Les opérations de vote ont démarré vendredi au Ghana , où les électeurs élisent leur nouveau président au cours d’un scrutin a priori serré dans un pays qui soigne son image de démocratie exemplaire en Afrique de l’Ouest, une région souvent secouée par les coups d’Etat et les crises post-électorales.
La bataille pour la présidence de cet Etat nouvellement pétrolier oppose le dirigeant par interim John Dramani Mahama et son principal rival d’opposition Nana Akufo-Addo.
Six petits candidats participeront également au scrutin et pourraient s’attirer assez de voix pour empêcher l’un des deux principaux rivaux de remporter l’élection dès le premier tour, auquel cas les Ghanéens voteraient à nouveau le 28 décembre.
A Accra, de longues files d’attente se sont formées vendredi devant plusieurs bureaux de vote, où des électeurs ont passé la nuit pour être les premiers à glisser leur bulletin dans l’urne, a constaté un journaliste de l’AFP.
L’ouverture de plusieurs bureaux a été retardée à cause de matériel qui n’avait pas été livré, causant la colère d’électeurs et de responsables politiques. Le Ghana expérimente le vote biométrique pour la première fois, afin d’éviter les fraudes.
“Ca ne se passe pas bien”, à déclaré George Lawson, un responsable du NDC (Congrès démocratique national, au pouvoir), à l’AFP, se plaignant du manque de matériel dans certains bureaux.
Asante Kissi, de la commission électorale, a minimisé les dysfonctionnements, déclarant que les bureaux qui ont ouvert en retard resteraient ouverts au-delà de l’horaire de fermeture prévu, à 17h00 locales et GMT.
Un bureau de vote de l’est d’Accra, un quartier considéré comme un des bastions du NPP (Nouveau parti patriotique, opposition) a ouvert avec plus de deux heures de retard, alors que 400 électeurs environ faisaient la queue à l’extérieur.
“Tout est arrivé en retard”, a expliqué George Yeboah, un des assesseurs, à l’AFP.
Dans d’autres quartier de la capitale ghannéenne, le vote se déroulait sans encombres vendredi et les électeurs se disaient fiers de participer au scrutin.
“Je dois voter car je suis Ghanéenne et les élections, c’est mon avenir”, confiait Comfo Baiden, une couturière qui a patienté toute la nuit sur une chaise en plastique pour pouvoir voter avant de commencer le travail à 8h00.
Mahta Amwa, une électrice de 57 ans, mère de 4 enfants, qui “vote depuis 1992” attendait devant un autre bureau de vote depuis quatre heures du matin, parce qu’elle voulait “être la première” à mettre son bulletin dans l’urne.
Le président Mahama, âgé de 54 ans, candidat du NDC, n’a accédé au pouvoir qu’en juillet, à la mort de son prédécesseur John Atta Mills des suites d’une maladie foudroyante. Il était jusqu’alors vice-président.
Son rival du NPP, Nana Akufo-Addo, âgé de 68 ans, avait perdu la présidentielle de 2008 de moins de 1% des voix et compte renverser la situation cette fois-ci.
Les électeurs devront aussi désigner un nouveau parlement qui comprendra 275 sièges au lieu de 230 précédemment. Le NDC avait obtenu quelques sièges d’avance sur le NPP en 2008.
Les deux principaux partis ont alterné au pouvoir depuis l’avènement du multipartisme en 1992, faisant du Ghana un modèle de stabilité dans une région où les élections sont souvent synonymes de crises violentes. C’est d’ailleurs à Accra que le président Barak Obama avait effectué sa première visite en Afrique sud-saharienne en 2009.
Le Ghana est aussi considéré comme une nation émergente, avec une forte croissance économique due en grande partie à ses exportations de cacao et d’or, auxquels vient s’ajouter, depuis 2010, une production pétrolière encore modeste mais pleine de promesses.
La campagne a été plus axée que jamais sur les programmes des candidats, même si les appartenances ethniques et régionales continuent à avoir leur importance.
Le Nord, plus pauvre, est la région natale de Mahama et le bastion du NDC avec la région de Volta, dans l’Est. Le NPP domine dans le centre. L’Ouest et la région d’Accra (sud-est) sont considérés comme plus changeants.
La gestion de la manne financière générée par le pétrole a été au coeur des débats. Mahama a promis plus d’investissements dans les infrastructures, Akufo-Addo a défendu sa promesse-phare, le lycée gratuit pour tous.
On compte 14,7 millions d’inscrits sur les listes électorales et les résultats devraient être communiqués dans les deux jours suivant l’élection.