Dernier jour du scrutin pour la présidentielle, dont l’issue est sans surprise. Les autorités craignent cependant une forte abstention.
Avec un proche du favori Abdel Fattah Al-Sissi en guise d’adversaire, l’issue de l’élection présidentielle égyptienne sera sans surprise. Ce qui pose question, en revanche, c’est la participation. Si une certaine affluence a été observée lundi 26 mars à l’ouverture du scrutin, les électeurs ne se sont pas bousculés mardi et mercredi, dernier jour du scrutin, en milieu de journée dans certains bureaux de vote au Caire et dans le delta du Nil, ont constaté des journalistes de l’AFP. Aucun chiffre officiel de participation n’a été publié depuis le début du vote.
Elu en 2014 avec 96,9 % des voix, M. Sissi, 63 ans, a pour seul adversaire Moussa Mostafa Moussa, 65 ans, le chef du minuscule parti libéral Al-Ghad, méconnu du grand public et partisan affiché du régime. D’autres candidats potentiels, parfois plus crédibles que M. Moussa Mostafa, ont été soit emprisonnés pour violation de la loi, soit se sont dits découragés en raison de pressions des autorités.
Au cours de la campagne, l’aspect politique a été éludé par les deux candidats, qui n’ont pas débattu sur le fond autour de leurs projets respectifs. M. Mostafa Moussa, qui nie être un candidat fantoche venu légitimer l’élection, n’adresse aucune critique à son adversaire et rappelle même ses nombreuses réalisations durant son premier mandat. Dans l’unique interview télévisée de sa campagne, M. Sissi avait affirmé ne pas être responsable de l’absence de concurrents sérieux. « J’aurais aimé que soient présents un, deux, trois ou dix des meilleurs » candidats.
Scènes de liesse autour des bureaux de vote
Dans ce contexte, le pouvoir redoute surtout un taux d’abstention élevé, susceptible de décrédibiliser l’élection. Les abstentionnistes seront ainsi sanctionnés, a annoncé mercredi l’Autorité nationale des élections. « Une amende de 500 livres » (22 euros) sera appliquée contre eux, a affirmé son porte-parole, Mahmoud El-Chérif, à la télévision. La veille, le premier ministre, Chérif Ismaïl, a exhorté les électeurs à voter. « C’est un droit constitutionnel et un devoir pour la nation de tous les citoyens. » A la télévision publique et dans la rue, des chansons patriotiques sont diffusées pour inciter les Egyptiens à aller voter.
Les appels insistants à la participation tranchent avec les scènes de liesse et de foule autour des bureaux de vote que les médias favorables au régime relayent en continue. Ces derniers relatent également, comme les autorités, la bonne organisation des élections, l’absence de problème sécuritaire ou encore la couverture sans difficultés majeures pour les médias étrangers.
Appels au boycott du scrutin, qualifié de « mascarade »
Mardi, M. Chérif a fait état d’une mobilisation importante dans les grandes villes, mais sans donner de chiffres exacts. A la présidentielle de 2014, le taux de participation avait atteint 37 % après deux jours de scrutin, puis 47,5 % après une prolongation d’une journée.
Seules quelques personnalités de l’opposition ont appelé, avant les élections, au boycott du scrutin qu’ils ont qualifié de « mascarade ». Ils ont vite été rappelés à l’ordre par le président lui-même qui, sans les nommer, a prévenu, dans un discours fin janvier, qu’il ne tolérerait pas qu’on joue avec « la sécurité » de l’Egypte.
Populaire en raison du retour d’une certaine stabilité en Egypte, après les années de troubles ayant suivi le soulèvement populaire de 2011, l’ancien maréchal Sissi est arrivé au pouvoir un an après avoirdestitué l’islamiste Mohamed Morsi, premier président égyptien élu démocratiquement mais vite devenu impopulaire. M. Sissi est régulièrement critiqué par les dissidents, les organisations nationales et internationales de défense des droits de l’homme qui dénoncent des graves violations des libertés individuelles et la répression implacable des opposants. Les résultats officiels de la présidentielle seront proclamés le 2 avril.