu et de l’Ituri : Congo, Rwanda, Ouganda. Le troisième procès engagé par la Cour sur les drames de l’Ituri, après ceux de Thomas Lubanga, Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo, sera encore une fois vu sous le seul angle ethnique.
Interférences avec les témoins
Le procureur présentera son premier témoin le 15 septembre. Au cours des mois qui suivront, devraient défiler de nombreux experts, des membres de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), des victimes directes des crimes et aussi des insiders, ex-alliés ayant accepté de témoigner contre l’accusé. Depuis un an, Bosco Ntaganda est soupçonné d’avoir tenté d’interférer, depuis sa cellule, dans l’enquête du procureur. Ses conversations téléphoniques – systématiquement enregistrées – ont été passées au crible.
S’exprimant parfois en Kihema, une langue que ne parlent pas ses geôliers, ou en langage codé, il aurait évoqué deux témoins protégés avec son interlocuteur, proposé de « faire taire » l’un d’entre eux, et affirmé que si ces témoins se désistaient, le procès « s’effondrera ».
La sécurité, c’est l’une des raisons pour lesquelles le procès de Ntaganda ne … Lire la suite sur rfi.fr …