Sa Majesté le Roi Mohammed VI, accompagné de SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan et de SAR le Prince Moulay Rachid, a adressé, vendredi 08 octobre 2021, un discours au Parlement à l’occasion de l’ouverture de la 1ère session de la 1ère année législative de la 11ème législature.
Le Discours d’ouverture du Parlement intervient, cette année, après la séquence de désignation d’un nouveau gouvernement et le parachèvement de la constitution des exécutifs des Régions, des Villes et des différents conseils communaux et provinciaux, suite aux élections législatives, régionales et communales du 8 septembre.
Ces scrutins ont été organisés le même jour, ce qui a été une première dans l’histoire politique et institutionnelle du Royaume. Ils ont connu un taux de participation important et permis un large renouvellement au sein des instances représentatives aussi bien à l’échelle du Parlement qu’au niveau des conseils des collectivités territoriales.
Sa Majesté le Roi a salué la bonne organisation des dernières élections, lesquelles « se sont déroulées dans un climat positif et ont été marquées par une large participation, notamment dans nos Provinces du Sud ». Pour le Souverain, « ce scrutin consacre la victoire du choix démocratique fait par le Maroc, ainsi que la normalité des alternances dans la gestion des affaires publiques », au-delà de la victoire de tel parti ou tel autre.
Le Discours inaugure ainsi une nouvelle étape prometteuse sur la voie de la consolidation du modèle institutionnel et politique marocain, du développement économique et social et de la défense de la position et des intérêts supérieurs du Royaume.
Un discours inaugural, de cadrage stratégique de la Législature, autour de 3 grandes priorités :
Après la séquence fluide et réussie de la formation et de l’installation du nouveau gouvernement, l’ouverture du Parlement par Sa Majesté le Roi donne le coup d’envoi à un nouveau cycle politique et d’action publique, à l’échelle nationale et au niveau des collectivités territoriales.
Les 5 prochaines années seront décisives pour relever les défis du développement et avancer dans les grands chantiers ouverts par le Souverain.
Sa Majesté le Roi fixe les priorités stratégiques de cette Législature, qui s’inscrivent dans 3 grands pôles :
Les questions de souveraineté et de défense des intérêts supérieurs du Royaume et de son positionnement régional et international.
Sa Majesté a rappelé que la crise pandémique a révélé le retour en force du thème de la Souveraineté, avec des enjeux de compétition internationale –qui suscite des réactions fébriles chez certains.
Un focus Royal a été mis sur la sécurité des besoins et approvisionnements stratégiques (alimentaires, énergétiques, médicaments, …).
Contrairement à de nombreux pays ayant connu d’importants dysfonctionnements dans la fourniture et la distribution des produits de première nécessité, le Maroc a réussi à gérer ses besoins en la matière et à assurer un approvisionnement normal et suffisant de ses marchés ; et ce, malgré les tensions que connaissent les marchés mondiaux et les chaines logistiques…
Aussi, afin de consolider l’autonomie et la sécurité stratégiques du pays, Sa Majesté le Roi a ordonné la mise en place d’un dispositif national intégré portant sur la réserve stratégique de produits de première nécessité, notamment alimentaires, sanitaires et énergétiques, avec une mise à jour continue des besoins nationaux.
L’injonction Royale sur ce sujet hautement stratégique procède d’une lecture géopolitique et géoéconomique, tirant les leçons de la crise Covid-19 et prenant en considération les risques et les incertitudes d’un environnement international en perpétuelles turbulences.
Ce devrait donc constituer un axe important du nouveau programme gouvernemental, lequel aura notamment à prévoir la réforme du cadre juridique organisant les stocks de sécurité, l’engagement d’investissements conséquents dans les capacités nationales de stockage et de réserves stratégiques, ainsi que le développement de la production nationale de certains produits importés.
II- La relance de l’économie, notamment pour surmonter les difficultés créées par la crise pandémique du Covid-19. Le Souverain livre une vision optimiste et rassurante, et affirme que le Maroc va poursuivre sereinement son projet de développement, tout en en accélérant le rythme.
III- Le déploiement du nouveau modèle de développement (NMD).La Législature va être la première dans la mise en œuvre du NMD. Le gouvernement et le Parlement vont inscrire leur action dans le cadre du référentiel que constitue le « Pacte national pour le développement ».
Un discours d’optimisme, de confiance et d’incitation à la prise d’initiative sur le plan économique et de l’investissement
Chiffres à l’appui, le Souverain invite à regarder la situation économique avec optimisme et réalisme.
En effet, les indicateurs de la conjonctureau titre de 2021 sont plutôt bons, voire très satisfaisants lorsqu’on les compare à ceux de certains pays voisins (qui connaissent, par exemple, des niveaux supérieurs d’inflation et de pression sur les réserves en devise).
La croissance économique va dépasser 5,5% (des projections tablent sur 5,8% ou même 6%). C’est un taux jamais réalisé depuis des années, et il est aujourd’hui l’un des plus élevés de la région MENA et en Afrique. Ce taux de croissance permet à la richesse nationale de revenir pratiquement à son niveau d’avant la crise épidémique du Covid-19.
Grâce à une gestion réussie de la crise sanitaire, particulièrement le bon déroulement de la campagne vaccinale, aux mesures de soutien aux entreprises et aux catégories affectées, ainsi qu’au plan de relance lancé sur Hautes Orientations Royales, les moteurs de l’économie marocaine sont clairement en reprise (mis à part le secteur spécifique du tourisme).
Outre l’agriculture qui connait une croissance intéressante, les exportations marocaines ont enregistré un rebond prometteur tant dans les filières traditionnelles (comme le textile) que dans les métiers mondiaux du Maroc.
L’inflation est maitrisée à 1% ; ce qui est un grand acquis dans une période qui connait le renchérissement des prix des matières à l’échelle internationale et les conséquences des politiques monétaires accommodantes (l’inflation s’envole aujourd’hui partout, notamment dans les pays voisins. Le niveau maitrisé de l’inflation permet de protéger le pouvoir d’achat des familles marocaines.
Indicateur important de confiance dans l’économie nationale, le flux des IDEs a connu une croissance importante à fin aout 2021 (de 16%, selon l’Office de change). Il en est de même des transferts des MRE qui ont connu un niveau record de 46%.
Les réserves officiellesen devise du Maroc se situent ainsi à un niveau confortable, équivalent à 7 mois d’importations.
Les chiffres cités dans le Discours Royal, et bien d’autres, sont autant d’indicateurs qui doivent inciter à l’optimisme et à la confiance, doublés de davantage de volontarisme et de prise d’initiative de la part des acteurs économiques.
Le moment n’est pas à l’attentisme et aux analyses pessimistes qui laminent la confiance. Il est plus que jamais, celui de prendre l’initiative, d’investir et de saisir les nouvelles dynamiques et opportunités du monde post-Covid : « Dans ce contexte positif, nous devons demeurer réalistes et poursuivre notre action avec responsabilité et patriotisme, loin de tout pessimisme et à l’écart d’une certaine rhétorique négativiste », souligne le Souverain.
Le monde des affaires, en particulier, devrait entendre cette incitation Royale et faire preuve de davantage d’engagement et de mobilisation. Le Souverain a réitéré à ce propos que l’Etat continuera d’appuyer la nouvelle dynamique par le soutien aux entreprises productives et créatrices d’emploi, et à travers l’investissement public.
3- La mise en œuvre effective du NMD, qui ouvre une nouvelle génération de réformes et de projets :
La Législature qui s’ouvre sera inaugurale à cet égard, en commençant par la présentation attendue du programme gouvernemental et la diversité de lois, de projets et de réformes qui seront lancés. Elle devrait constituer le 1/3 du chemin dans la perspective des objectifs proposés par le NMD à l’horizon 2035.
Le Souverain a rappelé cette dimension qui devrait constituer un axe majeur de l’action du nouvel Exécutif, en rappelant que le NMD n’est pas un « plan de développement » au sens conventionnel (comme le Maroc en a connu dans les années 1970 et 80). « Il constitue plutôt un cadre général propice à l’action et apte à instaurer de nouvelles règles, à ouvrir de larges perspectives devant chacun et tous ».
Le Modèle de développement est l’expression d’une ambition collective, un corpus d’objectifs fondamentaux de développement, pour accélérer de la transformation économique, développer le capital humain national et renforcer la justice sociale et spatiale.
En particulier, « le Pacte national pour le Développement » représente, comme le souligne le Souverain, « un levier essentiel pour la mise en œuvre de ce modèle, en ce qu’il symbolise un engagement national souscrit envers Notre Majesté et à l’égard des Marocains ». Ce Pacte est l’objet d’un large consensus des différentes forces vives.
Sa Majesté le Roi a responsabilisé le gouvernement dans la phase de mise en œuvre du modèle de développement, en le chargeant de « définir les priorités et les projets à mettre en chantier au cours de son mandat et mobiliser les ressources nécessaires pour assurer leur financement ».
Il incombe au gouvernement de parachever les grands projets déjà lancés, au premier rang desquels le chantier Royal de généralisation de la protection sociale, et celui de la refonte et la mise à niveau du système de santé. Il en est également de la réforme des entreprises et établissements publics, ainsi que la réforme fiscale que le Souverain a demandé de compléter et de conforter, avec la plus grande célérité, par l’adoption une nouvelle charte de l’investissement.
Parallèlement, le Discours Royal a insisté sur la nécessité de davantage de cohérence, de complémentarité et synergie entre les politiques publiques et de suivi de leur mise en œuvre (problématique objet d’ailleurs de rappels Royaux antérieurs).
A cet effet, Le Souverain a appelé à une refonte substantielle du Haut-Commissariat au Plan (HCP) « dans la perspective d’en faire un mécanisme d’aide à la coordination stratégique des politiques de développement et d’accompagnement de la mise en œuvre du modèle de développement ». Un mandat ambitieux et précis.
Cette Orientation Royale se présente comme une forme appropriée d’implémentation d’une des recommandations fortes du rapport de la CSMD (Commission spéciale sur le modèle de développement), à savoir la création d’un « Mécanisme de suivi de la mise en œuvre du nouveau modèle de développement ». Elle capitalise notamment sur l’expérience et l’autorité reconnues au HCP.