La Sierra Leone élit son président

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Des supporters de Julius Maada Bio, le 15 novembre 2012 à Freetown, en Sierre Leone
© AFP

Quelque 2,6 millions de Sierra Leonais sont appelés aux urnes ce samedi pour la présidentielle, les législatives, les municipales et les régionales. Huit partis présentent des candidats à la présidentielle, mais tout devrait se jouer entre le président sortant Ernest Bai Koroma, et son adversaire numéro un, Julius Maada Bio, qui concourt sous les couleurs du premier parti d’opposition, le SLPP. Des élections générales que les observateurs jugent cruciales pour la consolidation de la démocratie, dix ans après la fin d’une longue et sanglante guerre civile.

Ernest Bai Koroma brigue son deuxième et dernier mandat. A 59 ans, cet ancien entrepreneur a l’image d’un homme simple, ouvert et tolérant. Il assiste à la messe le dimanche, comme chrétien, mais aussi aux prières du vendredi à la mosquée.

En cinq ans de pouvoir, il a redoré l’image de son pays, et attiré les investisseurs. Son équipe peut se prévaloir d’avoir développé les infrastructures, l’électricité, et introduit la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants en bas âge. Mais 70 % de la population vit encore sous le seuil de pauvreté, malgré d’immenses richesses minières, et beaucoup n’ont pas d’emploi formel, notamment chez les jeunes. En 2007, Ernest Bai Koroma avait été plébiscité par la jeunesse. Elle risque aujourd’hui d’être plus partagée avec son principal adversaire, l’ancien général Julius Maada Bio.

Julius Maada Bio est de onze ans le cadet d’Ernest Bai Koromaa et il a visiblement réussi à séduire un grand nombre de jeunes au chômage. Candidat du premier parti d’opposition, il accuse aussi le président sortant d’avoir échoué dans la lutte contre la corruption. Co-auteur d’un coup d’Etat en 1992, il avait renversé le gouvernement militaire quatre ans plus tard et remis le pouvoir à un civil après les élections de 1996.

Et même si ses adversaires rappellent à l’envie qu’il est accusé d’avoir pris part à des événements sanglants, beaucoup de Sierra Leonais le voient comme une figure essentielle du retour à la démocratie.

Un match à enjeux

C’est le troisième scrutin depuis la guerre civile qui a ravagé la Sierra Leone. Mais depuis dix ans que le conflit est fini, les autorités de Freetown organisent pour la première fois ces élections seules, sans les Nations unies. Autant dire qu’elles auront valeur de test. Quelques violences sporadiques ont eu lieu pendant la campagne entre militants des deux principaux partis qui ont chacun une base communautaire forte. Ernest Bai Koroma et Julius Maada Bio ont par ailleurs refusé de participer ensemble à des débats télévisés.

Il y a cinq ans, le pays a connu sa première alternance au pouvoir à l’issue d’un scrutin jugé globalement libre et transparent. Mais à l’époque, le sortant n’était pas candidat. Cette fois, il l’est.

Gilles Yabi

Responsable du bureau Afrique de l’Ouest d’International crisis group

l n’y a pas vraiment de certitudes que le président Koroma puisse l’emporter, en tout cas dès le premier tour.

RFI/ 17/11/2012

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