Le président de la République tunisienne Béji Caïd Essebsi est décédé, le jeudi dernier, à l’âge de 92 ans. Il a consacré sa vie à servir son pays. La Tunisie pleure un grand homme d’Etat.
Il avait été hospitalisé, le mercredi soir, sans que les soins prodigués ne parviennent à améliorer son état de santé. Jeudi matin, diverses informations circulaient sur l’évolution de son état de santé avant que la présidence n’annonce officiellement la mort, à l’âge de 92 ans, du président Béji Caïd Essebsi, premier chef d’Etat avoir été élu au suffrage direct depuis la révolution de 2011… En cas de vacance définitive, l’intérim de la présidence est assuré par le président du Parlement.
Agé de 85 ans, grand commis de l’Etat ayant servi sous le règne de Habib Bourguiba, comme ministre des affaires sociales, Mohamed Ennaceur a aussitôt prêté serment. Il a la mission constitutionnelle d’organiser une élection présidentielle dans les trois mois. L’Instance supérieure indépendante pour les élections, qui fait office de commission électorale, a annoncé que le premier tour du scrutin aurait probablement lieu le 15 septembre.
Mohamed Ennaceur, né le 21 mars 1934 à El Jem à, est un diplomate et homme d’Etat tunisien. Il a été ministre des Affaires sociales à deux reprises sous le régime du président Habib Bourguiba, dans les gouvernements Nouira et Mzali.
Après la révolution de 2011, il assume à nouveau cette fonction en 2011, au sein du gouvernement d’union national de Mohamed Ghannouchi puis dans celui de Béji Caïd Essebsi. En 2014, il est élu président de la nouvelle Assemblée des représentants du peuple. Après le décès de Béji Caïd Essebsi le 25 juillet 2019, il devient président de la République par intérim.
La Tunisie s’apprête ainsi à connaître une accélération de son calendrier électoral, le terme légal du quinquennat de M. Essebsi ayant été initialement fixé à la mi-novembre. Les élections législatives, autre échéance tout aussi sensible, est prévue le 6 octobre. L’automne électoral s’annonce ainsi chargé pour les Tunisiens. L’enjeu de ce nouveau cycle politique, deuxième élection présidentielle et troisième scrutin législatif depuis 2011, est crucial : l’enracinement de la démocratie dans ce pays d’Afrique du Nord, à la fois pionnier et seul rescapé de la vague des « printemps arabes » de 2011.
M S
Encadré
Parcours Béji Caïd Essebsi
Né le 29 nombre 1926 à Sidi Bou Saïd. Fils d’un agriculteur descendant d’un captif d’origine sarde, il effectue ses études secondaires au Collège Sadiki. Marqué par les événements du 9 avril 1938, qui déclenchent le début de son militantisme et son intégration dans la jeunesse du Noé6Destour, il étudie le droit à Paris, où il devient vice-président de l’Association des étudiants musulmans nord-africains et membre actif de la résistance contre le protectorat français. Grâce au soutien de Habib Bouguiba Jr, il obtient sa licence, avant de regagner Tunis pour exercer son métier d’avocat.
Après l’indépendance, il intègre les sphères du pouvoir, devenant directeur de la sûreté nationale à la suite d’un complot contre Habib Bourguiba. Secrétaire d’État adjoint à l’Intérieur auprès du ministre Taïeb Mehiri, il le remplace à sa mort en 1965. Faisant face aux troubles liés à la guerre des Six Jours et à l’affaire Belkhodja, il est reconduit dans le gouvernement de Bahi Ladgham en tant que ministre de la Défense. Élu député en 1969 pour la circonscription de Tunis, il quitte le gouvernement en 1970 pour devenir ambassadeur en France mais démissionne en raison d’un conflit au sein du parti au pouvoir concernant la gestion de l’État. Exclu du parti, il subit une traversée du désert avant de réintégrer le gouvernement de Mohamed Mzali, à la condition d’instaurer une démocratie et de mettre fin au pouvoir personnel de Bourguiba. En 1981, il est nommé ministre des Affaires étrangères, où il est confronté à plusieurs crises diplomatiques, notamment la guerre du Liban et l’opération « Jambe de bois ». Il quitte ses fonctions en 1986 pour devenir ambassadeur en Allemagne de l’Ouest.
Après le coup d’Etat du 7 nombre 1987, il intègre le Rassemblement constitutionnel démocratie (RCD) du nouveau président Zine el-Abidine Ben Ali, redevient député puis est élu président de la Chambre des députés, à la suite de quoi il se retire de la scène politique. Il y revient après la révolution de 2011 qui renverse Ben Ali, prenant la tête du gouvernement et organisant l’élection de l’Assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle Constitution, à la suite de quoi il est remplacé par Hamadi Jebali, candidat de la coalition victorieuse de l’élection.
Il fonde en 2012 son propre parti, Nidaa Tounes, dans le but de rassembler l’opposition. Malgré les tentatives de l’exclure de la vie politique en raison de son appartenance au RCD, il mène son parti à la victoire aux élections législatives de 2014 puis remporte dans la foulée l’élection présidentielle face au président sortant, Moncef Marzouki.
Entre novembre 2017 et mai 2018, il est le plus âgé des chefs d’État en exercice après Elisabteh II. Il renonce ensuite à briguer un second mandat à l’élection présidentielle de 2019 et meurt cinq mois avant la fin de sa présidence.