ANKARA – La Turquie a abattu lundi un hélicoptère militaire syrien qui a violé son espace aérien, a déclaré le vice-Premier ministre turc Bülent Arinç.
Un hélicoptère Mi-17 syrien a été détecté à deux kilomètres à l’intérieur de l’espace aérien turc à 14h20 (11h20 GMT), a dit M. Arinç à des journalistes.
Il a été averti de manière répétée par notre défense aérienne, mais comme la violation (de l’espace aérien turc) continuait, il est tombé en territoire syrien à 14h25 (11h25 GMT) après avoir été touché par des missiles tirés par nos avions qui avaient décollé de leur base de Malatya (est), a expliqué le responsable turc.
L’état-major des armées turques a confirmé les propos de M. Arinç, précisant dans un communiqué que l’appareil syrien avait été repéré par la station de contrôle de Diyarbakir (sud-est) lorsqu’il était à 26 milles (48 kilomètres) de la frontière turque et mis en garde jusqu’à ce qu’il en soit à cinq milles (environ neuf kilomètres).
Malgré tout, l’hélicoptère syrien a continué de s’approcher de l’espace aérien turc, a affirmé l’état-major, indiquant que l’appareil avait violé l’espace aérien turc à la hauteur du poste-frontière de Güveççi, dans la province de Hatay (sud), qu’il a survolé à une altitude de 14.200 pieds (4.300 mètres).
Il est tombé en territoire syrien à un kilomètre de la frontière après avoir été frappé par un de nos deux F-16 placés en état d’alerte dans la région, a-t-il ajouté.
Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu a pour sa part prévenu que toutes les mesures avaient été prises pour dissuader à l’avenir toute tentative de violation de l’espace aérien turc.
Personne n’aura plus désormais l’audace de violer d’aucune façon les frontières de la Turquie. Toutes les mesures ont été prises à ce sujet, a déclaré M. Davutoglu au cours d’une conférence de presse organisée à l’ambassade de Turquie à Paris, diffusée par les chaînes de télévision.
Le ministre a précisé que l’Otan, dont la Turquie est membre, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et le Conseil de sécurité des Nations unies seraient informés des détails de l’incident.
Celui-ci est intervenu alors que le Conseil de sécurité doit entamer cette semaine des négociations sur une résolution visant à soutenir la mise en oeuvre des dispositions d’un accord américano-russe conclu ce week-end sur l’élimination de l’arsenal chimique de la Syrie.
La Turquie a salué l’accord mais estimé que Damas chercherait avant tout à gagner du temps pour poursuivre ses opérations militaires.
La chute d’un hélicoptère de l’armée syrienne près de la frontière avait été annoncée auparavant par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
M. Arinc a indiqué qu’il ne disposait pas d’informations sur le sort de l’appareil parce qu’il était tombé en territoire syrien.
Le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, a déclaré à l’AFP que l’hélicoptère s’était bien écrasé en territoire syrien, ajoutant que l’un de ses deux pilotes, qui ont réussi à s’éjecter, avait été fait prisonnier par les rebelles tandis que le sort du second restait inconnu.
M. Arinç a rappelé que la Turquie avait modifié les règles d’engagement de son armée en réponse aux tirs provenant de Syrie qui ont atteint à plusieurs reprises le territoire turc.
Depuis le début il y a deux ans et demi de la révolte en Syrie contre le pouvoir du président Bachar al-Assad, le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, jusqu’alors allié de la Syrie, s’est retourné contre son régime.
M. Erdogan milite ouvertement pour la chute du président Assad et soutient la rébellion syrienne. La Turquie accueille en outre plus de 500.000 réfugiés syriens.
Les tensions entre les deux pays se sont accentuées quand l’armée syrienne a abattu en juin 2012 un avion turc, affirmant qu’il avait violé son espace aérien.
Et l’artillerie riposte à chaque fois qu’un obus syrien tombe sur le sol de la Turquie depuis que l’un d’eux a tué cinq Turcs près de la frontière syrienne, en octobre 2012.
(©AFP / 16 septembre 2013 20h20)