La Malaisie assure que le fragment d’aile est bien celui du Boeing 777 disparu de la Malaysia Airlines. La justice française reste plus prudente.
“Aujourd’hui, 515 jours après la disparition de l’avion, c’est le coeur lourd que je dois vous annoncer qu’une équipe internationale d’experts a conclu que le débris trouvé sur l’île de la Réunion provient effectivement du vol MH370”, a-t-il lâché. Après des mois de vaines recherches, “nous avons maintenant des preuves physiques que le vol MH370 a terminé son vol tragiquement dans l’océan”, a ajouté le Premier ministre. “C’est une avancée majeure”, a de son côté réagi Malaysia Airlines.
“De très fortes présomptions”
Quelques minutes après le Premier ministre malaisien, le procureur-adjoint de la République Serge Mackowiak, à Paris, s’est montré plus prudent dans une déclaration à la presse : “Au vu des constatations effectuées par l’expert, nous pouvons dire qu’il existe de très fortes présomptions pour dire que le flaperon retrouvé sur une plage de l’île de la réunion le 29 juillet 2015 appartient bien au Boeing 777 du vol MH370 de la compagnie Malaysia Airlines”, dont la trace s’était perdue au-dessus de l’océan Indien après avoir bifurqué de son plan de vol Kuala Lumpur-Pékin.
La pièce “provient bien d’un Boeing 777, en raison de ses caractéristiques techniques” et un “rapprochement entre la pièce examinée par l’expert et le flaperon du Boeing 777 du vol MH370” a pu être fait avec de la “documentation technique” communiquée par les représentants de la compagnie Boeing, a-t-il expliqué. “Ces très fortes présomptions seront à confirmer par des analyses complémentaires qui débuteront dès demain matin (jeudi, NDLR) “, a-t-il ajouté, sans être en mesure de préciser leur durée. “Les experts mènent leurs travaux dans les meilleurs délais afin de pouvoir apporter une information complète et fiable le plus rapidement possible aux familles des victimes à qui nous pensons ce soir”, a-t-il dit.
Deux représentants de Boeing, des experts aéronautiques français et malaisiens ainsi que des représentants de Malaisie, de Chine, d’Australie, du Royaume-Uni et de Singapour ont participé à l’expertise.
“Récupérer les boîtes noires”
La provenance de ce volet d’avion faisait peu de doute : les autorités malaisiennes ont affirmé dès dimanche qu’il s’agissait d’une pièce de Boeing 777. Or depuis le lancement du modèle en 1995, seuls deux autres Boeing 777 ont été impliqués dans des accidents mortels, tous deux intervenus loin de l’océan Indien. L’annonce de cette percée dans l’enquête n’a pas suffi à apaiser certaines familles de victimes du vol MH370.
“Maintenant, je veux savoir où est la carlingue de l’avion pour que nous puissions en extraire les corps et récupérer la boîte noire. Seul cela nous permettra de mettre un point final” à cette affaire, a affirmé à Kuala Lumpur Jacquita Gonzales, dont le mari était chef de cabine du MH370. “Je ne suis toujours pas satisfait. Il reste tant de questions sans réponses, tant d’espaces vides dans le puzzle”, a, quant à lui, dit Lee Khim Fatt, dont l’épouse était aussi un membre de l’équipage. “Ne me montrez pas seulement un flaperon. Montrez m’en plus. Répondez aux questions”, s’est-il exclamé devant la presse.
Car le mystère n’est pas levé : restent à retrouver les fameuses boîtes noires et des indices sur les causes de l’accident. L’avion a-t-il été détruit en vol ? s’est-il désintégré en percutant la surface de l’océan ? “Rien ne dit, en tous les cas, vu la taille modeste de la pièce (environ 2 mètres carrés) qu’à l’issue de cette expertise, on saura ce qu’il s’est passé”, a ainsi affirmé une source proche du dossier.
Des hypothèses de travail validées
L’étude des crustacés qui se sont accrochés sur le flaperon, ainsi que sur les restes d’une valise découverts sur la même plage que le morceau d’aile pourrait permettre de déterminer combien de temps la pièce d’avion a séjourné dans l’eau, la température de cette eau, par où elle a cheminé. Ce qui livrerait des indices sur une zone où relancer les recherches d’éventuels autres débris. Pour l’ancien directeur du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) Jean-Paul Troadec, “seules les boîtes noires nous permettront de savoir ce qui s’est passé”.
Mais la découverte du flaperon permet déjà de valider des hypothèses de travail selon lui : “les Australiens ont dit que la découverte de cette pièce à la Réunion était parfaitement cohérente avec la zone qu’on recherche actuellement”. Depuis près de 17 mois.
le point.fr avec AFP – Publié le