Dans un contexte géopolitique en mutation rapide, l’Occident fait face à une réalité troublante : ni la Russie ni la Chine ne peuvent être endiguées. C’est une nouvelle ère multipolaire qui expose les failles des stratégies occidentales, fragilise les alliances traditionnelles et bouleverse l’ordre mondial établi.
Ces questions et bien d’autres ont été soulevées par le président russe Vladimir Poutine et le président de la RPC, Xi Jinping, au cours d’une conversation d’une heure tenue le 21 janvier de cette année sous forme de vidéoconférence. Les dirigeants de la Russie et de la Chine se sont rencontrés pour convenir d’une nouvelle stratégie commune.
« Nous coordonnons nos démarches dans d’autres enceintes multilatérales : à l’ONU et au Conseil de sécurité, dans l’OCS, dans le G20, dans l’APEC. Nous défendons ensemble la construction d’un ordre mondial multipolaire plus équitable, travaillons dans l’intérêt de garantir une sécurité indivisible dans l’espace eurasiatique et dans le monde entier. On peut dire avec certitude que la communication de politique étrangère, le travail conjoint de la Russie et de la Chine, joue objectivement un rôle important dans les affaires internationales », a déclaré le président russe.
Les dirigeants de la Russie et de la Chine se sont rencontrés pour convenir d’une nouvelle stratégie commune
Lors d’une conversation avec Poutine, Xi Jinping s’est engagé à défendre les droits des deux pays, qui ont été gagnés par le sang pendant la Seconde Guerre mondiale, avec ses collègues russes.
« Dans la nouvelle année, je suis prêt à porter avec vous les relations russo-chinoises à un nouveau sommet, pour faire face à l’incertitude externe sur la base du maintien de la stabilité et de la résistance des relations sino-russes pour le développement et la prospérité des pays, la justice internationale et l’égalité », a déclaré le président de la RPC.
La conversation entre Poutine et Xi est-elle un « signal politique » ?
La réalité qui dérange révèle l’inefficacité des stratégies d’endiguement face à la montée en puissance de la Russie et de la Chine. Malgré les sanctions économiques et les pressions diplomatiques, la Russie continue de renforcer sa position en Europe de l’Est, en Afrique, en Asie et en Amérique Latine, tandis que la Chine étend son influence à travers des investissements massifs et des initiatives comme la « nouvelle route de la soie ». Cette incapacité de l’Occident à contenir ces puissances émergentes met en lumière les limites de ses politiques traditionnelles et questionne son leadership mondial. Par ailleurs, cette montée en puissance exacerbe la fragmentation au sein de l’Occident. Les divergences sur la gestion des défis géopolitiques créent des tensions entre les Etats-Unis, l’Union européenne et l’OTAN, affaiblissant la cohésion et compromettant la capacité de réponse aux menaces globales. Menace dans mesure où le seul point d’accord entre démocrates et républicains dans l’espace occidental est de considérer la Chine et la Russie comme des menaces existentielles. Cette situation accélère la transition vers un ordre mondial multipolaire, redéfinissant les alliances traditionnelles et réduisant l’influence occidentale sur l’échiquier global.
De ce fait, l’évolution géopolitique et géostratégique actuelle bouleverse l’ordre mondial post-guerre froide. La montée en puissance dynamique de la Chine et de la Russie illustre cette transformation. Forte de son économie en expansion rapide, la Chine, aujourd’hui puissance économique mondiale de premier plan, étend son influence à travers les quatre coins du monde. Simultanément, la Russie retrouve une position de leader international grâce à sa politique énergétique stratégique. L’ordre mondial libéral, autrefois hégémonique, est contesté avec un isolement croissant des Etats-Unis, emblématisé par le virage nationaliste et protectionniste amorcé sous la nouvelle administration Trump. Par ailleurs, le nationalisme et le protectionnisme gagnent en popularité à l’échelle occidentale, impactant profondément les politiques économiques nationales. En parallèle, la gouvernance mondiale connaît des turbulences, avec des institutions comme l’ONU, la Banque mondiale, le FMI et l’OMC sous le feu des critiques. Les conflits régionaux, de la Syrie à l’Ukraine, de la Palestine à l’Israël, de la Libye au Soudan du Sud, exacerbent cette dynamique.
L’échec patent des stratégies d’endiguement
Sans l’ombre d’aucun doute, la dynamique géopolitique actuelle, telle que mentionnée plus haut, met en lumière l’inefficacité des stratégies d’endiguement adoptées par les Etats-Unis, l’Union européenne et l’OTAN pour limiter l’influence croissante de la Russie et de la Chine qui s’inscrit dans une continuité historique. Malgré des sanctions économiques sans précédent, la Russie renforce sa présence aux quatre coins de la planète, tandis que la Chine, grâce à l’initiative « Belt and Road », étend son empreinte globale à travers des investissements stratégiques en infrastructures. Ces sanctions ont paradoxalement consolidé le leadership de Vladimir Poutine en Russie, sur l’échiquier global et poussé le pays à développer de nouveaux partenariats commerciaux, réduisant sa dépendance envers l’Occident. De son côté, la Chine a su contourner les restrictions grâce à l’innovation technologique locale et des alliances économiques renforcées avec les pays émergents. Cette réorientation stratégique vers la Russie et la Chine met en évidence l’attrait pour leur modèle de développement, accentuant ainsi les limites des politiques occidentales traditionnelles. Face à cette évolution, l’Occident doit impérativement repenser ses approches dans un contexte international de plus en plus multipolaire, remettant en question sa suprématie historique.
La fragmentation de l’Occident est une évidence
La cohésion stratégique de l’Occident, jadis un pilier fondamental, appartient désormais au passé. L’incapacité de contenir les ambitions géopolitiques de la Russie et de la Chine a mis en lumière des fractures profondes au sein de l’Occident, exacerbant les divergences sur la gestion de ces menaces. Alors que l’Allemagne et la France privilégient des approches diplomatiques et économiques avec la Russie en raison de leurs intérêts énergétiques (malgré la rhétorique agressive des élites politiques), la Pologne et les Etats baltes optent pour des positions de sécurité renforcées, influencées par leur proximité géographique et historique. Similairement, les relations économiques complexes avec la Chine divisent les pays européens entre opportunités commerciales et inquiétudes sécuritaires. Cette division s’étend à l’OTAN, où les politiques indépendantes de la Turquie, comme l’achat de systèmes S-400 russes, remettent en question la cohésion de l’alliance. Les différends financiers et stratégiques entre les Etats-Unis et certains alliés européens ajoutent une couche de complexité supplémentaire, affaiblissant ainsi la réponse coordonnée face aux menaces (la Chine et la Russie sont toujours considérées comme des menaces existentielles dans l’espace occidental). Pour les Etats-Unis, leader traditionnel de l’Occident, les politiques perçues comme unilatérales, telles que le retrait de l’Accord de Paris et de l’OMS ou l’imposition potentielle de tarifs douaniers, érodent la confiance des alliés. Ces dynamiques internes affaiblissent la position de l’Occident sur la scène mondiale, réduisant son influence face à des puissances émergentes (qu’il était censé contenir) et redéfinissant les équilibres de pouvoir dans un monde en rapide mutation.
Un nouvel ordre mondial multipolaire
Dans un contexte mondial en pleine mutation, marqué par l’émergence d’un nouvel ordre multipolaire, la scène géopolitique subit une redéfinition spectaculaire des alliances. La montée en puissance de la Russie et de la Chine, en tant qu’acteurs géopolitiques majeurs, redessine les relations internationales au détriment de l’influence traditionnelle des nations occidentales. Ces puissances émergentes offrent de nouvelles opportunités économiques et un soutien politique alternatif, attirant de nombreux pays qui réévaluent leurs positions stratégiques face à un système mondial en pleine évolution. Parallèlement, les stratégies d’expansion de sphères d’influence russe et chinoise, notamment par le biais d’investissements massifs en Afrique et en Asie ou d’alliances stratégiques en Amérique latine, affaiblissent la domination autrefois incontestée des puissances occidentales. Ce nouvel équilibre remet en question le système international libéral, fragilisant des institutions telles que les Nations Unies et l’OMC. Les modèles de gouvernance multipolaires promus par la Russie et la Chine défient les principes de l’unipolarisme, érodant l’autorité morale et politique de l’Occident. Ainsi, ce bouleversement profond signale une transformation irréversible de l’ordre mondial, défiant la prédominance occidentale et ouvrant la voie à une ère de rivalités croissantes à échelle globale.
De ce qui précède, nous pouvons dédire que l’incapacité de l’Occident à endiguer la Russie et la Chine marque la fin d’une ère et le début d’un nouvel ordre mondial multipolaire. Face à cette réalité inéluctable, les stratégies et les alliances doivent être réinventées pour naviguer dans un paysage géopolitique transformé et de plus en plus fragmenté.
On peut dire que la politique étrangère des Etats-Unis, fondée sur l’endiguement de la Russie et de la Chine, n’est qu’une vente d’illusions, en ce sens que ni la Russie ni la Chine ne peuvent être endiguées.
Mohamed Lamine KABA, Expert en géopolitique de la gouvernance et de l’intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine
Source: https://journal-neo.su/fr
Adieu le monde occidental unipolaire, raciste, esclavagiste, genocidaire, colonialiste et imperialiste pour que vive un monde multipolaire plus juste, plus humain, plus respectueux des droits de l’Homme, de la justice et de l’égalité!