Alors que la campagne devrait battre son plein en Afrique de l’Ouest, les producteurs de noix de cajou ont du mal à trouver des acheteurs, faute de financement des opérations par les banques.
La collecte de la noix de cajou est fortement ralentie en Afrique de l’Ouest. Conséquence de l’épidémie de coronavirus, les banques ont fortement réduit leurs lignes de crédit. Avec des prêts trois à cinq fois moins importants cette année, les exportateurs ne peuvent pas préfinancer les grossistes. Ces derniers, payés uniquement à la livraison au port, n’ont plus les capacités d’acheter autant de noix de cajou dans les zones de production.
Moins de la moitié de production exportée de Côte d’Ivoire
« En Côte d’Ivoire, premier exportateur de noix brute au monde, la moitié de la récolte est encore entre les mains des producteurs », estime le réseau d’observateurs N’Kalô. Si le Sénégal semble épargné, les problèmes de financement pèsent aussi au Burkina Faso, en Gambie et au Mali.
Troc de cajou contre du riz en Guinée-Bissau
La situation est encore plus critique en Guinée-Bissau. Le troisième exportateur de noix de cajou brutes est un pays encore plus délicat pour les banques. Et les acheteurs indiens qui préfinancent d’habitude les exportateurs, n’ont pas pu faire le voyage cette année, à cause du confinement. Le gouvernement de Guinée-Bissau s’est bien porté caution auprès des banques mais pour des montants bien inférieurs aux besoins. Résultat, le lancement de la campagne prévu lundi dernier a été reporté une nouvelle fois. Une « véritable douche froide » pour la filière bissau-guinéenne et en particulier pour les producteurs qui ont besoin de financer leurs propres produits vivriers. Certains troquent en ce moment des noix de cajou brutes contre du riz.
Pourtant la consommation est là
Le paradoxe c’est que la demande de noix de cajou dans les pays consommateurs est forte. Le confinement dans les pays d’Europe a favorisé la consommation de ce produit, d’ailleurs les usines de décorticage ivoiriennes ont augmenté leurs exportations d’amande de cajou sur les quatre premiers mois de l’année. De même que les transformateurs vietnamiens, qui vident leurs stocks, mais ne commandent pas autant de noix brute ouest-africaine que l’an dernier.
Financement moins problématique hors de la zone franc
Le Nigeria et le Ghana s’en sortent mieux sortis que leurs concurrents de l’UEMOA. Leur campagne de noix de cajou est plus précoce. Et les banques ont été moins frileuses que dans la zone franc. La chute de la monnaie nigériane comme de la monnaie ghanéenne ont en outre encouragé les exportations de noix de cajou, rémunérées en dollars.
RFI
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